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PRE:MIERE ABDICATION. -

.FÉVRIER

{814.

4,27

capables de servir la cause des Bourbons.

11

y avait ccpendant

a

París un genlilbomme

du Dauphiné, doué de beaucoup d'esprit et de

courage, engagé aulrefois da ns l'armée de Condé,

qui, quoique ayant conscrvédesscnlimentsroya–

listes, s'élait rapproché de son compatriote

l\J.

de

Montalivct, qui lui avait fait obtenir le litre de

baron et celui d'inspectcur des. bergcries irnpé–

riales. l\fais mal rattaché

a

l'Empire par ces demi–

faveurs, il scnLait tressaillir son creur

a

la seule

espérance de revoir les Bourbons en France. Ce

gentilhomme dauphinois élait M. de Vilrolles.

Ayant le gout de se meler aux hornmes en place,

par curiosité et par ambition, il étail entré en

rclalion avec le duc de Dalbcrg, qui connaíssait

tous les gens remuants et en était connu, et par

Je duc de Dalberg avait élé introduit chez M. de

Talleyrand, qu'il visitait quclquefois.

l\I.

de Dal–

berg cherchant un intermédiaíre lwrdi qui osat

se rentlre au qu:irtier géoéral de la coalition,

pour y transmcttrc les pensées de l\f. de Talley–

rand et les siennes, avait songé

a

M. de Vitrolles,

ctl'avait trouvé tout

ft

faitdisposé

a

ent1·cprendt•e

un pareil voyage. Le difficile e'était d'accréditer

1\1.

de Vitrollcs aupres des grands pcrsonnages,

souvcraios ou ministres, qui tour

a

tour síé–

gcaient

a

Langres,

a

Ilrieone,

a

Troyes, selon les

alternativés de la guerre. Un seul homme le pou–

vait de maniere

a

faire accueillir sur-le-champ

I'indivídu quiviendrait en son nom, et ect homme

élait

i\f.

de Tnllcyrand. l\'fais jamais il n'auraít

voulu confirr

a

qui que ce füt une prcuve posi–

tive de son nctioo eontre le gouvernemcnt établí,

eL il s'étaít refusé

a

envoycr autre chose <JUe des

conseils fort sensés, qui seraient traosmis verba–

lemcnt aux souverains et aux ministres <le la

coalition. M. de Dalberg, qui ne se ménageai t

gucre Iorsqu'íl pouvait faire un pas vers son lmt,

suppléa

a

ce que n'osnit se permettre

l\L

de Tnl–

leyrand. Allemand d'origine,

il

avnit bcaucoup

fréquenté

a

Vienoe M. de Stadion : il fournít

a

M. de Vitrolles quelqucs signes de rcconnaissa nce

proprcs

a

constater d'une maniere Cel'taine que

crlui qui en élait porteur se préscntait de sa part,

et le mit en roule avcc la mission de rapporlcr

ce que nous venons d'exposcr, ce que le comlc

Pozzo di Ilorgo répétait lous les jours

a

l'empc–

rcur Alcxandre, c'est-a-dire qu'il fallait romprc

toute négociation avcc Napoiéon, et marchcr

droit sur París. L'armistice qui parnissait se né–

gocier aux avant-postes, et dont la nouvelle était

déja répnndue

a

París, était aux yeux du duc de

Dalberg une raison de se háter, et de faire savoir

le plus

tót

possible aux coalisés que toute main

tendue par eux

a

Napoléon le relevait au moment

meme ou il allait tomber. Apres avoir entrelenu

les ministres et les souverains étrangers,

l\I.

de

Vitrolles devait se rendre aupres du comte d'Ar–

tois, qu'on disait en Franche-Comté, pour lui

donner aussi des avis utiles, dont ce princc avait

encore plus besoin que les ministres de la coali–

tion.

l\'L

de Vitrolles partit par la route de Seos,

avec des posse- ports supposés, et sa ns que M. de

Roví go en sut rien , le secret ayanl été renfermé

entre MM. de Talleyrand, de Dalberg et de Vi–

trolles. Obligé de lraverse1· ies armées frarn;aises

et coalisées, il avait

a

vainere de nombreuscs dif–

ficultés , et ne pouvait arriver promptemcnt au

quarlicr général vers lequel

il

se dirigeait.

Tandis que se préparaícnt aínsi les sourdes

rnenées qui dcvaientconlribuer, beaucoup moins

toutefois que ses fautes,

a

la chute de Napoléon,

celui-ci était entré

a

Troycs, et s'était occupé de

l'armístice dont il avait accueilli

la

proposition.

L'armistiee, comrne moyen de fairc gagner du

temps aux coalisés et de luí en faire pcrdre

a

lui-meme, ne luí convenait certainement pas,

car il voulait au conlraire les joindre au plus

vite, pour leur livrer une bataille décisive. l\Iais

cet armíslice

]uj

convenait comme moyen de

négocier plus dírcctemcnt, plus pres de luí, et

sous l'impression des coups qu'il portait chaque

jour.

11

avait done consenti

a

cnvoycr I'un de ses

aides de earnp aux avant-postes, et avait confié

eetle mission

a

l\i.

le comle de Flahaut. II luí

avait donné pour instructions

1

de repousser

toute suspension d'armcs pendant ces pourpar–

lers, ne voulant pas pour u_n écbange de propos,

pcut·etre insignifiant, laisser éehapper le prinee

de Sehwarzcnberg; d'exiger un préarnbule dans

Jequel on commenecrait par déclarer qu'on allait

trailer de la paix sur les bases de Francfort,, et

de traecr cnfin la ligne de séparalion entre les

armées bclligérantes de maniere

a

impliquer la

conscrvation pour la Franee de Maycnce et

d'Anvcrs. Si ces cond ilions étaie11 t admises ,

Napoléon pouvait en etfct déposcr les armes,

car

il

n'auraít probablcment plus

a

les rcpren–

dre, ayant l'intention bien formelle de ne pas

poursuivre la lutle si on lui laissait la ligne du

Rhin et des Alpes. 1\fais déposer les armes sans

avoír la garantíe des bases de Francfort, e'était

a

1

Ces inslruclions exislcnt

a

la secrétairerie d'Élat, et

n'élnienl pas, c.omme on ra dil, pnrement verbales. Le sen

en est done connu d'une maniern tout

a

fait cerlaine.