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PREl\IIERE

ABDICATION·. -

Ftvnrnn

181 4.

429

on en vint

a

la discussion de la ligne de démar–

cation. Le commissaire frarn;ais proposa la

sienoe, conforme aux vues que nous vcnons

d'exposer; les commissaircs alliés proposerent

la leur, conforme aux résolutions politiqucs de

lcurs cours. Ils voulaient au nord s'avanccr jus–

qu'a Lille, ils consentaient

a

rétrogradcr de quel–

ques pasen Champagnc et en Bourgogne, admet–

tant la discussion sur la possession de Vitry, de

Chaumont, de Langre:;, mais ils tenaient obsti–

nément

a

Chanibéry, et reproduisaient ainsi,

a

I'exemple de Napoléon, les prétentions fonda–

mentales de leurs cours par la voie indirccle de

l

'armistice.On

disputa, et on eut encorc rccours

a

de nouvelles instructions' ce qui devait pro–

longer de quelques jours la négociation.

On pouvait rompre

a

cette occasion, car

il

était facile de voir qu'on ne s'entendrait pas,

a

moins de nouveaux et graves événemcnts mili–

taires . .Mais

il

ne convenait

a

aucune des partics

de rompre sur-le-champ, car les pourparlers ne

suspendant pas les hostilités ne nuisaient

a

per–

sonne, et le prince de Schwarzenberg espérait

que pcut-etre il en résulterait quelque ralentis–

sement dans les opérations de Napoléon. Napo–

léon de s-on cóté, quoique bien décidé

a

conti–

nuer la lutte, sentant pourtant le besoin d'une

paix prochaine, ne voulait pas fcrmer

la

nou–

velle voic de négociation qui venait de s'ouvrir

a

ses cótés.

11

pouvait toujours la clore d'un seul

mot, et en la laissant ouverte

il

avait une res–

source pour un cas pressé, il avait le moyen

d'arrcter daos un péril extreme le bras des com–

battants. Il permit done

a

son commissaire de

disputer avec les commissaires ennemis sur les

innombrables sinuosités d'unc Jigne de démar.. ·

cation qui,

cornmen~ant

a

Anvcrs, allait finir

a

Chambéry.

Pendant ces deux jours de pourparlcrs , 24 et

2?'.i Jévricr;

il

commi~

malheureusement un acle

de

vengeanc~,

double résuftat du calcul et de la

colere.

·

. En entrant

a

Troyes il fut"assailli par les ·cris

d'unc partic de la population qui dénon<;ait quel–

ques indiv.idus, coup11bles, dis·ait-elle, d'avoir

pactisé avec les ennemis

p'end~nt

leur séjour

dans la capital<;

d~

la Champ.agne·. Bíen que tout

le monde fó.t fatigué qu régime impériai, poúr–

lant

a

In

vu~-_

de 1'-ét:iang·er. et au nom des .'.Bour: ·

hons; cettc. µnanimité disparai'ssait• pour fair.e .

pl:;tce aux vfeilles. dívisióris ;des partis. Les

parti~

sans de l'artCienne. royauté,-, eñ :.:se .moritrant, ·

réveillai_ent. dahs le cceur des partisans de.

.¡~

r évolution une colere assez naturclle, surtout

lorsqu'on voyait ces royalistes demander aux

enoemis de la France le triomphe de leur cause.

A Troyes, deux chevaliers de Saiot-Louis, MM. de

Vidranges et de Gouault, prenant la cocarde

hlanchc,avaientprésenté

a

Alexandre une adresse

pour réclamer le rétablissement des Bourbons.

C'était

Ja

premiere rnanifcstation decegenre que

les souveraios alliés eussent rencontrée sur

leurs pas, et Alexandre, avec un scntiment d'hu–

manilé qui l'honorait, ne manqua pas de faire

remarquer

a

ceux qui avaient osé se la permet–

tre, que rien n'étant pfüs variable que le mouve–

ment des armées, tour¡'¡ tour cxposées

a

s'avan–

ccr ou

a

reculer, que rien surtout n'étant moins

décidé qu'un changemept de dynastie en France,

il craignait qu'.ils n'eussent commis une impru–

dence qui pourrait leur devenir funeste. Malgré

celte observation, l'imprudence était commise,

et les royalistes de Troyes n'avaient rien fait

pour l'atténuer . Ils avaient mis au contraire une

sorte d'osten lation, assurément courageuse,

i1

se parer de leur cocarde blanche.

La population de Troyes, bien qu'elle comptat

beaucoup de royalistes dans son sein, était trcs–

irritée conlre ceux qui avaient paru sympathiser

avec l'ennemi. Aussi les dénonciations retentis–

saient-elles de tous cótésauxoreilles de Napoléon

lorsqu'il entra dans la ville. En entcndant Je

récit de ce qui s'était passé,

i1

éprouva un vif

mouvement de colerc, et

il

ordonna l'arreslation

de ceux qu'on lui signalait cornme coupablcs.

La réflexion, au lieu de calmer cette colere, con–

tribua plutót

a

l'exciter. On apprenait en ce

1110-

ment l'apparition de

1\1.

le comte d'Artois en

Franche-Comté, celie de

l\f.

le duc d'Angouleme

en Guyenne, celle de

l\L

fo.

duc de Berry sur les

coles de Bretagne. Il pouvait arriver que des sou–

levements royalistes favórisassent les mouve–

merits des armées ennemies, et fusscnt mcme

pour

~aris

d'un funeste excmple. Napoléon

r~solut

alors d'arreter les entreprises des partís

par une mesure sévere,' qui, en frappant sur un

ou deux imprudents, en retiendrait beaucoup

d'autres. Le délit commis

a

Troyes était facile

a

constater, les lois

a

appliquer malheurcusement

peu douteuses, et l'instrument des commissions

militaires, que l'élat de guerre autorisait-, aussi

rapide qu'assuré. Napoléon donna done l'ordre

d'arreter les inculpés, et de les fairc comparai–

tre devant cette justice exceptionnelle.

.l\J.

de

Vidranges, !'un des deux personnages désignés,

·. s'était enfui. M. de Gouault, vieillard

a

cheveux