PRE!\HERE ABDICATJON. ·-
MAus
1814.
461
et nous conservait l'Escaut et Anvers. Napoléon
autorisa en outre son plénipotentiairc
a
renon–
cer aux diverses parcelles de territoire que nous
possédions sur la rive droite du Rhin , commc
annexes de la rive gauche, telles que Wesel,
Cassel et Kehl. Des lors , en gardant la rive
gauche, nous abandonnions les ponts qui nous
assuraient le débouché sur Ja, rive droite. Napo–
Jéon ·consentit encore a démolir les ouvrages de
Mayence, et
a
foire de cette place une simple
ville de commerce. Il se résigna
a
céder toules
les possessions de la France au dela des Alpes,
et tous les États de ses freres soit en Allemagne,
soit en Italie, sans en demander d'autre com–
pensation qu'une dotation pour le prince Eugene.
Le sacriflce de l'Espagne était fait depuis long–
temps: Napoléon le renouvcla formellement,
et quant
a
nos colonies, il autorisa
l\I.
de Cau–
laincourl a déclarer que nous rendre quelques
comptoirs de l'lnde (ceux que nous avons encore
aujourd'hui) sans les iles de France et de Ja
Réunion , que nous renc!re la Guadeloupe sans
les Saintes, la Martinique saos nos autres Antil–
les, c'était .si peu , qu'on y renonc;ait pour des
possessions continentales. La France, devait-il
dire, préférait
le
commerce libre avec les colo–
nies de toutcs les nations, déja devenues indé–
pendantes ou pres de le devenir, a que]ques pos–
sessions dans le nouveau monde, aussi miséra–
bles que difficiles a défendre.
l\L
de Caulain–
court, s'il ne pouvait pas obtenir Ja discussion
sur chaque point, devait remetlrc un contre–
projet sur ces bases , et attendre la répouse,
quelle qu'clle fUt.
Ces instructions déja cnvoyées de Craon ne,
et renouvelées
a
Reims en y ajoutant un pcu
plus de latitude, mais sans aller au dela de ce
que nous venons de rapporter, n'étaicnt que la
reproduction des bases de Francfort, et ne pou–
vaient pas prolonger Ja négociation au dela de
quelques jours.
l\I.
de Caulaincourt en les rece–
vant fut fort aflligé, car s'il aimait son pays
comme un bon citoyen, il aimait aussi la dynas–
tie, et
il
aurait voulu la sauver, Napoléon dtit-il
y
perdre quelque chose de sa gloire personnelle,
ce qu'il regnrdait comme une punition inévi–
table et méritée de ses fautes. Mais, lié par des
ordres absolus, ayant épuisé tous les prétextes
dont
il
pouvait" se servir pour reculer de qucl–
ques jours le terme fatal du 1
O
mars,
il
fut enfin
ohligé de s'expliquer. 11 le fit done, mais lorsque,
dans une note développée qu'il essaya de Jire
aux plénipotentiaires,
il
entreprit de discutcr
les préliminaires présentés le 17 février, et de
prouver qu'íls étaient la violation d'un engage–
ment positif, puisque les bases de Francfort pro–
posées formellement avaient été acceptées de
meme, que ]es frontieres auxquelles on voulait
réduirc la France lui ótaient la puissance rela–
tive qu'elle devait conservcr dans l'íntéret de
l'équilihre européen, que la possession de la rivc
gauche du Rhin n'était pour elle que la compen–
sation
a
peine suffisante du partaged-e la Pologne,
de la sécularisation des États ecclésiastiques, de
la destruction de la république de Venise, des
conquetes des Anglais dans l'Inde; quand il
entrepri t, disons-nous, l'exposé de ces consid é–
rations , il y eut un cri unanime des sept ou huit
plénipotentiaires présents, qui menacerent de
lever la séance et de ne pas écouter davantagc
si le plénipotentiaire franc;ais contínuait
a
déve–
lopper une pareille these. C'était, dirent-ils, un
contre-projet que M. le duc de Vicence devait
remettre, et non pas une critique; c'était un
contre-projet qu'il avait promis, qu'on alten–
dait patiemment depuis un mois, et qu'on avait
mission d'exiger, avec ordre de partir si on ne
l'obtenait pas. - M. de Caulaincourt essaya
toutefois de les calmer et de leur faire accepter
sa note. JI n'y réussi t qu'apres avoir enduré les
récriminations les plus ameres, qu'en promet–
tant de remeltre un contre-projet, et de le re–
mettre sous vingt-quatre heures.
Le 15, en effet, M. de Caulaincourt remit ce
contre-projet en se conformaut aux bases que
nous venons d'indiquer. Apres l'énumération
des sacrifices auxquels nous étions prets a nous
résigner, calculée de maniere
a
bien faire res–
sortir toutes nos concessions, telles par exemple
que l'abandon de Ja Westphalie, de la Hollande,
de l'lllyrie, de l'Italie, de l'Espagne, il était dit
daos le document présenté que la France con–
sentait
a
ce que la Hollande fUt rendue
a
un
prince de la maison d'Orange avec accroissement
de territoire (cet aceroissement n'était autre que
la restitution du Brabant hollandais),
a
ce que
l'Allemagne füt constituée comme l'avaient in–
diqué les plénipotentiaires, c'est-a-dire,
d'une
maniere indépendante et sous un líen fédérati{,
a
ce que l'llalie füt également indépendante,
a
ce que l'Autriche y cut des possessions tandis
que la France reviendrait aux Alpes, a la con·
dition toutefois que le prince Eugene et la prin–
ccsse Élisa conserveraient une dotation, enfin
a
ce
que le Pape rentr:it a Rome, Ferdinand VII
a
Madrid . La France admettait aussi que l'Angle-
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