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47.2

LIVRE CINQUANTE-TROJSJEME.

leurs souverains, a·vnient Ju le

18

mars une note

solennellc, dnns laquelle ils déclara·ient que Ja

Frunce ayant" exactemcnt reproduit toutes les

conditions déja reconnues inacceptablcs par l'Eu–

rope, les conférences étaicnt définitívemcnt rom–

pues , et,que

fa

guerrescraitpoursuivie

a

outrance,

jusqu'a ce que la France admit purcment et sim–

plement les préliminaires du

17

février. A cettc

déclaration

M.

de lWetternich avait joint une

lettrc puticuliere pour

l\L

de Caulaincourt, dans

laquelle il le suppliait encore une fois d'y bien

penser avant de quitter le Iieu du congres, car,

disait-il, la FrancedeLouis XIV, accrue des con -·

quétes de Louis XV, valait bien qu'on

y

attachat

quelque prix, et méritait qu'on ne

Ja

jouat pas

plus longtemps

a

ce jeu si dangereux et si incer–

tain des batailles. Quelqu c tenté que füt le plé–

nipolentiaire fran 911is de suivre un semblable

conscil, il n'avait pas osé outrc-pnsser ses instruc–

tions au point ou il l'aurait fallu pour r etenir a

Chatillon les membres du congres.

11

se sépara

don e des plénipotentiaires le lendemain

19,

et

le 20 tou tes les légations partiren

t

de Chatillon

pour regagner les quartiers généraux des armées

bclligérantes.

convoi de Sézanne dont

il

n'avait rcc;u qu'unc

partic , et en défalquant les pertes d'Arcis ainsi

que les troupes laissées

a

la garde des ponts de

la

Seinc, il avait cnviron

?Hí

mil!e homme.s.

11

devait en avoir

70

mille avec ces dcux maré–

chaux, 80 avec Je dépót de Sézannc, et arriver

successivemcn t

a

100

mille et au dela , si les

garnisons p nrvenaicnt

a

se réunir

a

Jui. Aussi

tout en appréciant la gravité de sa situation,

rcstait-il confiant dans le succes de ses habiJcs

manreuvr~s,

et le 25 mars, écrivant au ministre

de

Ja

guer11:J une lettrc qui respírait un sang–

froid imperturbable, il lui exposait sa marche,

ses motifs pour ne pas tenter l'aLtaque de Vitry,

le proj et de s'approchcr de Metz, et de tirer de

cetlc place et des autres un renfQrteonsidérabJe;

Ja

certitude de causcr un grand trouble

a

l'en–

nemi en se por.tant sur ses communications; Je

découra~ment

de Ja plupart des coalisés qui

n'avaicn t jamais eu d'ava ntages sérieux sur les

tro upes franc;aises, qui tout récemment avaicnt

essuyé des pertes énormes

a

ArcÍS·SUr-Aubé, et

étaicnt presquc au regrct de s'étrc avancés si

Join ; l'espérance par conséquent d'amen er sous

peu des événements nouveaux et importants;

l'utililé de veiller sur le rassemblcment de Sé–

zanne, de l'angmenter meme si

les

ciroonst.anccs

le permettaient; la possibilité de recourir

a

Ja

conscription de

'1815 ,

cal' en Champagne, en

Lorraine les p ays:ms se Icra ient en mnsse, et

l'urgence de fa ire promptement usage de celte

rcssource; l'importance pour les maréchaux

Marmont et l\fortier, qui s'étaient repliés sur

ChaLea u-Th ierry, de se reporler en avant pour

rejoindrc l'armée; la confinnce enfin , maJgré

loutes Jes aogoisses de Ja situation, de sauver

hientót la Fr ance et lui-meme de cette crise for–

midable. Personne n'eut soupc;onné en lisant

cette Jcttre , qui de·vait etre la derniere adressée

au ministre de la guerre, que Napoléon appro–

chait de la plus grande des catastrophes.

JU.

de Caulaincourt eut quelque peine

a

rc–

joindrc Napoléon, qu'il trouva

a

Saint-Dizicr. Le

r etour de la légation

fran~aise

produisi't sur

l'armée un e impression pénihle, car

í1

ótait toute

confiance dans les négociations, eLn 'en laissnit

plus que d:rns un duela mort avcc

la

coalition.

Or, si. les journées de l\fonlmirail, de Champau –

bert, de Montereau avaient élcvé les creurs au

ni veau de celui de Napoléon, cclles de Craonnc,

de Laon, d'

A

rcis-sur-A.ube les avaient

fait

promp–

tement r edescendre de cette hauLeur , et

la

manreuvre aventureuse qu'o n essayaíL loin de

Paris, manreuvrc dont peu de gens étaient capa–

bles d'apprécier

mérite, étonnait, inquiétait

des csprits déja fortement ébranlés. La noble et

sévere figure de M. de Caulaincourt, plus triste

encore que de coutume, n'était pas propre a dé–

rider les visages au quartier général. Napoléon

accueillit son ministre amicalement, en homme

qui n'éprouvait pas ·d'bumeur parce qu'il n'é–

prouvai t pas de trouble: Ce retour lu i-l1vait

c~pendant causé une certaine imprcssion , mms

Dans ce moment arriva au quartier général

de l'Empereur M. de Caulaincourt, qu i venait

de quitter le congres de Chatillon. Ce noble scr–

vitcur du prince et du pays avait, comme on l'a

vu, remis un contre-projet, afin d'obtempérer

aux sommations réilérées des plénipotentiaires

nlliés, et avait taché d'en rcndre la Jecture sup–

portable

a

ses auditeurs, touLen s'éloignant le

moins possible des instructions de Napoléon .

Les pJénipotentiaircs des puissances, apres avoir

écouté le texte du contre-projet franc;a is avcc

un silence glacial, et avoir pris les ordres de

P assaO'ere et il la domina bientót. Il était

a

table,

o

'

.

soupant avec Bertbier, lorsque

M.

de Caula1_n-

cour t arriva. - Vous avez bien fait de revemr,

Iui dit-il, car, je ne vous Je cach crai pas, si vous

aviez accep té l'ultimatum des alliés, je vous au–

rais désavoué. Mieu x vaut pour vous et pour