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24

LIVRE

QUAHANTE-HUlTIEl\1E.

puyés par de l'infanterie légere et de l'artillerie

attelée. Ils

re~urent

les premiers boulets sans

s'étonner. Des tirailleurs choisis traverserent ce

terrain ondulé, et forcerent les tirailleurs ennc–

mis

a

reculer. On les suivit, on descendit dans

l'enfoncement du sol, on remonta sur le coté op–

posé, puis on déboucha en plusieurs carrés dans

la plaine, et on

fit

sur l'ennemi un feu tres-vif

d'artillerie. Apres quelques volées de canon, la

division de cavalerie Landskoy s'élarn;a au galop

sur nos carrés. C'était le moment critique. Le

vieux et intrépide Souham, l'héro'ique Ney, le

généraux de brigade, se placerent chacun dans

un carré pour soutenir Jeur infanterie qui n'était

pas habituée

a

ce spectacle. Au signal donné, un

fcu de mousqueterie exécuté

a

propos accueillit

la cavalerie ennemie, et l'arreta court. Nos jeunes

sol'dats, étonnés que ce

fUt

si pcu, attendircnt un

nouvel assaut, le rei;urent mieux encore, et jon–

cherent la tcrre des cavaliers de Landskoy. Puis

Ney rompant les carrés, et les formant en colon–

ncs, poussa l'ennemi devant lui. 11 félicita ses

braves conscrits, qui remplirent l'air des cris

mille fois répétés de Vive l'Empereur

!

A partir

de ce moment, on pouvait tout cspérer d'eux .

lis entrerent

a

la suite des Russes dans Weissen–

fels, les en expulserent, et

a

la chute d u jour

furent maitres de ce point décisif. Ney, qui de–

puis sa jeunesse n'avait jamais combatlu avcc des

soldats aussi novices, se bata d'écrire

a

Napoléon

pour lui exprimer sa joie et sa confiance. -

Ces enfanLs, lui écrivit-il, sont des héros; je

ferai avec eux Lout ce que vous voudrez. -

Au merne insLant l\facdonald, formant Ja tele

de colonne du prince Eugene, était entré dans

l\fersebourg, et avait melé ses avant-postcs avec

ceux du maréchal Ney. Le général Lauriston, qui

le suivait, avait trouvé les ponts. de Halle forte–

ment occupés par le général prussien Kleist. Ces

ponts, comme on doit s'en souvenir en se repor–

tant

a

l'un des acles héro!ques de l'inforLuné gé–

néral Dupont dans Ja campagne de

1806,

s'étcn–

dent sur plusieurs bras de la Saale, et sont

impossibles

a

enlever,

a

moins qu'ilsnesoient au x

mains d'une troupe démoralisée. Ce n'était plus

l'état d'esprit des Prussiens, qu'un noble patrio–

tisme, une sorte de désespoir national enflam–

maient. lis occupaient les ponts de Halle avec de

l'infanlerie et une nombreuse artillerie. Le géné–

ral Lauriston n'insista pas pour forcer une posi–

tion qu'on allait faire tomber le lendemain en la

tournant.

Napoléon, en lisant les ·réc·its de ses généraux,

partagea leur joie et écrivit

a

Munieh,

a

Stutt–

gardt,

tt

Carlsruhe,

a

París, pour raconter les

prouesses de sesjeunes soldats. Il quilta le lende–

main

50

Eckartsberg, et alla coucher

a

·wei sen –

fe ls.

Sa jonction avcc le prince Eugene élaot opé–

rée sur la basse Saale, il songea naturellemerit

a

tirer de cette jonction le parti qu'il s'en était pro–

mis, celui de déboucher en ma-sse dans les

fa–

meuses plaines de Lutzen, de courir sur Leipzig

en une forte colonne, de passer l'Elster

i1

Leipzig

meme, et puis exécutant un mouvement de con–

version, Ja gauchc en avant, de marchc1· sur les

coalisés, et de les pousser contre les montagnes

de la Boheme. (Voir la carte n° 58.) N'ayant pas

assez de cavalerie pour s'éclairer, car celle qu'il

avait rcstait forcément clouéc

a

l'infanterie de

peur d'elre écrasée,

il

n'entrevoya it que fort in–

complétement les projets de l'ennemi. l\Jais plu–

sieurs rcconnaissances, plusicurs rapports intcr–

prétés avec sa faculté ordinairc de divination,

lui avaient appris que les Russes et les Prussiens

afiluaient sur sa droite, qu'ils se trouvaient par

conséquent entre lui

et

les montagnes, sur le

haut Elster, qui était le cours d'eau que nous

devions rencontrer flpres avoir franchi la Saale.

Le plan de Napoléon ofi'rait done encore les plus

grandes chances de succes, et il résoluL de s'avfln–

cer de 'Veissenfels sur Lutzen, pour de

la

se por–

ter sur Leipzig en masse serrée, et

y

passer

l'Elster. Toutefois ue pouvant marcher avcc pres

de deux cent mille hommes sur une seule voie,

il dirigea pfir la grande route de Lutzen

a

Leipzig,

le maréchal Ney, la garde et le maréchal Mar–

mont: Pour flanquer

a

droite cette coloooe qui

était Ja principale, il ordonna au général Bertrand

et au maréchal Oudinot, restés sur la haute Saalc,

de déboucher de Naumbourg sur Slossen. Pour la

flaoquer

a

gauche,

il

ordcinna au prince Eugeoe

de déboucher de l\'Iersebourg, et de se porter avec

toutes ses forces sur Leipzig par la route de

l'tlackranstaedt. Ces divers corps partant ainsi de

la Saale,

a

trois ou quatre lieues les uns des

aulres, convergeaient tous vers le point commun

de Leipzig. Ces dispositions arretées pour eLre

exécutées Je lendemain

1•r

mai,

il

s'occupa, ce

qui luí arrivait souvent pendant cette marche,

de l'organisation de ses troupes, et en particu–

lier de celle de la garde impériale. Le prince

Eugene lui amenait quatre bataillons de vieille

garde, deux de jeune, plus une certaine portion

d'artillerie et de cavalerie appartenant

a

ce corps

d'élite. C'était tout ce qu'on avait pu recueiJlir