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PREl\llERE ABDICATION. -

MARS

t8i4.

467

prince de Wurtemberg_et du général Giulay se

repliaient vers Troyes, et les réserves sous Bar–

ciay de Tolly se concentraient entre Brienne et

Troyes.

Napoléon en débouchant par Plancy avaitdonc

<lonné un peu trop

a

droite, c'est-a-dire un peu

trop vers Paris, et en fut bientót convaincu en

voyant la marche rétrograde des diverses co··

lonnes de l'armée de Boheme. Néanmoinssachant

par expérience

qu'e~

se jetant hardiment au mi–

lieu de troupes en retraite, on a plus de chances

d'y faire de bonnes prises que d'y rcncontrer

une forte résistance,

il

passa saos hésiter le pont

de Plancy avec la cavalerie de sa garde et, apres

avoir traversé l'Aube, se porta sur Ja Seine. 11

Jaissa le général Sébastiani avec les divisions

Colbert et Excelmans sur sa gauche, pour s'éclai–

rer du cóté d'Arcis, et, avec Ja vieille garde

a

cheval de Letort,

il

courut droit au pont de

Méry sur la Seine. (Voir la carte nº 62.) Méry

étant occupé par l'ennemi , LelorL franchit la

Seine

a

un gué au-dessous, et tomba au milieu

de l'arriere-garde du prince de Wurtemberg.

Jl

sabra quelques centaines d'hommes, et opéra

une capture d'une grande valeur, celle d'un

équipage de pont appartenant a l'armée de Bo–

heme. Si un rnois auparavant Napoléon avait eu

cet instrumcnt de guerre ,

il.

se serait peut-etre

débarrassé de tous ses ennemis. On venait de luí

en envoyer un de Paris, mais si lourd, qti'il étai t

impossible de s'en servir.

JI

fut done enchanté

d'en acquérir un bien construit, léger et facile

a

transporter. Apres cette hardie reconnaissance,

il

laissa vers Méry Letort occupé

a

courir apres

la queue des colonnes ennemies, repassa la Seioe

de sa personne, et vint coucher a Plancy sur

l'Aube.

La journée avait parfaitement éclairci la situ·a–

tion. Le prince de Schwarzenberg se retirait en

toute bate, par la seule crainte d'avoir l'armée

frarn;aise sur son flanc droit; que serait-ce lors–

qu'il la croirait sur ses derrieres? Napoléon

résolut done de profiter de ce que París était

dégagé, de ce que le prince de Schwarzenbcrg

montrait si peu de fermeté, pour revenir a son

projet de se porter sur les places, d'en recueillir

les garnisons, et de prendre ainsi position avec

des forces presque doubJées sur les derrieres de

l'ennemi. 11 devait paraitre bien présumable que

le prince de Schwarzenberg, déja en retrait.e

aujourd'hui, s'y mettrait bien davantage quand

Napoléon serait

a

Vitry,

a

Saint-Dizier,

a

Toul,

a

Nancy, et que de son cóté Bluchcr n'avan-

cerait pas lorsque Schwarzenberg rétrograde–

rait

1 •

En

co~séqucncc,

Napoléon

fit

les dispositions

suivantes. 11 ordonna aux maréchaux Oudinot et

l\facdonald, au général Gérard, maíntenant dé–

barrassés de la présence del'ennemi, de remonter

vers

lui

par Provins, Villenauxe, Anglure,

Plancy, et de le rejoindre

a

Arcis par la rive ,

droite de l'Aube. 1\'ey, acheminé sur Arcis par

la memc rive, devait y parvenir dans la journéc

avcc la jeune garde, et Friant avec la vieille.

Napoléon résolut de s'y rendre lui-meme le len–

demain matin 20, avec la cavalerie de la garde,

en remontant l'Aube par la rive gauche. Apres

avoinallié autour d'Arcis, Ney, Friant, Oudinot,

Macdonald, Gérard, et recueilli chcmin faisant

quelques dépouilles de l'ennemi, apres avoir rec;u

les conyois partis de Paris sous Lefebvre-Des–

nouettes, il devait tirer droit de l'Aube sur la

Marne, et se porter

a

Vi try, Saint-Dizier, peut–

ct1·e meme

a

Bar-le-Duc. Les maréchaux Mortier

et Marmont, laissés

a

Reims et

a

Berry-au-Bac,

pouvaient le rejoindre facilement par Chalons ,

et Napoléon leur en expédia l'ordre. Tout fut

ainsi réglé de maniere

a

se diriger avec 70 mille

hommes sur les places. Apres ces dispositions,

Napoléon écrivit

a

Paris ce qu'il allait faire, re–

commanda fort le sang-froid

a

tout le monde, et

se montra rempli de confianee. Cette confiance

était en partie affectée, mais en grande partie

sincere, car

il

sentait le mérite de ses combinai–

sons, et ne doutait guere de lcur succes.

Le Iendemain , 20 mars, jour qui devait etre

plus d'une fois mémorablc dans sa vic,

il

quitta

Plancy pour remonter l'Aube par la rive gauche

avec une portion de sa cavalerie. Letort en avait

laissé une autre portion autour de Méry, afin de

ramasser des bagages et des prisonniers. Le gé–

néral Sébastiani, avec les divisions Colbert et

Excelmans, avait pris les devants et s'était porté

sur Arcis. Dansson extremeconfiance, Napoléon

n'avaitpas daigné repasser l'Aube pour cheminer

a

couvcrt, et il avait marehé sur Arcis par la

roule qu'il avait tracée aux divers détachements

de sa cavalerie.

Parvenu vers le milieu du jour a Arcis (Arcis–

sur-Auhe), il y trouva le général Sébastiani, fort

soucieux de ce qu'il avait vu en route. Le ma–

réchal Ney, qui venait de s'y rendre avec son in–

fanterie par Ja rive droite de l'Aube, paraissait

1

.Je parle ici d'apres la correspondance de Napoléon, re–

lra~anl

jour par jour, lleurc par heure, ses ré>olulions el ses

rnouvcmenls.