PRE~ffERE
ABDICATION. -
MAns
18.f.4.
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dont la solution , hélas
!
ne dépendait pas du
génie de Napoléon, car dans- cecas elle o'eut pas
été un instant douteuse.
Napoléon, quoique satisfait de ce premier ré–
sultat et touché du dévouement de ses troupes,
était fort préoccupé du lendemain; mais sa réso–
lution de combattre, toujours déterminée par Ja
nécessité de vaincre Blucher a\'.ant de se reporter
sur Schwarzenberg, était la meme.
JI
ne délibé–
rait que sur un point, c'étaiféle savoir, mainte–
nant qu'il était maitre du plateau de Craonne,
par quel coté il descendrait dans la plaine de
Laon. Mais ici encore une nécessité, presque
aussi absolue que celle de combattre, le forc;ait
a
marcher par la chaussée de Soissons
a
Laon ,
et c'était la nécessité de se placer entre ces deux
villes, afin d'intercepter la route de Paris. Mal–
heureusement, cette cbaussée présentait beau–
coup plus de difficultés que celle de Reims pour
pénétrer dans la plaine de Laon. Parvenus
a
la
partie du plateau qui se trouve entre Aizy et
Filain (voir la carte nº 64) , il nous fallait tourner
h
droite, descendre dans la vallée de Ja Lette
entre Chavignon et Urcel, nous engager daos un
défilé, formé agauche par des hauteurs boisées,
a
droite par le ruisseau d'Ardon qui vient de
Laon, et qui est bordé de prairies marécageuses.
Oo rencontrait successivement sur son chemin
les villages d'Étouvelles et de Chivy, et on débou–
chait ensuite par la chaussée de Soissons dans la
plaine de Laoo. S'enfoncer avec toute l'armée
daos cet étroit défilé ou l'on n'avait guere que la
largeur de la chaussée pour manreuvrer, était
extremement dangereux. L'ennemi, en effet, en
occupant fortement les villages d'Étouvelles et de
Chivy, pouvait nous arreter court. Cependant il
n'y avait pas moyen d'opérer autrement, car se
reporter
a
droite pour prendre la grande route
de Reims
a
Laon, qui passe l'Aisne
a
Berry-au–
Bac, c'était découvrir celle de Soissons, et si on
avait
du
prendre en définitive cette route de
Reims, ce n'eut pas été la peine de perdre 7 mille
hommes pour conquérir le platcau de Craonne.
La grave raison de se tenir toujours a proximité
de Soissons l'ayant emporté daos la premiere
bataille, devait évidemment l'emporter dans la
seconde. En conséquence, Napoléon, qui avait
bivaqué le 7 au soir sur le plateau , vint s'établir
le 8 entre l'Aogc-Gardieo et Chavignon, a l'ou–
verture du défilé qui cooduit daos la plaine de
Laon. ll accorda cette journée de repos a ses
troupes, a.fin de les laisser respirer, et de donner
au maréchal Marmont le temps d'entrer en ligue.
CONSDLAT.
5.
1l voulait se servir de ce maréchal pour parer,
autant que possible, aux incoovénieots de la
situation daos laquelle
il
était forcé de s'enga–
ger. Le maréchal l\farmont venait de recevoir de
París une nouvelle division de réserve, com–
posée, comme celles que commandait le géoéral
Gérard, de bataillons de ligne formés
a·
la bate
dans les dépóts. Elle était de 4
mille
conscrits,
ayant comme les autres quinze
a
vingt jours
d'incorporatioo, mais conduits par des officjers
qu'exaltaicnt le danger de la France et l'hooneur · .
meoacé de nos armes. Cette division placée sous
les ordres du duc de Padoue, portait
a
12 ou
1.
5 mille hommes le corps du maréchal Marmont,
et a 48 ou 50 mille le total des forces de Napo–
Jéon, déduction faite des perles de la bataille de
Craoone. 11 imagina de diriger le corps du duc de
Raguse sur Ja route qu'il ne voulait pas suivre
lui-meme, celle de Reims
~
Laon. Ce corps, pas·
sant par Festieux, et n'ayant pas grande diffi–
culté
a
vaincre, viendrait s'établir sur notrc
droite daos la plaioe de Laon, et, attiran t
a
luí
l'attentioo de l'eonemi, faciliterait
a
notre colonne
principale le passage du défilé d'Étouvelles
a
Chivy. (Voir lacarte n° 64.) Saos doute,
il
y avait
du danger, meme dans cette précaution, car sur
notre gauche Napoléon débouchaot par un dé–
filé étroit, sur notre droite Marmont débouchant
a
découvert dans la plaioe de Laon,
a
une dis–
tance l'uo de l'autre de trois licues, pouvaient
etre accablés successivement, avant d'avoir eu le
temps de se dooner Ja main. Mais que faire?
Ou
n'y avait-il pas danger, et danger plus grand que
celui qu'oo allait braver? 11 n'était pas possible
en effet de se détourner de Blucher sans l'avoir
battu ;
il
n'élait pas possible de suivre en masse
la route de Reims sans livrer celle de Soissons,
c'est-a-dire de Paris; des lors le débouché par le
défilé d'Etouvelles
a
Chivy étant la suite d'un
eochainement de nécessités, il fallait s'y rési–
goer, en diminuant de son mieux les difficuJtés
de l'opfration. Évidemment on se donnait plus
de chances de forcer le défilé en ajoutant
a
t'at–
taque de gauche une démonstration accessoire
sur la droite. D'ailleurs, une fois l'obstacle
vaincu, Napoléon s'appliquant
a
s'éteodre rapi–
dement
a
droite pour donoer
In
main
~t
Mar–
mont, et celui-ci ne se commettant qu'avec me–
sure dans la plaine de Laoo, les principaux
daogers de cette maniere d'opérer pouvaient etre
conjurés. Au surplus oo n'avait,
1
nous le répé–
tons, que le choix des périls. Le plus grand de
tous eut été d'hésiter et de ne pas agir.
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