Table of Contents Table of Contents
Previous Page  460 / 616 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 460 / 616 Next Page
Page Background

4!SO

LIVRE CTNQUANTE-TROISlEl\IE.

La journée du 8 ayant été accordée au rcpos

t

au rallicment des troupes , Napoléon résolut

de se porter le 9 mars au malin au milieu de Ja

plaine humide de Laon. C'était l'audacieux Ney

qui devait marcher en tete, et forcer le défilé

d'ÉtouvelJc

a

Chivy. Pour lui faciliter sa tache,

Napoléon ehargea le général Gourgaud de péné–

trer pcndant Ja nuit avec quelques troupes lé–

geres

a

travers les monticules boisés qui domi.

naient notre gauche, et de tourner le défilé en

apparaissant brusquement sur le flanc de la

chaussée entre Étouvelles et Chivy. La division

de dragons Roussel avait ordre , des que le défilé

scrait franchi, de se précipiter au galop sur la

ville de Laon, pour tacher d'y pénétrer pele–

mcle avec l'ennemi.

Le maréchal Ney, pour etre plus sur de

réussir, se mit en marche le 9, bien avant le

jour, lorsque les troupes alliées étaient encorc

plongées dans un profond sommeil. Les soldats

du 2e,léger, sous la eonduite de eet intrépide

maréchal, fondirent en colonne serrée sur Étou–

vellcs, y surprirent une avant-garde de Czerni–

cheff qu'ils passerent au

fil

de l'épée, et, apres

avoir occupé ce pelit village, se jetercnt sur

Chivy dont ils s'cmparerent égaJement. 11 arriva

memc que Ja pelitc colonnc du général Gour–

gaud, chargée de tourner le défilé, ayant trouvé

plus de difficulté que la colonne principale, ne

parut dcvant Chivy qu'apres le maréchal Ncy.

Elle se réunit toutefois

a

lui au momcnt ou

il

entrait daos la plaine de Laon. La division de

dragons Roussel s'élan<;a alors au galop sur la

chaussée; mais elle ful contenue par la mi traille

d'unc batterie de douze pieces, qui lui tua quel–

ques hommes avec un chef d'escadron. Il fallut

done s'arreter et altendre l'infanterie avant de

songer

a

l'attaque de Laon. Du reste, le défilé

qu'on a ait cru si redoutable était beureusement

franchi, et toutc l'armée pouvait se déployerdans

la plaíne. Ney e rangea en avant de Chivy, vis–

a-vis du faubourg de Semilly. (Voir la car t'e nº 64.)

Charpentier prit position

a

gauche avec les deux

di i ions de jeune gardc du maréchal Victor,

Mortier

a

droite avec Ja seconde division de

·vieille gardc, et avec la division de jeune garde

Poret de Mor an . Friant,

a

la

tele de la principale

division de ieiJle garde, s établit ao centre, en

arrierc. Venaien

t

enfin Ja cavaler·ic et la réserve

d'artilleri , complétant un total de 56 millc com–

battants. Marmont,

a

troi licues sor la droite,

paré de Napoléon par des hauleurs boisées

ºtait aTec

12

ou

1-

mille hommes sur la route

de Reims, attendant notre canon pour se risquer

en plaine.

Un épais brouillard couvrait le bassin au mi–

Jieu ducruel Laon s'éleve, et on voyait

a

peine les

tours de la villc se dresser au-des u de ce

brouillard comme sur une mer. Favorisé par

eette brume épaisse, Ney se jeta sur le faubourg

de Semilly, bati au pied de

Ja

hauteur que la ville

couronne; Mortier, avee la division Poret de

Morvan, se jeta

a

droite, sur le faubourg d Ar–

don situé de meme. La vivaeité de l'a ttaque,

l'élan d'un bcurcux débul, le brouillnrd, tout

eontribua au sueccs de eette d011blc tentative.

En une heure, nous nous reodimes maitres des

deux faubourgs.

M'ais bientót, nous apcr<;umes

a

travers le

b1JOuillard qui commen<;ait

it

se dissiper, le site

singulier qui devait nous servir de champ de

bataille, et l'ennemi put se rassurcr e voyant Je

petit nombre de soldats qui venaient

a~taquer

ses

,cent mille hommes.

Laon s'éleve sur un pie de forme triangulairc

asscz semblable a un trépied, haut <le deux ccnts

metrcs, et dominant ele tout coté le bassin vcr–

doyant qui l'entoure. (Voir la carte nº 64.) La

vieillc villc, enceinte de murailles crénelées et

de tours, occupe en entier le sommet du terlrc.

Au pied, daos la plainc, se trouvent au sud les

deux faubourgs de Semilly et d'Ar<lon, que nous

venions d'occuper, au nord ceux de Ja Ncuville

a

gauchc, de Saint-Marccl au centre, de Vaux

a

droite, que nous ne pouvioas pas voir, paree que

la ville nous les cachait. Bluchcr, apres avoir cédé

le plateau de Craonne

a

nos efforts, était bien

résolu

a

disputcr la plaine de Laon, en s'attachant

fortement au rocher couronné de murs qui la

domine, et aux faubourgs batis tout autour. 11 y

avait daos son ame beaucoup trop de couragc,

de patriotisme, d'orgueil, pour abandonner

a

48 mille hommes un ehamp de bataille qu'il

occupait avec 100 mille, qui était de défense

facile, d'importancc capitale, et apres l'abandon

duquel il ne lui restait qu'a se retirer, sans

savoir ou il s'arreterait, car l'armée de Silésie

était séparée de l'armée de Bohemc de maniere

a

ne pouvoir plus Ja rejoindre. Le sor t de la

gucITe tenait done

a

cettc position de Laon et,

pour les uns comme pour les autres, il fallait en

etre maitrc ou périr.

Blucher avait uo motif de plus de se batlre en

désespéré. Par suite de lajalousiequi régnait ntrc

les Prussiens et les Russes, quoiqu'ils fussent l s

plus unis des coalisés, il s'était répandu chez les