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PREl\IIERE ABDICATJON. -

FtVRIER

mu.

455

En conséquencc, lord Castlercagh imagina une

alliancc solennelle entre l'Angleterre, la Russie,

l'Autriche et la Prusse, par laquelle chacune de

ces puissances s'engagerait

a

fournir un contin–

gent permanent de

rno

mille hommes, jusqu'a

ce que la guerre actuelle fUt terminée confor –

mément

a

Jeurs désirs. Les 600 rnille hommes

que ce concours de chacun devait mettre a la

disposition de Ja ligue, étaient indépendants de

tout ce qu'on exigerait des puissances secon–

daires, et devaient par celles-ci etre portés a

800 mille hommes. L'Angleterre ne pouvant pas

cependant fournir

t

50 mille hommes de ses

propres troupes, s'obligeait

a

les donner en

troupes

a

sa solde. Elle en avait déja pres de

J

00 mille en Espagne, y compris les Anglais, les

Portugais, les Espagnols, et

il

luí était facile

avec les Hanovriens, les Allemands de toute ori–

gine, les Hollandais, de réunir un nouveau con–

tingent de 50 mille hommes.

Elle aurait ainsi, indépendamment de son

role maritime, un róle continental presque égal

a

celui de chacune des trois grandes puissances

du continent. Elle y pouvait ajouter-une influence

que seule elle était capable d'exercer, celle de

la richesse, et lord Castlereagh prit sur lui d'of–

frir pour toute la durée de Ja.guerre un subsi<le

annuel de

~

millions de Ji vres sterling

{HSO

mil–

lions de francs), a partager par tiers entre la

Russie, la Prusse et l'Autriche. C'était de Ja part

de l'Angleterre un doublc concours a l'reuvre

commune, triple meme en eomptant sa marine,

qui devait Jui assurer sur toutes les autres puis–

sauees une supériorité décisive, et lui donner la

certitude que les arrangements de la future paix

n'auraient d'autre base que ses désirs.

Moyennant ces stipulations on devait se pro–

mettre les uns aux autres de n'écouter aueune

proposition particuliere, et de ne traiter qu'en

commun avec l'ennemi commun, d'apres des

conditions arretées entre tous. Lord Castlercagh,

voulant en outre pourvoir

~

!'avenir, et enchai–

ner les puissances

a

l'reuvre qu'elles auraient

accomplie,

eon~ut

la pensée de les lier pour

vingt années au dela de la paix prochaine.

Chacune d'elles en effet deYait, la guerre termi–

minée, tenir 60 mille hommes (total 240 mille)

au service de celui des alliés que la France es–

sayerait d'attaq_uer, si, la paix conclue, elle re-

" nouvelait ses agressions eontre ses voisins. C'était

un ·moyen de garantir l'existence des deux

royaumes dont l'Angleterre désirait ardemment

la création, celui des Pays-Bas parce qu'il nous

CONSULAT.

5.

ótait Anvers, celui du Piémont parce qu'il nous

otait Genes.

,

ll y avait meme une idée qui commeni;ait a

germer parmi les diplomates de la coalition,

c'était non-seulement de donner des possessions

sur la gauche du Rhin a la maison d'Orange,

mais d'en donner aussi

a

la

Prussc, afin de la

placer en état perpétuel de jalousie

a

l'égard de

la France. Cette idée s'était offerte des 1805

a

}'esprit de M. Pitt, et recueillie depuis par lord

Castlereagh, elle paraissait un accessoire impor–

tant du nouveau royaume qu'on voulait créer

en réunissant la Belgique

a

la Hollande. Agréa–

ble

a

la Prusse, que cependant elle compromet–

tait envers nous, cette combinaison n'avait pas

de contradiction bien grande

a

craindre, car,

écraser la France, l'enfermer dans un cercle de

fer apres l'avoir écrasée, était alors le vreu, l'es–

pérance, la joie de tout le monde. l\'Iais c'était

aussi pour chacun l'occasion d'cxiger la satisfac–

tion de ses intérets particuliers. Ainsi la Russie,

par exemple, demandait pour prix des arrange–

gements auxquels elle se preterait, que la Hol–

lande la tint quitte des emprunts contractés

a

Amsterdam. L'Angleterre, comme on l'a déja

vu, pour cornpléter son ouvrage, voulait marier

la princesse Charlotte, héritiere de la couronne,

avec le fils du prince d'Orange, et placer en

quelque sorte sous un meme sceptre, outre les

trois royaumes britanniques, la nouvelle monar–

chie des Pays-Bas.

En imposant

a

l'Anglelerre des charges énor–

mes, le nouveau traité luí procurait de si grands

avantages, que le hardi ministre n'avait pas

hésité

a

le proposer, et

a

s'y attacher comme

a

son reuvre essentielle. En conséquence, lord

Castlereagh en présenta le projet aux puissan–

ces avec lesquelles

il

gouvernait les affaires de

l'Europe.

Proclarner une nouvelle alliance pour toute la

durée de Ja guerre, et valable cncore vingt ans

apres la paix, afin de maintenir le nouvel édifice

européen qu'on aurait créé, devait convenir

a

tous les contractants, car memela paix conclue,

on ne cessait pas de craindre les cntreprises

que Ja Frauce pourrait faire ultérieurement. Les

propositions de lord Castlereagh furent done

accueillies et signées

a

Chaumont le

1ermars.Ce

fut la le fameux traité de Chaumont, qui a serví

de fondement

a

la Sainte-Alliance, et qui, pen–

dant pres de quarante années, a dominé la poli–

tique curopéenne, jusqu'au jour ou l'Europe

s'est enfin aperi;ue qu'il y avait ailleurs qu'en

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