Table of Contents Table of Contents
Previous Page  473 / 616 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 473 / 616 Next Page
Page Background

PREJ\fIERE ABDICATION. -

uRs

t8U..

465

de ses opérations, Iui permettait de rallier ce

renfort, qui, joint a ce ·qu'íl avait entre la Sein·e

et la Marne, porterait son armée

a

120 mi.Jle

hómmes, et le placerait en outre sur les der–

rieres de ses adversaíres, maniere la plus sure

de les attirer loin de París. A cette grande con–

ception il y avait néanmoins deux objections :

le défaut d'ouvrages défensifs autour de Paris,

et la situation morale de

cett~

vaste cité. N·apo–

léon , comme nous l'avons dit, par crainte d'alar–

mer la population, avait différé jusqu'au dernier

moment d'élever les ouvrages nécessaires. Au–

tour de la eapitale de

la

Fra.nce, ou s'élevent

aujourd'hui onze ou douze lieues de murailles et

'16

citadelles,

il

n'y avait pas meme des redoutes

en terre. Quelques hatteries palissadées en avant

des portes étaíent les seuls travaux qu'on y eut

exécutés.

12

mille hommes de gardes nationales,

choisis parmi les citoyens les plus paisibles et

les moins agissants, et 15 ou 20 mille hommes

des dépóts avec une nombreuse artillerie, en

composaient Ja garnison. Toutefois c'eut été

assez avec un chef énergique pour en écarter

l'ennemi pendant quelques jours, surtout si on

avait pu donner des fusils a.u peuple des fau–

bourgs. Mais l'état moral de la capital

1

e était

encore la plus grand·e des difficultés de la dé–

fense. La population, partagée entre l'aversion

pour l'étranger et l'aversion pour un despotisme

qui, apres vingt ans de victoires, avai t amené

l'Europe armée sous ses murs, était prete a se

donner au premier occupant, et un partí de

mécontents habiles pouvaít, des que l'ennemi

paraitrait, se faire l'instrument actif d'une révo–

lution déja opérée dans les esprits. C'était la

pour l'Empire une immense faiblesse, plus dan–

gereuse encore que celle qui naíssait de notre

état militaire presque détruit. Prince légitime,

c'est-a-dire issu d'une ancienne dynastie, ou

prince sage ayant conservé la confiance du pays,

Napoléon aurait pu avoir l'ennerni dans París,

comme Frédéric le Grand l'avait eu dans Berlin,

et n'en éprouver qu'un échec réparahle. Pour

lui, au contraire, l'entrée des étrangers dans sa

capitale·, facilitée par le défaut d'ouvrages dé–

fensifs, était non pas un revers militaire, mais

l'occasion presque assurée d'une révolution.

C'étaient

fa

de graves objections sans doute

contre tout plan qui consistait a s'éloigner de

Paris, mais le systeme de se battre alternative–

ment contre Blucher et Schwarzenberg dans

l'angle formé par la Seine et la Marne,

1

étant

devenu presque impraticable, premierement

parce qu'il était trop prévu, secon<lement parce

que Napoléon étant acculé au fond de I'angle, les

deux masses ennemies en se rapprochant allaient

n'en plus faire qu'une,

il

fallait absolument qu'il

changeat de tactique, et

il

n'y en avait pas une

meilleure que celle qui, en lui donnant 50 mille

hommes de plus, l'établissait sur les derrieres

de l'ennemi. 'N'ayant pas le choix, Napoléon

cherchait

a

se persuader que le danger politique

n'était pas grand, qu'on n'oserait pas secouer le

joug de son autorité, et que les Parisiens d'ail–

leurs, ayant ses freres a leur tete, sauraient se

défendre. Il ne se figurait pas alors, parce qu'il

ne l'avait pas éprouvé, ce que deviennent l'in–

certitude et la faiblesse des volontés lorsqu'un

gouvernement est moralement ébranlé, et que

les esprits l'abandonnent

!

Soit done par néces–

sité, soit par un reste d'illusion, il adopta le plan ,

si profondément

con~u

sous l'e rapport militaire,

de marcher sur les places: lequel pour réussir

cxigeait seulement que Paris tin

t

cinq ou sixjours.

Toutefois, avant de s'engagcr dans cette ·au–

dacieuse manreuvre, Napoléon avait voulu don–

ner quelques jours de repos

a

ses troupes, pres–

crirc certaines dispositions indispensables, et

voir s'il ne pourrait pas, avantdes'éloigner, tom–

ber encore une fois sur les derriercs de l'une des

deux armées envahissantes, celle de Bobeme ,

par exemple, qui ayant pris position

a

Nogent

luí pretait déja le flane. C'est a quoi

i'l

avait em–

ployé les quatre jours passés

a

Reims, da 14 au

17 mars. Il avait laissé le général Charpentier a

Soissons avec quelques débris suffisants pour dé–

fendre la place; il avait réorganisé, en les fon–

dant ensemble, les quatre divisions d'e jeune

garde composant les corps de Victor et de Ney;

il

avait ordonné qu'on lui envoyat de Paris, sous

la conduite de

Lefehvre-D~snouettes,

environ 5 a

4 mille hommes d'infanterie de jeune garde,

2 mille cavaliers montés du meme corps, le

faible reste des troupes polonaises, une nouvelle

division de réserve fórmée avcc les gardes natio–

naux qu'on versait dalils les dépóts de ligne, et

enfin un immense pare d'artillerie. Cette adjonc–

tion devaitlui procurer envirón 12 mille hommes.

11

en avait déja

re~u

a

peu pres 6 mille des places

des Ardennes sous le général

J

anssens, et avec

ces d'ivers renforts il lui était possible de repor–

ter son armée a 60 mille hommes. S'il y jbignait

les corps de Macdorrald, d'Oudinot et de Gérard,

il devait avoir en:viron 85 mille combattants,

et 1'55 mille, si sa marche vers les places avait

tous les résultats qu'il en attendait.