Table of Contents Table of Contents
Previous Page  475 / 616 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 475 / 616 Next Page
Page Background

PREl\HERE ABDICATION. -

nri1.ns

1814.

465

une portion si importante de ses troupes entre

Bayonne et Bordeaux, et ce qui devait motiver

de la part de son lieuteoant les plus énergiques

efforts pour arreter l'armée anglaise. Aussi Na–

poléon avait-il recommandé plusicurs fois au

maréchal Soult de déployer la plus grande vi–

gucur, de faire comme il faisait lui-meme, c'est–

a-dire <l'etrc le premicr et Je dernier au feu, car

lorqu'on avail

a

demander aux troupes un dé–

vouement illimité, le vrai moyen de l'obtenir

c'était de leur en donner soi-meme l'exemple.

Le 26 février, le maréchal Soult avait pris

position un peu en arriere d'Orthez, sur les

hauteurs qui bordent le gave de Pau, ayant

a

sa

droite le général Reille, au centre le comte d'Er–

lon,

a

gauche enfin,

a

Orthez meme, le général

Clausel, chacun avec deux divisions. Ce dernier

couvrait la rou te de Sault de Navailles. La cava–

leric surveillait les bords du gave. Chaque aile

était rangée sur dcux lignes, Ja seconde prete

a

appu ycr la premierc.

J,e 27 février au matin , lord Welliogton avait

passé le gave, et attaqué avec cinq divisions an–

glaises la droite des frarn;ais confiée au général

Reille, tandis qu'a l'extrémité opposéc le général

Hill avec une division anglaise , avec les Portugais

et les Espagnols, abordait le général Clausel

a

Orthez. La lulte avait été longue et acharnée, et

le général Reillc

a

droite comme le général Clau–

sel

i1

gauche avaient dignement soutenu l'hon–

neur de nos armes. Le général Clausel était resté

inébranlable

a

Orlh rz, et le général Reille, obligé

de rétrograder sur une seconde position, avait

néanmoins la certitude de se souteni.r, si par un

vigourcux emploi des deuxiemcs lignes, on recom·

men<;ait le combat contre un ennemi visiblement

épuisé. On pouvait, il est vrai , se trouver vaincu

apres ce oouvel cffort, o'ayant pour réserve, en

dehors des six divisions

engagée~,

que la hriga<le

du général Paris qui était composée d' un reliquat

de tous les corps. 11 pouvait se faire aussi qu'on

ftit

vainqueur: et alors les conséquences eusseot

été considérables. Ce son t la de ces questioos q ne

le caractere seul peut résoudre, car !'esprit s'y

perd. Le

maréch~l

Soult, considérant que cette

armée était la dernie1·e qui restat au midi de

l'Empire, avait jugé plus prudent de se retirer?

et avait opéré sa retraite sur Sault de Navailles,

¡¡pres avoir tué oti blessé environ six mille hom–

mes

a

lord Wellington, et en avoir laissé trois ou

quatre mille sur le champ de bataille. Les troupes

avaient conservé en se retirant un ordre admi–

rable, et inspiré un véritable rcspect

a

l'ennemi.

CONSULAT.

5.

Mais on venait d'abandonner un terrain bien

précieux, et

a

la suite d'une journée qui, sans

etre une bataille perdue, devait en avoir bientót

toute l'apparence, parce que l'ennemi serait au–

torisé

a

l'appeler ainsi en avanc¡ant, et parce

que les populations malveilllantes du Midi ne la

qualificraient pas autrement. Apres cette ba–

taille d'Orthez, il ne rcstait plus de poiot ou

l'on put s'arreter jusqu'a la Garonne. Bordeaux

allait done se trouver

a

découvcrt, et le grand

intéret politique auquel Napoléon avait sacrifié

lf0

mille hommes , qui , sur la Sein c, eussent sauvé

I'Empire, allait etre compromis. ll o'y avait

qu'une ressource, c'était que le maréchal Soult

prit sa ligne d'opération sur Bordeaux, et en fit

le but de sa retraite. On élait condamné, daos

ce cas, a livrer bataille encore une fois , au risque

d'etre battu, et puis, battu ou non ,

il

fallait se

replier sur Bordeaux, établir un vaste camp

r etranché autour de cette ville, et s'y défendre

comme le général Carnot

i1

Anvers. Il est vrai

que Bordeaux n'avait pas les murs d'Anvers;

mais

il

avait mieux ,

il

avait une belle armée,

qui, en s'appuyant sur cette ville, devait y etre

inexpugnable. N'y tint-elle que quinze

a

vingt

jours, c'était assez pour donner

a

Napoléon le

tcmps de décider du destin de la guerre entre

Paris et Langres.

Le maréchal Soult, craignant les renconlres

avec l'armée anglaise, qui avaient été presque

toujours malheureuses (grace, il faul le dirc,

a

nos généraux, et non point

a

nos soldats), avait

imaginé de manreuvrer, et au Jieu de couvrir

directemeot Bordeaux, de remonter vers Tou–

louse, croyant que les Anglais n'oseraient pas

s'acheminer sur Bordeaux, ¡tant qu'íl serait sur

leurs flanes et leurs derrieres. Ce genre de calcul,

convenable

a

Napoléon dont on avait peur, n'était

pas aussi fondé de la part de ses lieutenants, qu'on

ne redoutait pas

a

bcaucoup pres aut:mt que Jui .

L'événement le prouva bientót. En effet, lord

\.Vcllington qui, en atlirant

a

lui une partie des

troupes laissées autour de Bayonne, disposait de

plus de 70 mille hommes , pouvait en détacher

'l O

ou

12

mille vers Bordeaux, ce qui suffisait

pour soulevcr cette ville, et en garder 60 mille

pour suivre le maréchal Soult sur Toulouse.

C'est ce qu'il ne manqua pas de faire. Tandis

que le maréchal Soult prenait le chemin de Tar–

bes, lord Wcllington détacba de Mont-de-1\larsan

le marécbal Béresford avec u·ne coloone de

troupes anglaises et portugaises, et celui-ci trou–

vant. Bordeaux saos défensc y entra le

12

mars.

50