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LIVflE QUARANTE- HUITJEi\lE.

recourbcr sur les deux flanes de l'ennemi. Enfin,

pour qu"il ne fUt pas enfoncé par le centre, Na–

poléon fit rebrousser chemin

a

la garde tout

entiere, et la dirigea par la route de Lutzen sur

Kaja.

11

apportait

a

Ney le secours de 18 mille .

hommcs d'infonterie, qui cette foi s n'étaient

plus une troupe de parade, mais une vigoureu se

troupe de combat, vouée comme son Emperem·

a

tous les dangers, d:lOS une campague OU il

s'agissait de rétablir

a

quelque prix que ce ftit

le prestige de nos armes. II fallait deux heures

aux uns, trois hcures aux autres pour arriver

au feu; mais il était onze heures du matin, et

tous avaient le temps de prendre part

a

cctle

grande bataille, et de concourir au rétablisse–

ment de notre puissance ébranlée. Ce vaste ren–

vcrsement de son ordre de marche si prompte–

mcnt conc:;u et prescrit, Napoléou partit au

galop, traversaot les colonnes de sa garde qui

rétrogradaient vers ce champ de bataille, que

nous avions espéré trouver devant nous, et qu'il

fallait aller chercher sur notre droite, en arriere.

La canonnade du reste n'avait cessé de s'accroltre

en vivacité et en étendue. L'air en était rempli,

et tout annonc:;ait l'une des plus mémorables

journées de cette ere sanglante et hérolque.

Voici ce qui s'était passé du cóté de l'enncmi ,

et ce qui avait amené

a

Kaja la rencontre que

Napoléon avait cru trouver au dela de Leipzig.

A la nouvelle des deux combats que le général

Winlzingerode avait livrés avec sa cavalerie, en

avant et en arriere de vVeisscnfels , les 29 avril

et 1

e r

mai, les coalisés avaient enfin cornpris que

Napoléon, cessant de descendre la Saale pour

joindre le vice-roi, venait de Ja passer pour

marcher de la Saale

a

l'Elster, franchir ensuite

l'Elster, et les prendre en flanc. Puisqu'on avait

voulu la bataille, on l'avait

a

souhait, et dans

cettc plaine de Lutzen, ou la belle cavalerie des

alliés devait jouir de tous ses avantages contre

une jeune infanteri e, qui avait

a

peine quelques

cscadrons pour s'éclairer. Le comte de

V,

ittgen–

stein qui remplac:;ait Kutu of, qu'oo disait absent

et point moi:t pour ménager l'e prit superstitieux

du soldat russe, avait été appelé, et son chef

d'éta t-major Dicbitch avait donné pour lui le

plan de la bataille. Il avait proposé de profiter

du mouvement de flanc

qu'ex~cuta it

Napoléon

pour le prendre en flanc lui-meme, de l'attaquer

er Lutzen, c'est-a-dire vers Kaja, ou l'on n'a–

percevait que de simples détachement , de l'y

aborder en mas e puis, ses postes enlevés , de

fondre ur l ui avec le vingt-cinq mille hornmes

de la cavalerie alliée, et si l'infanterie fram;aise

si brusquement as aillie étail culbutéc, de la jeter

dans les terrains marécageux qui s étendent de

Leipzig

a

l\fersebourg, point de jonction de la

Saale et de l'Elster. Si l'on réussissait, on pouvait

faire essuyer

a

Napoléon un vrai désastre. Le

plan était ingénieusemcnt con9u ;

il

obtint l'as–

sentiment des deux souverains, et celui du fou–

gueux Blucher, qui demandait

a

tout prix une

prochaine bataille. Mais ce n'est pas tout que

d'imagioer un plan, il faut l'exécuter. Or

un

plan , quelque excellent qu'il soit, qui vient d'en

has au lieu de venir d'en haut, a peu de chances

d'une bonne exécution. Il fallait ici que les or–

dres remontassent de Diebitch

a

Wittgenstein,

de Wittgenstein

a

Alexandre et

a

Frédéric-Guil–

laume, pour redescendt·e ensuite jusqu'a leurs

généraux, et c'étaient de bien longs détours pour

faire agir cent mille hommes entre onze heures

du matin et six heures du soir. Pourtant comrne

on était tres-rapprochés les uns des autres, tres–

dévoués

a

l'reuvre commune, et que les petils

sentiments, obstacle ordinaire aux grandes cho–

ses, avaient peu de part aux résolutions de cha–

cun, les tiraillements furent moindrcs qu'il ne

fallait s'y attendre avec une telle organisation du

commandement, et Je

1

or

mai au soir tout fut en

mouvement vers le but indiqué.

Il fut convenu que dans la nuit du

1

er

au 2 mai

on passerait l'Elster, ceux qui venaient de Leip–

zig et de Rotha

a

Zwenkau, ceux qui venaient

de Borna

a

Pegau; qu'on franchirait ensuite Je

Floss-Graben,

et qu'on irait par un mouvement

de conversion se rabattre sur les cinq villages

placés

a

la droite de Lutzen, ou l'on avait aper9u

quelques bivacs seulement, et que Ja on se

précipiterait en masse sur le flanc de l'armée

franc:;aise, la cavalerie prete

a

charger au galop

lorsque l'infanterie aurait enlevé les villages.

Toute la nuit fut employée

a

ces manreuvres.

W ittgenstein et d'York, venant de Leipzig avec

24 mille hommes, passerent l'Elster

a

Zwenkau,

y rencontrerent Blucher qui le traversait aussi

avec 25 mille, ce qui eotraina une certaine con–

fusion et quelque retard. Les

18

mille hommes

composant les gardes et les réserves qu'amenaiL

l'empereur Alexandre, franchirent l'Elster a Pe–

gau , et tous ensemble vinrent se ranger sur Je

terrain qu'avait recoonu la cavalerie de

V\

int–

zi ngerode sur le flanc rle l'armée fraoc;aise, pa–

r allelement

a

la route de Lutzen a Lcipzig. Cette

cavalerie était forte de 12

a

15 mille hommes.

l\1iloradovich , avec 12 mille soldats, était plus