Table of Contents Table of Contents
Previous Page  478 / 616 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 478 / 616 Next Page
Page Background

468

LIVRE

CINQUAN~E -TROISIEME.

non moins soucieux que le général Sébastiani.

L'un et l'autre, apres avoir repo ussé les avant–

postes bavarois, croyaient avoir aperc;u entre

l'Aube et la Seine, c'est-a-dire entre Arcis et

Troycs, toute l'armée deBobCme. Or, s'il en était

ainsi, on n'avait pas de temps

a

perdre pour

abandonner Arcis, qui est sur la rive gauche de

l'Aube, et pour passer sur Ja rive droite, afin de

mettre cette riviere entre soi et l'cnuemi. Tandis

que par

l~

réunion de troupes ordonnée sur Arcis

on devait

'y

avoir bientót 70 mille hommes,

quand Oudinot, Macdonald, Gérard et Lefebvrc

seraient arrivés, et 85 mille a Vitry, quand Mor–

tier et l\farmont auraient rejoint, on n'en avait

pas dans le moment plus de 20 mille. En effet on

avait

o

mille hommes de cavalerie de la garde ;

Ney amenait 9

a

10 mille hommes d'infanterie

de la jel!ne garde, et Friant 5

~1

6 mi,lle de la

vieille. Ce n'était pas de quoi tenir tete aux

90 mille combattants du prince de Schwarzen–

berg concentrés entre Arcis et Troyes .

Napoléon, qui avait vu

a

Méry les colonnes de

Schwarzenberg en retraite, ne pouvait pas ima–

giner que ce prince songeat a faire halte entre

Troyes et Arcis pour y risquer une bataille. Une

r econnaissance fort légerement exécutée sur la

route de Troyes par un jeune officicr, le confir–

mait

da.ns

sa persuasion, et

il

fit

établir l'infan–

terie de Ney en avant d'Arcis , un peu sur la

gauche, au Grand-Torcy; il envoya en meme

temps chercher sur l'autre rive de l'Aube sa

vieille garde qui était pres d'arriver, ainsi que

Lefebvre-Desnouettes dont on annonc;ait l'appro–

che. Ce dernier lui amenait 6 mille hommes en–

viron . Dans cette attitude ,

il

résolut d'attendre

les événements, qui ne pouvaient manquer de

s'éclaircir avant tres-peu d'heures. Bientót en

effet ils acquirent la plus effrayante clarté.

Le prince de Schwarzenberg, bien qu'il füt

peu téméraire, avait néanmoins la fermeté d'un

vieux soldat, et apres avoir replié ses principaux

corps de Nogent sur Troyes, ne pouvait pas

avcc 90 mille hommes reculer davantage devan t

les 50 ou 40 mille qu'il supposait a Napoléon .

D'ailleurs il était fatigué des propos des Prus–

siens, de leurs forfanteries continuelles, et

il

voulait leur prouver qu'il était aussi capable

qu'eux d'affronter la rcncontre du terrible em–

pereur des Fran<;ais.

11

résolut done de faire face

a

droite, et de se porter sur Arcis, pour accep–

ter la bataille si on la lui offrait, pour cmpecher

en tout cas les Frarn;ais de se jeter sur Troyes,

et d'y opérer de nouvelles captures. Dans cette

vue il ordonna aux Bavarois de s'approcher

d'Arcis par sa droite; il porta les corps de

Rajeffsky, de Wurtemberg, de Giulay directé–

ment sur Arcis, et lia ces deux masses par les

gardes et réserves. Vers deux heures il se trouva

en face d'Arcis.

Le général Sébastiani , piqué de certaincs pa–

roles de Napoléon qui n'avait pas pris ses craintes

au sérieux, s'était lancéavec quelqucs escadrons

sur Ja route de Troyes, pour mieux voir ce qu'il

croyait du reste avoir bien vu une premiere

fois. Au dela d'Arcis, dans la direction deTroyes,

le sol fortement ondulé peut dans ses plis cacher

des quantités considérables de troupes . Blentót

legénéral Sébastiani , ayantfranchiJes prcmieres

ondulations du terrain, découvrit la cavalerie

bavaroise et Ja cavalerie autrichiennc s'avanc;ant

en masse, et il revint

a

toute bride dire

a

Na–

poléon ce qui en était. On

se

hata de faire

monter

a

cheval les divisions Colbert et Excel–

mans pour les opposer

a

l'eonemi. Le général

Kaisarow,

a

Ja tete de plusieurs milliers de che–

vaux, chargea la division Colbcrt qui en comptail

a

peine 700

a

800 ' et Ja r ejeta sur la division

Exceltnans, qui, entrainée elle -meme par le choc,

fut obligée de céder. Tous ensemble, poursuivis

et poursuivants, arriverent pelc-méle sur Arcis.

Ncy était 3 gauchc au Grand-Torcy avcc l'infan–

tcrie de la jcune garde. Entre le Grand-Torcy

et Arcis il y avait fout au plus trois ou quatre

hataillons, au nombre desquels s'en tlouvai t un,

polonais de naLioo, et comm:mdé par le chef de

bataillon Skrzynecki, le meme qui , en 1850, a si

noblement et si habilement défendu comme géné–

ral en chefla Pologne expiran te. Cebataillon n'eut

que le ternps de se former en carré pour recueil–

lir Napoléon, et le soustraire au torrent de la ca–

valerie ennernie. Les Polonais , fi ers du précieux

dépót confié

a

leurs balonnettes, tinrent ferme

sous une pluie d'obus, et sous les assauLs répétés

d'innombrablcs escadrons. Mais Napoléon ne

profita pas loogtemps de l'asile qu'il avait trouvé

au milieu d'eux. Le premicr cboc de cette cava–

lerie amorti,

il

sortit du carré ,

se

transporta

vers Arcis, au risque d'etre enlevé, arreta , rallia

ses cavaliers en fuite, et les lan<;a lui-meme sur

l'ennemi. Nos escadrons, électrisés par sa pré–

sence , chargercnt avcc la plus grande vigueur,

et parvinrent

a

contenir, sans pouvoir la re–

pousser toutefois, la masse trop supérienre des

cavalie:rs bavarois et autrichiens. Pendant ce

temps Ney, -établi daos le Grand-Torcy, s'ap–

pretait

a

résister

a

tous les e:fforts de l'armée de