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LUTZEN, ET BAUTZEN. --

AVIHL

,1815.

25

dement, et parmi eux on· eherehait vainement

a

qui le donner. Torma·zoff élait le plus aneien de

lcurs généraux, tnais le moins eapable. Wittgen–

stein, singulierement vanté pour avoir défendu

la Dwina eontre les Franc;ais qui ne voulaient

pas la franehir, était fort en fa veur, et ehargé

de eommander lorsqu'on serait devant l'ennemi.

Mais ses sucees, si exagét'és, n'étaient pas meme

son ouvrage; ils étaieot dus

a

son chef d'état–

major , le général Diebitch, officier entreprenan t,

plein d'esprit et de taJ ents rnilitaires, donnant

son avis sans parvenir a Je faire suivre. Le eom–

mandement ne pouvait done etre ni prompt, ni

sÚl', ni obéi, et en attendant on poussa devant

soi jusqu'a Ja hau teur de Lei pzig, Wittgenstein

et d'York

a

droite dans Ja direetion de Halle,

Wintzingerode en ava nt-garde

a

Lutzen, Blucher

et le gros de J'armée russe au centre, entre

Rotha et Borna, Miloradovich

a

gauche

SUI'

la

route de Chemnitz qui longe Je pied des mo nta–

gnes de la Boheme, pour se garantir de ce cóté,

si par hasard Napoléon s'y présentait. On rnar–

chait sachant qu'il avanc;ait, mais ne voyan t pas

u.ne

chose qu'il était pourtant fac ile de deviner,

e'est qu'au Jieu de longe r les mon tagnes de la

Boheme en sortant de la foret de Thur inge, il

prendrait la direetion opposée, et descendrait

la Saale afin de se joindre au vice-roi.

Napoléon , qui connaissait ses adversa ires, se

doutait bien qu'ils ne feraicnt pas ce qu'il fa u–

<lrait pour empecher sa jonction avec le prince

Eugene, et cependant il ne négligea rien pour en

assurer le succes, comme s'il avait eu devant lui

l'ennemi le plus avisé et le plus alerte. A1'r ivé,

ainsi qu e nous l'avons <l it, le 28 avril

a

Eckarls–

berg, il avait porlé en avant le long de la Saale,

de maniere a en fcrmer suceessivement tous les

débouchés, le mal'éehal Ney, le général Ber–

trand et Je maréchal OÚdinot. En meme

te~ps

il

avait attiré

a

lui, par un mouvement contraire,

le prince vice-roi, en lui faisant r emonter la

Saale par I'lalle et Mersebourg. 11 suivait Ncy

avec la gardc

eL

Marmon t. Pour opércr 1a jonc–

tion projetée il ne r estail, le 28, qu'a occuper

l'espace comprisentre l\'lcrscbourg etNaumbourg,

en allant

a

la r encontre du prince Eugene

a

Weissenfels, t¡ ui est entre deux. (Voir la carte

08.)

Na poléon, pour r endre en quelque sorte

infnillible le succcs de sa manreuvre, ne s'était

pas contenté de faire avaneer l'un vers l'autre

Ney et EugeJte afin d'amener lcur réunion

a

W eissenfels, il ava it détaehé du corps de .Mar–

mont Ja division Compans, la micux commau-

dée, la plus nombreuse de ce corps, et l'avaH

portée agauche sur Freybourg, pour qu'elle vint,

eu doublant les tetes de colonne de Ney et d'E u–

genc, forrn er entre cux une espece de soudure.

Ces mouvemenls furent ordonnés d'Eckartsberg

le 28 au soir, pour etre exéeutés Je lcndemain 29.

Ney devait deseendre la Saale de Na umbourg

a

Weissenfels, avec ses deux premieres divisions,

passer cette rivicre

a

la hauteur de Weissenfels,

s'emparer de eette ville, tandis que ses autres di–

visions le sui vraient, et que Bertrand et Oud inot

viendruient occuper les débouchés par lui aban - ·

donnés d'Iéna, de Dornbourg et de Naumbourg.

De son cóté Je prince Eugene de vait rcmonter la

Saale, le corps de Lauriston jusqu'a la hauteur de

Halle, celui de l\facdonald, jusqu'a la hauteur de

Me1'sebourg et au-dessus, afio de doouer Ja main

a

Ney. Ces divcrses instru ctions étaient lracées avec

une précision, une p1•évoyance admirables. Du

reste Napoléon, ne supposant pas que J'ennerni

fUt si pres avee Ja masse de ses forces, séjourna

encOI'e

a

Eclrnrtsberg de sa pel'SOnne, pour met–

tre de l'ordre

i:i.

la

queue de ses colonnes .

Le 29, le mnréchal Ney dcsccndit en effet la

Saale, Ja franchit un peu au-dessus de Weisscn–

fels, sur des ponts qu'on n'avait pas· cu de peine

a

y j etcr, et s'avanga daos les irnrnenses plaii1cs qu i

se déploient au dela de cette riviere. C'est a u

milieu de ces plaincs qn'on r eneontre Lutzen,

Lutzen que Gustave - Adolphe a rendu célebre,

queNa poléon, quelques jours apres, devait rendrc

plus célebre encore .

Suiva nt les instructions tactiques de Na poléon,

le maréchal Ney cheminait

a

travers la plaioe de

\Veisscnfels, uvec la division Souham formée en

plusieurs carrés. Des avant-postes de cavalerie

lui avaient clairement r évélé l'approche des nom–

b1'eux escadrons de vVintzingerode. Ce .général

allemand, qui commandait l'avant-garde r usse,

avait sous ses ordres la division d'infanterie du

prince Eugene de Wurtemberg, et huit

a

neuf

m ille ho)nmes d'une superbe cavalerie. 11 ava it

le jour meme dépassé Weissenfels, pour venir

ch erehc1· sur la Saa le des nouvelles des Franc;ais.

Ney se présenta bientót pour lui en donner.

Nos conscrits voyant l'eun emi pour la premiere

fo is, mais conduits par des officiers qui avaient

passé leur vie en sa préseuce, et par un maré–

ehal dont l'attitude seule aurait suffi pour les

rassurer, s'avanc;aient avec le frémissement d'un

jeune et bouillant courage. lis a-vaient

a

franchir

une ondulation de terrain assez marquée, et

apercevaient au dela de nombreux escadrons ap-