Table of Contents Table of Contents
Previous Page  474 / 616 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 474 / 616 Next Page
Page Background

464

LIVRE CINQUANTE-'fROISIEl\fE.

Le repos accordé

a

ses troupes lui ayant paru

suffisant, et ses dispositions étant terminées, il

résolut de partir de Reims le 17 au matin, et de

se rendre a Épernay, pour micux juger de ce

qu'il convenait de faire dans les circonstances

actuelles . Paris était doublement alarmé par la

nouvelle approche du pl'ince de Schwarzenuerg

qui avait cnvoyé des avant-gardes jusqu'a Pro–

vins et par les événements survenus

a

J'armée

'

.

d'Espagne entre

Bayo~rne

et Bordeaux. Place au

.bord de la Marne,

it

Epernay, Napoléoo verrait

s'il fallait se jeter tout de uitc sur les dcrrier s

du prioce de Schwarzenberg, pour l'arreter

daos sa marche vers la capitalc, ou 'il fallait

persister dans le projet de se portcr sur Je

places. Ses dispositions étaient des la veille con–

cucs daos cctte double vue, car tout en achemi–

~ant

Ja masse de ses forces sur Épcroay,

il

avait

envoyé Ney avec l'infaoterie de la jeune garde i1

Chalons.

s·¡1

se portait sur les places,

il

n avait

qu'a diriger tous ses corps vers Chalons

a

Ja suil

de

~

ey, ou bien au contraire

a

le replier vers la

Fere-Champenoise, s'il se jetait sur 1 prince de

Schwarzenberg. Ney, expédié en avant n'aurait

pas pour se rendre

a

la Fere-Champenoi

plus

de chemin

a

faire en y allaot de Chlllons que

d'Épernay.

Partí le 17 au matin de Reims, il fut rcodu

le soir

a

Épernay.

11

avait laissé l\forticr a Reim ,

pour seconder l\farmont dan

In

d 'fcnse de

Berry-au-Bac, et leur avait dooné mission

a

l'un

et

a

l'autre de contenir Dlucher pcndant quel–

ques jours, en disputant successivement les

1

passages del'Ais11e et de la 1'1arnc. Arrivé

a

Épcr–

nay, il y apprit que le princc de Schwarzeobcrg

s'était fort avancé au dela de la Scinc. Ce dcrnier

était meme si engagé dans la dircction de Paris,

que tomber sur ses derrieres semblait un coup

de main assur-é, de grande conséqueoce commc

celui de l\lontmil'ail, et politiquement nécessaire

a

cause de !'extreme consternation des esprits

dans la capitale. En effet on y appelait Napoléon

a

grands cris, car on ne pouvait voir approcher

les bafonnettes étrangcres sans invoquer aussi–

tót le secours de son bras. Les événements de

Bayonne et de Bordeaux avaient ajouté

a

la

désolation des Parisiens. Ces événements, fort

graves, comme on va le voir, avaient inspiré aux

ennemis du gouvernement une exaltation d'es–

pérance qu'il fallait faire tomber sur-le-champ.

Napoléon par tous ces motifs prit sans hésiter le

chemin de la

Fere~Champenoise,

afin de se rendre

de la 1'farne sur la Seine. Le 18 au matin toute

l'armée fut mise en mouvement daos cette direc–

tion.

Avant de le suivre dans cctte nouvelle série

d'opérations, il faut relracer brievement les évé–

nements qui venaient de se passer sur les fron–

tieres d'Espagne, et qui avaient si fortement ému

les esprits. Le maréchal Soult avait continué

d'occuper l'Adour par sa droite , et le gave

d'Oloroo par son centre et sa gauche tant que

lord Welliogton o'avait pas été résolu

a

se por–

ter en avant. Mais le géoéral anglais, ayant rec;u

les ressources néccssaires pour nourrir les Espa–

gnols avait pris l'offensive avec huit divisions

anglaises, deux divisions portugaises, et quatre

espagnoles.

11

avait chargé deux divisions an–

glaises et deux e pagnoles de bloquer Bayonne,

pui aveclereste( oixantemillehommesenviron)

il avait marché contre le marécbal Soult, qui lui

avait cédé le gave d'Oloron, et était venuprendre

position sur le gave de Pau , aux environs d'Or–

thez.

Le maréchal Soult, apres avoir laissé une

division entiere

a

Bayonne (indépcndamment de

la garnison), apres avoir envo é

a

Napoléon deux

divisions d'infnnterie et plusieurs brigades de

cavaleric conservait encore six divisions din–

fanterie, et une de cavalerie, formant en tout

40 mille hommes de troupes excellentes. Si ce

n'était pas a sez pour vaincre, surlout en face

des troupes anglaises, c'était asscz pour disputer

le terrain pied

a

pied, et pour couvrir Bordeaux.

Bordeaux était en ce moment la capitalc du 1'Jidi.

11

r égnait outre un méconlentemcnt particu–

lier aux villes maritimes privées de commerce

depuis vingt ans, un esprit religieux et roya–

liste général dans les provin ces méridionales, et

ainsi tous les cntimcnts les plus contraires au

régime impérial

y

fermentaient . Le duc d'An–

gouleme, fils du comte d Artois et nevcu de

Louis

,,rVIII,

accouru sur la fronticre d Espagnc,

n'avai t pas été xec;u par lord Wellington, grace

au oin que mettaient les Anglais

a

écarter de

e tte guerre toute apparence d'nne question de

dyna tic. 1'1ais il se tenait sur les derricres du

quartier général, et sa pré ence causait dans le

pays une agitation extraordinaire , ce qui ne

s'était pas vu en Franche-Comté et en Lorraioc,

ou l'arrivóe du comte d'Artois o'avait produit

aucune sensation. De nombreux émissaires roya–

l i tes avaient déja paru

a

Bordeaux, et

il

suffisait

d'un monvement. de l'enncmi pour y délerminer

une explosion.

C'est la ce qui avait décidé Napoléon

ñ

laisser