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PREl\flERE

ABDICATION. -

n1Ans

18!4.

469

Boheme. L'essentiel était de tenir jusqu'a ce que

la vieille garde, dont on apercevait les tetes de

colonne sur l'autre rive de l'Aube, eut passé

cettc riviere et occupé Arcis. Lorsque les 6 mille

vieux soldats composant cette troupe d'élite se–

raient en avant d'Arcis, et se lieraient aux

1

O

mille jeunes soklats de Ney qui défendaient

le Grand-Torcy, on pouvai t C\tre tranquille. Mais

il fallait qu'ils arrivassent.

En attendant Ney soutenait

a

Torcy des

assauts furieux. Le corps du maréchal de Wredc

était entré en ligne , et par sa droite, composée

des Autrichiens, attaquait le Grand-Torcy ,

tandis que par sa gauche, composée des Bava–

rois, il cherchait

a

séparer ce village de la petite

ville d'Arcis . Toutcs les réserves russes, prus–

siennes~

:rntrichiennes, comprenant les gardes,

les grenadicrs, les cuirassiers

1

marchaient

a

l'appui ele celte attaque. Nous avions done en

face de nous plus de quarante mili e hommes d'in–

fanterie, saos compter des flots de cavalerie.

Ney dMendit le Grand-Torcy avcc son énergie

accoutuméc. Établi daos les maisons et derriere

les rues barricadées du village, il arreta par un

feu épouvántableles masses de l'int'anterie autri–

chienne. Vaincu un moment par le nombre, il

fut

rejeté hors du Grand-Torcy, mais se met–

tant

a

la tete de quclqucs bat.aillons, et faisant

a

la bai:onnette une charge déscspérée, il r cntra

daos le village. et parvint

a

s'y maintenir. Au

meme instant, Napoléon courant sans cesse

d'Arcis

a

Torcy, pour encourager les troupes par

sa préscnce, faillit voir sa prodigieuse destinéc

terminée d'un seul coup. Un obus lombe devant

les rangs d'un j cunc bataillon, pcu lrnbitué, en–

core

a

ce genre de spectaclc, et les hommes les

plus rapprochés du projectile fürnant rcculcnt

d'un pas. Napoléon pousse son cheval sur l'obus

pour leur enseigner le mépris du danger. L'obus

éclate, le couvre de feu et de fumée, el il sort

sain el sauf du nuage enflammé. Son cheval scul

csl blessé. 11 se jeltc sur un aulre, au rnilieu des

cris d'enthousiasme de ses jeuncs soldats.

Grace

a

ces nctes d'une héroi:que témérité,

nous conservons nolre position. Enfin la vicille

garde traverse le pont d'Arcis sous la conduite

de l'int.répide Frian

t.

Napoléon la rangelui-meme

en

avant d'Arcis , et envoie deux de ses vieux

batai11ons

a

l'appui de Ney. Le secours arrive

a

propos, car en ce moment la garde russe, entrée

en ligne, venait renforccr le maréchal de WrCde.

Une dernicre attaquc, encore plus violente que

Jes précédentes ,

est

essayée conlre le Grand-

Torcy. Ney la soutient avcc une fermeté imper–

turbable, et la repousse victorieusement.

Tandis que ce renfort de vieille infanterie cst

survenu si a propos, Lefebvre-Desnouettes, parti

de París pour rcjoindrc l'armée, débouche par

le pont d'Arcis

a

la tete de deux mille chevaux

avec lesqucls il avait devaneé son infanterie. Le .

général Sébastiani, disposant alors de quatre

mille chcvaux, se déploie dans la plaine d'Arcis,

Jaquelle s'élevc légerement vers l'ennemi. 11

s'apprete

a

prendre une rcvanche . Ses escadrons

bien lancés culbutent ceux de Kaisarow, les ren–

versent sur ceux de Frimont, et se vengent de

l'échauífourée du matin. Mais bientot ou voit

apparaitre la cavalerie bavaroise, la grosse cava–

Ierie russe, et la prudencc conseille de se retirer

sur Arcis. On gagne ainsi la fin du jour, Ney

se maintcnant au Grand-Torcy, la vieille garde

a

Arcis, la cavalerie entre deux, et on échappe

au désastre qu'avec moinsd'éncrgie nous aurions

certainement essuyé. Effectivement nous avions

combattu d'abord avec 14 milie hommes contre40

mille, puis avec 20 contre 60, et enfin avec 22

ou 25 contre 90, car sur notre droite les corps

deGiulay, de Wurternberg, dc'.Rajeffski, avaient

débouché de Nozay, et cornmenc;aient

a

prendre

part au combat lorsque la nuit était venue sépa–

rer les deux armées.

Au loin sur notre droite s'était passé un épi–

sode qui aurai t pu avoir des suites facheuses,

sans la rare vaillance de la cavalerie de la garde.

On se souvient que les chasseurs et les grena–

diers a cheval avaient été laissés au dela du pont

de Méry, sur la gauche de la Seine, avec les cap–

tures qu'ils avaient opérées la veille, et notam–

ment avec l'équipage de pont qu'ils avaient pris.

Partis le malin de Méry avec cet équipage de

pont, ils avaient essayé de rejoindre l'armée en

marchant directcment de

1\f

éry sur Arcis par

Premier-·Fait. (Voir la carte nº 62.) lis étaient

tombés nalurellemeutau milieu de toute la cava–

lcrie des corps de Rajeffski, de Giulay et de Wur–

temberg, réunis sous le commandement du prince

de Wurtemberg. Assaillis par une force cinq ou

six fois plus considérablc qu'cux , ils ·ne s'étaient

sauvés qu'cn déployant la plus rare valeur, et en

se battant pendant plusieurs heures le sabre

a

la

main. Rejoints cnfin par des escadrons du dépot

de Vcrsailles, qui avaient fait route par Méry,

ils s'étaient repliés sur Méry meme, saos avoir

perdu plús d'une centaine de cavaliers, et sans

avoir surtout laissé échapper leur équipage de

pont. Le lendemain ils gagnerent Plancy, passe-