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PREMIERE

ABDICATION. -

!üAns

i8U.

4!i7

geant avec raison que l'Aube n'était pas tenable,

que la position de Troyes elle-meme pouvait etre

tournée de tout cóté, s'étaient repliés sur la

Seine entre Nogent et l\fontereau, livrant

a

eha–

que pas de vigoureux eombats d'arriere-garde.

Le prinee de Schwarzenberg les avait suivis,

avait réoecupé Troyes, et bordé la Seine de No–

gent

a

Montereau . Il avait p'ris la ferme résolu–

tion, Blucher avanc;ant sur París, de ne pas le

laisser avancer seul.

l\iilitairement la situation s'était done fort

gatée pendant les dix ou douze jours employés

p:;r Napoléon

a

eombaltre Blucher. Politique–

ment, elle était singuliercmenL empirée.

Les confércnces de Lusigoy avaieot été défini–

tivement abandonnées, le prince de Schwarzen–

berg n'en ayant plus besoin pour se débarrasser

de la poursuitede Napoléon, etNapoléon s'obsti–

nant

a

eaeher une question de frontiercs sous

une question d'armistice. En entrant

a

Troyes,

le prinee avait eongédié les commissaires qui

avaient essayé un inslant d'arreter l'effusion du

sang par une suspension d'armes. Du reste,

il

l'avait fait avee regret, et contraint unique–

ment par !'esprit qui régnait daos la coali–

tion.

A Chatillon également on était

a

la veille de

rompre. Nous avons <lit qu'en faisant signer

a

Chaumont le traité du 1

er

mars, lord Castler eagh

avait obtenu qu'on fixat un délai fatal, aprcs le–

qucl on cesscrait d'attendre le contre-projet de–

mandé

a

M. de Caulaincourt. Le délai fixé était

eclui du 10 mars, et on avait déclaré

~

l\L de

Caulaincourt qu'apres le 1O mars le congres se–

rait dissous, et toute négoclation remise jusqu'a

la destruction des uns ou des autres. Le prince

Esterhazy, envoyé secrctement par

l\'I.

de Metler–

.oich

a

M. de Caulaincourt, lui avait r enouvelé

le

conseil de traiter, de traiter

a

tout prix, car

ce rnomen t passé on ne voudrait plus négocier

avec Napoléon, et on viscrait

a

luí óter non–

seulement le Rhin, maís le tróne. M. de Cau–

laincourt avait mandé ces détails au quartier

général, en suppliant l'Empereur de luí permeltre

de se désister en quelques points des bases de

Francfort, car, s'il persistait dans ses résolutions,

la négociation serait rompue

a

l'instant, et apres

a grandeur, son existence meme serait miseen

question.

'

Ce qu'écrivait M. de Caulaincourt, d'apres les

avis enveloppés, mais sinceres, du prince Ester–

hazy, était rigoureusernent exact. A l'impatience

d'entrer

a

París qu'éprouvait Alexandre,

a

la

haine furieuse qui animait les Prussiens, étaient

venuess'ajouler les excitatíons du partí royaliste.

1'1.

de Vi trolles .expédié, commc on l'a vu, avec

une commission avouée de l\L de Dalberg, mais

non avouée de M. de Talleyrand, avait réussi,

apres beaucoup de traverses,

a

gagner le quar–

tier général des alliés, et

a

s'y faire admettre,

en se servant des signes de reeonnaissanee dont

il

était porteur pour l\f. .de Stadion. Quoiqu'il

fó.t tout

a

faít inconnu des ministres de la eoali–

tion, ils avaient fini par prendre confiance en

lui , en écoutant son langage sincere et passionné,

en écoutant surtout .l'énumération des noms

considérables dont

il

s'autorisait. C'

était.le

pre-

. mier message sérieux que recevaient les souve–

raios alliés, et

il

produisait chez eux, outre

beaucoup de satisfaction, un redoublement de

eourage, car l'espérance de trouver dans Paris

meme un partí qui leur en ouvrirait les portes,

et une

fois

entrés les aiderait

a

eonstituer un

gouvernement avec lequel ils pourraient traiter,

cette espérance, d'abord tres-vive quand ils

avaient passé le Rhin , tres-affaiblie depuis en

voyant si peu de manffestations royalistes écla–

ter autour d'eux, se réveillait maintenant, et

augmentait for·t leur résolution de marcher en

avant. Ils avaient longuement questionné M. de

Vitrolles sur l'intérieur de París, s'étaien t plaints

de n'en rien savoir, et lui avaient répété le

theme en usage, que, n'étant pas venus pour ou

contre la cause d'une dynastie, ils ne songe–

raient

a

écarter Napoléon du tróne que si la

Prance en manifestait le vreu formel, qu'alorsils

seraient b eureux de conlribner

a

la délivrer du

joug qui pcsait sur elle et sur l'Europe. A cela

M. de Vitrolles, s'appuyant des noms de l\IM. de

Talleyrand et de Dalberg, fort appréciés au eamp

des alliés, et beaucoup plus que les noms les

plus qualifiés parmi les royalistes, avait répondu

que la France, tremblante sous la tyrannic im–

périale, n'osait pas manifester ses véritables sen–

timents; que sachant d'ailleurs les eours de

l'Europe occupées

a

négocier

a

Cbatillon avec

Napoléon, elle était encore moins disposée

a

le–

ver contre lui l'étendard de la révolte, étendard

que les souverains armés n'osaient pas lever

eux-memes, mais que si on rompait définitive–

ment avec luí , les monarques alliés verraient

éclater autour d'eux un élan unanime en faveur

de la maison de Bourbon . 11 était malheureuse–

ment vrai que l'aversion de la Franee pour le

despolisme et pour la guerre affaiblissait en elle

l'horreur de l'étranger' et que, bien qu'elle eut