PREMIERE ABDICATION. -
FÉVRIER
!8!4.
437
Boyer (d'Espagne), Friant avec Ja vieille garde,
Drouot avec Ja réservc· d'at'ti11eric, et cnfin 9
a
10
millc hommcs de cavalerie, soit de la garde,
soit des dragons d'Espagne, le tout s'élevant,
comme nous venons de le dire ,
a
5!:> mille
hommes. Par sa réunion aux maréchaux Mor–
tier et l\farmont, il devait en avoir bien pres de
ñOmille.
Avant de quitter Troyes, il prit, suivant son
habitudc, diverscs mesures relatives a l'admi–
nistration militaire et
a
la politique. La conscrip–
tion, qui au lieu des six cent mille hommes
décrétés, en avait procuré
120
mille, finissait
par ne plus rien fournir du tout. On profitait en
effet du profond ébranlement imprimé
a
l'auto–
rité impériale pour ne point obéir a une loi uni–
vcrsellement détestée. Au lieu de quatre a cinq
mille conscrits qui jusqu'alors arrivaient quoti–
dicnnement a Paris, et qu'on versait a la bale
dans les cadres de la garde ou de la ligne,
il
n'en arrivait pas mille. 'fout au contraire, dans
les départements que l'ennemi avait traversés,
l'exaspération patriotique était au comble, et on
y pouvait trouver des recrues en assez grand
nombre et de tres-bonne volonté. Napoléon
ordonna une sorte de levée en masse dans les
départements envahis, sous le prétexte d'appeler
dans ces départcmenls les gardes nationales
a
la
défensc du pays, et ne voulant pas laisser les
hommes dans les cadres des gardes nationales
qui n'avaient pas grande valeur, il les
fit
verscr
dans les régiments de ligue, avcc promesse de
libÚalion des que l'ennemi serait rejeté au dela
des fronticres. Il réitéra la pressante recomman–
tion de luí cnvoyer des vivres
a
Nogent par la
Seine, et de plus un équipage tlc pont, sans le–
quel tous ses mou vements étaient aussi difficiles
qu'en pays étranger. A ces ordres il ajouta la
rccommandation, souvcnt adressée
a
sa fcmme,
a
son frerc Joscph, .a L'archichancelier Camba–
cércs, au ministre de la gucrre, de n'avoir pas
pcur, du moins de ne pas le laisser paraitre,
d'exécuter promptement et ponctuelloment ses
inslructions, et puis, commc
il
avait coulume de
le dire,
de le laisser /aire,
promettant, si on le
secondait, d'avoir bientót précipité la coalition
dans Je Rhin.
Les commissaires pour l'armistice, réunis de-
caractere il fa ul
a
la guerre pour prendre ses résolutions sm·–
lc- champ , surtouldans une position aussi grave que celle ou
se trouvait Nt1poléon, position ou le premier faux mouvemenl
dcvail le prnlrr,
0 11
ne pcut trop admiÍ"cr
la
précision, la vi–
gueur de comluitc d'un capitaine qui, une heure apres avoi1·
puis le 24
a
Lusigny, n'avaicnt pas cessé de dis–
puter sur Ja limite qui séparer ait les armées
belligérantes. Napoléon en partant cojoignit
a
M. de Flahaut de continuer les pourparlers, et
de céder mcmc sur divcrs points, moyeonant
que la place d'Aovers et la ·vme de Chambéry
fussent 'comprises daos Ja lignc de démarcation.
Quoiqu'il n'attendlt ríen de ces pourparlers,
il
ne voulait se fermer aucune voic de négociation.
l'\J.
de Caulaincourt lui conseiUait toujours l'a–
bandon d'une partic des bases ;de Francfort, et
Jui demandait un contre-projet, que les plénipo–
tcntiaires a Chatillon réclamaient avec instaoce,
conformément aux ordres venus de Chaumont.
Napoléon dicta une réponse pour ces plénipo–
tentiaires.
l\f.
de Caulaincourt devait dire qu'on
élaborait au quartier général Je contre-projet
désiré, mais qu'au milieu de mouvements mili–
taires si multipliés, il n'était pas étonnant que
l'Empereur des Frarn;ais, qui était a la fois chef
de gouvernement et chef d'arméc , o'eút pas
trouvé Je temps d'achever un serllblable travail.
11 dcvait déclarer, en attcnd:rnt, que Je projet
préscnté a Cbatillon étant non un traité de paix
mais une capitulation, on ne l'accepterait ja–
mais; que la France devait daos l'intéret géoéral
cooserver son ancienne situation en Europe;
que pour qu'il en füt ainsi,
il
fall ait qu'ellc r e<¡út
l'équivalent des extensions de lerritoire acquises
par la Prusse, la Russie et l'Autriche, aux dépens
de la Pologne, par l'Allemagnc aux dépens des
États ecclésiastiques, par l'Autriche aux dépens
de Venisc, par l'Angleterre aux dépcns des
Hollandais et des princes iodiens; que la France
devait done s'étendre fort au dela des limites
de
1
1790, que de plus elle ne consentirait jamais
a
ce qu'on décidat sans elle du sort des États
11u'e1lc aurait cédés. De la sorte Napoléon indi–
quait sur quclles bases il se proposait de négo–
cier, mais sans s'expliquer avec précision sur les
fronlicres qu'il prétendait conserver, ce qu'il ne
voulait fairc qu'apres de nouveaux succes entie–
rcmcnt décisifs. Il r ecommanda au duc de
Vicence de donn er a croire qu'il étai t toujours
a
Troyes , occupé
a
y r éuoir des ressources , et
a
y préparer un projet de tr aité en répoose
a
celui
de Chatillon. 11 voulut de plus que le cooseil de
régeoce, composé des grands dignitaires et des
recu un avis, mel ses troupes en marche, et ne reste en ar–
riérc de sa personnc que pour cachcr plus longtemps ses pro–
jets
a
l'ennemi, et donner, pcndant que ses. troupes chemi–
nent, des ordres qui cmbrassenl
a
la fois la dircction de
tontes les armées et le gouvcrn cmcnt d'un vaslc empil'e.
•
•