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LIVRE CINQUANTE-TROJSIEl\fE.
blancs, compromis par les autres, n'avait
p~s
songé
a
se dérober aux poursuitcs. 11 fut arrete,
jugé, condamné, et livré an bras militaire.
Un homme excellent, écuyer de l'Ernpereur,
dévoué
a
sa fortune , M. de i\'lesgrigny, origi–
naire de Chnmpagne, prcssé de sauvcr des com–
patriotes, accourut avec la famille du condamné
pour se jeter aux pieds de Napoléon. Celui-ci,
dont la colere était promptc, mais passagere, a
la vuc des suppliants laissa prévaloir en lui la pi–
tié sur le calcul, et dit : Eh bien, qu'on lui fasse
grace, s'il en est tcmps. - On courut en toute
hate, mais l'infortuné vieillard était fusillé.
Napoléon éprouva un regrct véritable, mais
quand
¡¡
tombait
a
chaque instant des milliers
d'etres humains antour de lui,
il
n'était pas
homme
a
s'arreter a de pareils incidents. Il re–
porta son ame infatigable sur le théatre des
immenSQ_S événements qu'il avait a dirigcr, et
qui se succédaient avec une rapidité prodigieuse.
En ce moment en effet de nouveaux mouvements
de l'cnnemi se laissaient aperccvoir, et provo-
, quaient, dans son génie de feu, de nouvelles et
formidables combinaisons.
Le prince de Schwarzenberg s'étai t retiré sur
Chaumont, ayant laissé
it
Bar-sur-Aube les Ba–
varois du maréchal de WrCde , les Russes du
prince de Wittgenstein, et le Jong de l'Aube les
Wurtembergeois du prince royal avec le corps
nutric~ien
de Giulay. II avait
a
Chaumont meme
les gardes russe et prussienne, et un corps de
grenadiers et de cuirassiers qui faisait partie des
réserves autrichienncs. Il avait détaché une
portion du corps de Colloredo par Dijon sur
Lyon, pour aller au secours de Bubna. Ses
forces étaient ainsi tres-diminuées, et il ne lui
rcstait guere plus de 90 mille combattanls.
Blucher était demeuré entre la Seinc et
l'Aube, de Méry
a
Arcis , avec les
48
mille
h ommes qu'il avait pu r éunir, attendant irnpa–
tiemment le signa! de la grande bataille dans
laquellc il se flattait, non-seulement de vengcr
ses récentcs humiliations, mais de trouver les
clefs de Paris. Lorsqu'on apprit dans son état–
major que le généralissime avait abandonné
l'idée de livrer cette bataille, et avait meme r é–
trogradé jusqu'a Langres, ce fut, comme on
l'imagine aisément, l'occasion d'un décbaine–
ment inoui: contre les Autrichiens, contre leur
faiblesse, leur duplicité, leurs arriere-pensées.
J,e temporiseur autrichien, le prince deSchwar–
zenberg, fut traité comme ses pareils Je sont en
tout temps par la race des impatients, et on se
mita dirc que s'i les troupes du pere de Marie–
Louise faisaient défection , on n'en marcherait
pas moins
SUL'
París, et qu'on saurait bien s'en
ouvrir la route, malgré Napoléon, maJgré son
armée soi-disant victorieuse. On se
l~tait
en
effet si bien ouverte
a
l\fontmirail et
a
Vau–
champs, qu'il y avait de quoi etre fiers et eon–
fiants
!
Pourtant dans ce fougueux état-major prus-
sien, on n'avait d'a utre autorité pour ngir que
celle qu'on prcnait en désobéissant au roi de
Prusse, et bien qu'on fUt encore tres-disposé a
user de ce gcnre d'autorité, on n'était pas assez
audacieux pour s'aventurer sur París · avec
48
mille hommes. On cut recours au moyen ac–
coutumé, on s'adressa
·a
l'empereur Alexandre
qu'on avait la certitude d'entrainer en le flat-
tant, et on lui dépecha des émissaires pour lui
demander deux choscs : liberté de mouvements
pour l'armée de Silésie, et augmentation notable
de forces, qu'il était du reste facile de lui pro–
curer. Cette augmentation pouvait consister dans
l'adjonction des corps de Bulow et de Wintzin–
gcrode, l'un prussien, l'autre
russe~ui
apres
avoir laissé dans les Pays-Bas des détacbements
employés au bloeus des places,
s'avañ~aient
a
lravers les Ardennes. 11 fallait, il est vrai, les
rctirer
a
Bernadotte, sous les ordres duquel ils
se trouvaient, mais on ne manquait pas dans ce
moment de raisons contre Je prince suédois. On
contestait chez les Prussiens sa capacité, son
courage, sa loyauté : on l'appelait un militaire
sans énergie, un traitre a l'Europe, qui occupait
a
lui seul plus de 100 mille hommes pour son
affaire de la Norwége, et qui exposait ainsi la
coalition
a
succomber faute de forces suffisantes
sur le point décisif. Bernadotte, il cst vrai, avait
fini par marcher sur Je Rhin, et s'était foit pré–
céder par les .corps de Bulow et de Wintzinge–
rode. Mais , disaient les Prussiens, il userait
toujours de ses forces dans des vu es person–
nelles, pour se faire, par ex!'Jmple, empereur des .
Frarn;ais, s'il pouvait du tróne de Suede s'élan-
cer sur celui de France. En lui ótant les
?JO
mille
hommes de Bulow et de Wintzingerode pour .
les confier
a
Blucher, celui-ci aurait 100 mifle ' .
hommes sous son commandement, et pourrajt ·.
en se port.ant sur les derrieres de Napoléon faire· \,
évanouir le fantóme qui tenait le prince ·
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Schwarzenberg immobile d'effroi a Chaumon:t; .
Tel éta it le langage que les envoyés de
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étaient chargés de tenir a l'emper.eur"Alex.11nd4,
et qu'ils avaient, sauf ce qui était
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