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PRE~ffERE

ABDICATION. -

MAns

18.f.4.

449

dont la solution , hélas

!

ne dépendait pas du

génie de Napoléon, car dans- cecas elle o'eut pas

été un instant douteuse.

Napoléon, quoique satisfait de ce premier ré–

sultat et touché du dévouement de ses troupes,

était fort préoccupé du lendemain; mais sa réso–

lution de combattre, toujours déterminée par Ja

nécessité de vaincre Blucher a\'.ant de se reporter

sur Schwarzenberg, était la meme.

JI

ne délibé–

rait que sur un point, c'étaiféle savoir, mainte–

nant qu'il était maitre du plateau de Craonne,

par quel coté il descendrait dans la plaine de

Laon. Mais ici encore une nécessité, presque

aussi absolue que celle de combattre, le forc;ait

a

marcher par la chaussée de Soissons

a

Laon ,

et c'était la nécessité de se placer entre ces deux

villes, afin d'intercepter la route de Paris. Mal–

heureusement, cette cbaussée présentait beau–

coup plus de difficultés que celle de Reims pour

pénétrer dans la plaine de Laon. Parvenus

a

la

partie du plateau qui se trouve entre Aizy et

Filain (voir la carte nº 64) , il nous fallait tourner

h

droite, descendre dans la vallée de Ja Lette

entre Chavignon et Urcel, nous engager daos un

défilé, formé agauche par des hauteurs boisées,

a

droite par le ruisseau d'Ardon qui vient de

Laon, et qui est bordé de prairies marécageuses.

Oo rencontrait successivement sur son chemin

les villages d'Étouvelles et de Chivy, et on débou–

chait ensuite par la chaussée de Soissons dans la

plaine de Laoo. S'enfoncer avec toute l'armée

daos cet étroit défilé ou l'on n'avait guere que la

largeur de la chaussée pour manreuvrer, était

extremement dangereux. L'ennemi, en effet, en

occupant fortement les villages d'Étouvelles et de

Chivy, pouvait nous arreter court. Cependant il

n'y avait pas moyen d'opérer autrement, car se

reporter

a

droite pour prendre la grande route

de Reims

a

Laon, qui passe l'Aisne

a

Berry-au–

Bac, c'était découvrir celle de Soissons, et si on

avait

du

prendre en définitive cette route de

Reims, ce n'eut pas été la peine de perdre 7 mille

hommes pour conquérir le platcau de Craonne.

La grave raison de se tenir toujours a proximité

de Soissons l'ayant emporté daos la premiere

bataille, devait évidemment l'emporter dans la

seconde. En conséquence, Napoléon, qui avait

bivaqué le 7 au soir sur le plateau , vint s'établir

le 8 entre l'Aogc-Gardieo et Chavignon, a l'ou–

verture du défilé qui cooduit daos la plaine de

Laon. ll accorda cette journée de repos a ses

troupes, a.fin de les laisser respirer, et de donner

au maréchal Marmont le temps d'entrer en ligue.

CONSDLAT.

5.

1l voulait se servir de ce maréchal pour parer,

autant que possible, aux incoovénieots de la

situation daos laquelle

il

était forcé de s'enga–

ger. Le maréchal l\farmont venait de recevoir de

París une nouvelle division de réserve, com–

posée, comme celles que commandait le géoéral

Gérard, de bataillons de ligne formés

la bate

dans les dépóts. Elle était de 4

mille

conscrits,

ayant comme les autres quinze

a

vingt jours

d'incorporatioo, mais conduits par des officjers

qu'exaltaicnt le danger de la France et l'hooneur · .

meoacé de nos armes. Cette division placée sous

les ordres du duc de Padoue, portait

a

12 ou

1.

5 mille hommes le corps du maréchal Marmont,

et a 48 ou 50 mille le total des forces de Napo–

Jéon, déduction faite des perles de la bataille de

Craoone. 11 imagina de diriger le corps du duc de

Raguse sur Ja route qu'il ne voulait pas suivre

lui-meme, celle de Reims

~

Laon. Ce corps, pas·

sant par Festieux, et n'ayant pas grande diffi–

culté

a

vaincre, viendrait s'établir sur notrc

droite daos la plaioe de Laon, et, attiran t

a

luí

l'attentioo de l'eonemi, faciliterait

a

notre colonne

principale le passage du défilé d'Étouvelles

a

Chivy. (Voir lacarte n° 64.) Saos doute,

il

y avait

du danger, meme dans cette précaution, car sur

notre gauche Napoléon débouchaot par un dé–

filé étroit, sur notre droite Marmont débouchant

a

découvert dans la plaioe de Laon,

a

une dis–

tance l'uo de l'autre de trois licues, pouvaient

etre accablés successivement, avant d'avoir eu le

temps de se dooner Ja main. Mais que faire?

Ou

n'y avait-il pas danger, et danger plus grand que

celui qu'oo allait braver? 11 n'était pas possible

en effet de se détourner de Blucher sans l'avoir

battu ;

il

n'élait pas possible de suivre en masse

la route de Reims sans livrer celle de Soissons,

c'est-a-dire de Paris; des lors le débouché par le

défilé d'Etouvelles

a

Chivy étant la suite d'un

eochainement de nécessités, il fallait s'y rési–

goer, en diminuant de son mieux les difficuJtés

de l'opfration. Évidemment on se donnait plus

de chances de forcer le défilé en ajoutant

a

t'at–

taque de gauche une démonstration accessoire

sur la droite. D'ailleurs, une fois l'obstacle

vaincu, Napoléon s'appliquant

a

s'éteodre rapi–

dement

a

droite pour donoer

In

main

~t

Mar–

mont, et celui-ci ne se commettant qu'avec me–

sure dans la plaine de Laoo, les principaux

daogers de cette maniere d'opérer pouvaient etre

conjurés. Au surplus oo n'avait,

1

nous le répé–

tons, que le choix des périls. Le plus grand de

tous eut été d'hésiter et de ne pas agir.

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