LUTZEN ET BAUTZEN. -
MAi
1815.
5:t
pans, rangées en carrés. devant Starsiedel, et fait
dire
a
Wintziogerode d'appuyer celte attaque
avec toute la cavalerie russe. Au centre, il fond
avec l'i.nfanterie de la garde royale sur Klein–
Gorschen et Rahna. Cet effort, tenté avec la
résolution dggens qui veulentvaincrc ou mourir,
réussit comme les résolutions de l'héro!sme
désespéré. Blucher est blessé au bras, mais il ne
quitte pas le champ de bataille, emporte de nou–
veau les villages de Klein-Gorscheo et de Rahna,
et, sans reprendre baleine, marche sur Kajo, que
pour Ja premiere fois
iI
parvient
a
nous enlever,
tandis que sa cavalerie, Jancée sur les divisions
Bonnct et Compans, tache d'enfoncer Jeurs carrés.
l\fais les marins de Bonnct, habitués a la grosse
artillerie, re<;oivent les boulets, puis les assauts
de la cavalerie, sans laisser apercevoir le moindre
ébranlement.
Kaja néanmoios est forcé, notre centre est
tout ouvert, et si les coalisés, agissant avec
ensemble, envoient l'armée russe
a
l'appni de
Blucher, la ligne de Ney peut etre percée, sans
que notre garde impérüile ait le temps de fermer
Ja breche. Napoléon, au milieu du feu, rallie les
conscrits. - Jeunes gens, leur dit-il, j'avais
compté sur vous pour sauvcr J'Empire, et vous
fuycz
! -
11
n'a pas encore sous la main la garde,
qui s'avaoce en toute ha te;
il
n'a plus ces quatre–
viogts cscadrons de :Murat, qu'il lan<;ait autrefois
si a propos daos les champs d'Eylau ou de la
Moskowa. Mais il lui reste
la
division Ricard,
la cinquieme de Ney, et
il
ordonne au comte
Lobau de se mettre a la tete de cette vaillante
division pour reprendrc Kaja. Lobau conduit
a
l'ennemi cette jeune infanterie
1
pendant que
Souham, Girard, Brenier, s'occupeot
a
rallier
leurs soldats. Il marche sur K::ija, y rencontre
la garde prussiennc, l'aborde
a
la bafonnette, et
la repousse. On rentre d11ns ce village, et on
ramene les Prussiens vers le terrain légcrement
enfoncé ou se tl'ouvent les deux · villagcs de
Rahna et Klein-Gorschen. En mcme temps, Sou–
ham, Girard, sous Ja conduite de Ney, revieo–
nent
a
la charge avec leurs divisions ralliées, et
le combat rél.abli continue avec la meme violence.
On se fusille, on se mitraille presque
a
bout por–
tant. Gir::ird, ce brave général qui en Estrama–
dure avait essuyé une surprise malheureuse, se
comporte en héros. Blessé, ilreste au milieu du feu.
Cette scene de carnage s'étend d'une ajla a
l'autre sur plus de <leux licues. l\Iacdonald avec
ses trois · divisions, apres avolr enlevé Rapitz
aux troupes avancées de l'ennemi, s'approche
d'Eisdorf et de Kitzen, et fait enlendre son
canon sur notre gauche, au dela du
Floss–
Graben.
Vers le coté opposé, Bertrand débouche
par dela
la
position de M::irmont, et on
aper~oit
au Join sur notre droite sa premiere division,
celle de Morand, s'approchant en plusieurs carrés.
C'est le moment pour les coalisés d'essayer un
dcrnier effort, avant qu'ils soieot débordés de
toutcs parts. Jusqu'ici il n'y a cu d'engagés que
Blucher et 'Nintzingerode, c'est-a-dire environ
40 mille bommes.
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lcur reste en arriere
a
gauche, d'York et \Vitlgenslein avcc
18
mille
hommes, puis les
18
mille hommes des gardes et
<les réservcs russes.
Blucber, tout sanglant, demande qu'on le
soutienne, et qu'on porte un gr:md coup au
centre, car
il
n'y a que ce point ou l'on puisse
obtenir des résultats décisifs, un vaste croissant
de feux commcn<;ant
,a
enveloppcr de droite et
de gauche l'armée alliée. Il n'y a p::is
a
hésiter ,
et on ordonne a la sccon<le ligne, celle de \Vitt–
genstein et <l'York, de rnarcher
a
l'appui des
troupes si maltrnitées de Blucher. Il
y
aueait
mieux a faire encore, ce serait de lancer, outre
Wittgenstein et d'York, les gardes et les réserves
russes sur le centre des Fran<;'ais, et d'envoyer
la cavalerie de \Vintzingerode, et toute cellc
dont on peut disposer, sur Jes divisions de
Marmont, qui n'ont d'appui que leurs c::irrés.
Mais l'empereur Alexandre, a:ffectant de s"
montrer partout, et n'étant pas ou
il
faudra it
etre, ne commaude pas, et empeche Wittgen–
stein de commander, tandis que le sage roí de
Prusse, qui n'a pas meme le souci de paraitre
brave, quoiqu'il le soit, n'ose pas donner un
ordre. Toutefois, la résolution de tenter un der–
nier effort, prise assez confusément, GSt mise
a
exécution. Il est six heures du soir, et il est
tcmps eucore de pereer le centre de l'armée
fran<;aise, ou Blucher, en se faisant presque
détruirc, a presque détruit dcux divisions de
Ney. Les troupes de Wittgenstein et d'York
viennent soutenir et dépasser le corps
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moitié
anéanti deBlucher. Elles marchent sur les ruines
enflammées de Klein-Gorschen et de Rahna, pas–
sent
n
travcrs les débris de l'armée prussienne,
et sous une pluie de feu, s'avancent sur Kaja,
pendant que 'Vintzingerodc avec la garde prus–
siennd1 cheval et une partic de la cavalerie russe,
s'élance sur les carrés de l\larmont, qui ont pris
une position un peu en anicre pour s'appuyer
a
Starsiedel. Vains assauts
!
Les carrés de Bonnet
et de Compans, comme des eitadelJes enflammées,