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PREl\fIERE ABDICATION. -

lllA.Rs

18:14.

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du plateau, dans le vallon <l'Oulches, le canon

de Ney aux prises avec· Sacken, et s'effor¡;ant

d'enlever la forme d'Heurtebise. Le 'plateau

étant étranglé en cet endroit, il y avait peu de

distance entre l'extrémité du ravin de Vauclerc

et celle du ravin d'Oulches, et les deux maré–

cbaux combattaient fort pres l'un de l'autre.

(Voir la carte nº 64.) Ney s'était engagé dans la

vallée d'Oulches avec ses dc'ux divisions et la

cavalerie de Nansouty. 11 avait formé son infan–

terie en deux colonnes, et s'était avancé sous une

mitraille épouvantable, car les Russes avaient

accurnulé l'artillerie

a

chacun des débouchés. Les

soldats de Ney, jcunes et ardents, supportercnt

bravement ce feu, et parvinrent jusqu'au bord

du ,plateau. l\faisarrivés la ils trouvérent l'infan–

Lerie de Sackcn sur plusieurs lignes, les fusillan t

a bout portaut, et ils furent refoulés dans le fond

du ravin. Cependant le destin de la guerre dé–

pendait du résultat de cette bataille, et Ney ne

voulait pas que ce résultat dépendit de la mau–

vaise conduite des troupes qu'il commandait.

Sans se décourager, avec cet élan auquel ses sol–

dats ne résistaient jamais, il rallie ses bataillons

au fond du ravin, leur parle, les ranime, puis

imagine de les réunir en une seule colonne, et

de fondre au pas de course sur l'ennemi, afio de

ne pas lui laisser le temps d'user de ses feux. La

colonne se forme en effet avec la résoJution de

vaincre ou de périr, puis elle s'avance le long du

ravin, et parvenue

a

son extrémil.é, elle s'élance,

le maréchal en tete, sous une grele de bailes.

Elle vole, elle aborde comme la foudrc l'infan–

terie surprise de Sacken, la l'enverse et l'oblige

a reculcr. Cettc infanterie plic sous un pareil

efTort, et rétrograde jusqu'a un petit hameau

qn'on appelle Paissy, en laissant aux divisions de

Ncy l'espace nécessaire pour se déployer. (Voir la

carle nº 64.) Tandis que la gaucbe de Ney prend

pied sur le plateau, sa droite se jette sur la ferme

d'Heurtebise, y pénétre malgré la résistance de

I'ennemi, et tue tout ce qui l'occupait . Aprés

quelques instants, l'infanterie de Sacken, remise

de son émotion, essaye de regagner le terrain

.perdu, mais les soldats de Ney étant en position

égale dans ce moment, ne veulent pas céder le

bord du plateau si cherement aequis. De part et

d'autre on se fusiIJe presque

a

bout portant.

A

l'attaque de droite, Viclor, encouragé par le

succes de Ney, n;entend pas rester en arriere.

La division Boyer apres s'etre emparée de I'ab–

baye de Vauclerc, cherche

u

déboucher sur le

platean, et vient s'établir avec la division Char-

pentier

a

la lisiere d'un petit bois qui s'étend de

l'abbaye de Vauclerc au hameau d'Ailles. Placée

la, elle essuie sans s'ébranler le feu de soixante

pieces de canon. Ces deux attaques de flanc ayant

dégagé le centre, Napoléon,

a

la tete de la vieille

garde, gravit le plateau presque sans coup férir,

et vient prendre position en face de

la

ferme

d'Heurtebise. 11 forme ainsi une ligne qui relie

l'attaquc de Ney

a

celle de Víctor. Le retard de

notre artillerie nous laisse exposés au feu des

nombreux canons de l'ennemi. Pour compenser

cette inférioritéNapoléon cnvoie quatre batteries

de Drouot, qui accourent se déployer entre Ney

et Victor. Le fcu est alors moins inégal, mais

toujours horriblement meurtrier, et quoique

accablées de boulets et de mitraille, les deux divi–

sions Charpentier et Boyer se soutiennent avec

une hérolque fermeté.

A

gauehe, au centre,

a

droite, nous avions pris

pied sur le plateau,

mais

ce n'était pas assez,

il

fallait s'y maintenir, s'y étendre, et en chasser

l'cnnemi. Le momentétait ven u pour la cavalerie

de soutenir l'infanterie, car au dela de la forme

d'Heurtebise le terrain commence a s'élargir. Les

cscadrons de Nansoutyayant suivi Ney a travers

le ravin d'Oulehes, et ayant débouché avec luí

sur le plateau, passent entre les intervalles de ses

bataillons, et fondent sur l'ennemi, les lanciers

polonais et les chasseurs

a

cheval en tete, les

grenadiers en réserve. Ces braves cavaliers ,

trouvant ici l'espace pour se déployer, s'élancent

au galop, renversent plusieurs carrés russes, les

acculent sur le harnea u de Paissy, et n'ont qu'un

pas

a

faire pour les précipiter dans un ravin pa–

ralléle

a

celui d'Oulches, et donnant sur l'Aisne.

l\Iais en se repliant, l'infanterie russe démasque

une ligne d'artillerie qui tire

a

mitraille sur nos

cavaliers, et les arrete. Ils sont obligés de revenir

pour ne pas rester sous ce feu destructeur, et

sont suivis par douze escadrons russes. Ceux-ci

a leur tour chargent avec tant d'impétuosité

qu'ils

dépassent les grenadiers

a

cheval de la

garde demeurés en seconde ligne. A l'aspect de

cette bourrasque de cavalerie, les jeunes soldats

de Ney perdent contenance et s'enfuient vers le

ravin d'Oulches, d'ou ils s'étaient si bravement

élaneés

a

la conquete du plateau. En vain Ney,

se jetant au milieu d'eux, les appelle de sa forte

voix, de son geste énergique : ils fuient saisis

d'une terreur inexprimable, pbénomene assez

fréquent chez les jeunes gens, que leur émotion

rend aussi prompts

a

la faite qu'a l'attaquc. Na–

poléon, placé un peu en arriere et veilJant aux