PREJ.\UERE ABDICATION. -
MARS
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Russes l'idée fausse qu'a Craonne les Prussiens
avaient cu la volonté d·e les laisser écraser. Cette
prévention, déraisonnable comme la plupart de
celles qui s
'élever.itentre alliés faisant
la
guerre
ensemble , avait amené entre eux une més·intel–
ligebce des plus graves ; et une bataille, ou per–
sonne ne se ménagerait, était, outre toutes les
nécessités militaires que nous avons rapportécs,
une véritable nécessité morale et politique. Par
ces diverses raisons, Blucher avait résolu de
défendre Laon a ontrance, et
il
avait pris daos
celte vue de fort bonnes dispositions.
Les troupes pl'assiennes, qui n'avaient pas
combattu la veille, étaient, partie sur la hauteur
de Laon, partie en plaine , en face des faubourgs
de Semilly et d'Ardon que nous venions d'enlc–
ver. Elles devaient défendre le poste principal,
celu·i meme de Laon. Sur le cóté, vers notre gau–
che et vers
la
droite de l'ennemi , Woronzoff se
trouv~it
entre Laon etClacy, vis-a-vis des hauteurs
boisées a travers Jesquelles nous avions débouché.
Les corps des généraux Kleist et d'York, confon–
dus en un seu l, étaient a l'extrémité opposée,
c'est-a-dire a notre droite et
a
la gauche des alliés,
faisant face a Ja route de Reims, sur laquelle Mar–
mont étaitattendu. RestaientSackenetLangeron,
que Blucher avait placés derriere la hauteur de
Laon , a l'abri de nos r egards comme de nos
coups, et en mesure, suivant le besoin, de se
porter Iibrement ou sur la ch.aussée de Soissons
ou sur celle de Reims. Blucher, daos l'ignorance
ou
il
était de nos projets, ne savait pas de quel
cóté aurait licu la principale attaque; il savai t
seulement par ses reconnaissances, qu'il y avait
des troupes fran<;aises sur
J.esdeux routes, et c'est
par ce moLif qu'i 1avai t disposé une grosse réserve
derriere Laon, pour la dirigcr sur le point ou le
danger se déclarerait.
Des que le brouillard fut dissipé, Blucher
fit
aUaquer le faubourg de Semilly dont Ney s'était
emparé
a
l'extrémité de la route de Soissons, et
celui' d'Ardon que Mortier avait enlevé un peu
a
droite de cette route daos l'intention de donner
la main a Marmont. L'infanterie de Woronzoff
attaqua Semilly et celle de Bulow Ardon. Comme
il est d'usagc dans un retour offensif, les Russes
et les Prussiens mirent une grande vigueur daos
leur attaque, pénétrerent dans les deux fau–
bourgs, et en expulsercnt nos soldats. Déja meme
la colonne de 'iYoronzoff, qui avait enlevé Semilly,
s'avancait en masse sur la chaussée de Soissons·,
et son°mouvement allait couper la retraite aux
troupes de Mortier , lesquelles expulsées d'Ardon
se trouvaient en l'air sur notre droite. A cet as–
pect, le maréchal Ney, se saisissant de quelqúes
escadrons de la garde, fond sur l'infanterie russe,
l'arrete court, donne
a
son infanterie le temps
de se rallier, et la ramene sur Semilly qu'il ré–
occupe victorieusement. Tandis qu'il accomplit
cet exploit sur notre front,
a
notre droite le
général Belliard, rempla<;ant Grouchy dans le
commandement de la cavalerie, se met
a
la tete
<les dragons d'Espagne (division Roussel), charge
a son tour l'infanterie de Bulow, la culbute, et
rouvre au corps de l\fortier le chemin d'Ardon.
Apres avoir plusieurs fois pris, perdu, repris
ces faubourgs de Semilly et d'Ardon, situés au
pied du rocher de Laon, les deu x armées reste–
rent acbarnées l'une contre l'autre autour de
ces deux points. L'ennemi rentrait dans la moi–
tié d'un faubourg, on l'en chassait, et aussitót
il
y revenait. Napoléon, dévoré d'impatience, en–
voyait aide de camp sur aide de camp au maré–
cbal Marmont, pour presser sa marche, car il se
flattait avec raison que l'apparition de ce maré–
chal produirait chez les coalisés un ébranlement
moral, dont on pourrait profi.ter pour les arra–
cher du pied de cette hauteur
a
laquellc ils
étaient si fortement attachés. Mais trois lieues
de marécages et de coteaux boisés
a
traverser,
au milieu d'une nuée de Cosaques, laissaient peu
d'espérance de communiquer avec Marmont.
En attendant, Napoléon pensant que s'il y
avait moyen de déloger Blucher du pied de ce
fatal rocher de Lao-n, c'était en le débordant,
chargea le brave Charpentier avec ses deux divi–
sions de jeune garde, lesquelles s'étaient cou–
vertes de gloire l'avanl-veille, de filer le long
des coteaux boisés qui enceignent la plaine, et
d'aller enlever le village de Clacy sur notre
gauche, d'ou l'on pouvait partir pour tourner
Laon par le faubourg de la Neuville et par la
route de Ja Fere.
Cet ordre fut vaíllamment exécuté. Le géné–
ral Charpentier, longeant le pied des coteaux, et
se tenant au-dessus des prairies marécageuses
de la plaine, tandis que des tirailleurs jetés en
avant dans les bois divisaient J'attention de l'en–
nemi, traversa successivemen t Vaucelles, l\fons–
en-Laonnois, et aborda enfin le village de C'Jacy
qu'occupait une division de Woronzoff. Friant,
avec une division de la vieille garde, le suivait
pour l'app>uyer au besoin. Charpentier se jeta
sur Clacy avec une telle vigueur, qu'il y pénétra
malgré la plus énergique résistance des Russes.
Nos jeunes soldats, exáltés par le carnage, égor-
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