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PfiEMIERE ABDICATION. -

Ftvnrnn

i8U.

451

son protégé Bernadotte, grande chance de faire

accueillir.

Alexandre écouta ce qu'on lui dit avec beau–

coup de satisfaction et de faveur. Quelques

jours s'étaient écoulés depuis les échecs de Nan–

gis et de Montereau, et sa vive imagination, re–

mise des fortes impressions qu'elle avait éprou–

vées, s'enflamma de nouveau des qu'on Jui

montra la perspective d'cntrer

a

Paris. 11 agréa

les propositions de Blucher, et provoqua un

conseil des coalisés pour les mettre en discus–

sion.

Ce

conseil, auqucl assisterent outre les

trois souvcrains, MM. de Metternieh, de Nessel–

rode, de Hardenberg, Casllereagh, le prince de

Schwarzenberg et les principaux généraux de la

coalition , fut fort animé. Alexandre attaqua

l':wmistice et

le

systeme

de

la temporisation,

insista sur la nécessité de pousser vivcmcnt Ja

guerre, et déelara que, quant

a

lui,

il

était prét

h

la continuer avec son ti.dele allié Je roi

de

Prusse, si ses autres alliés l'abandonnaient,

a

quoi l'empereur Franc;ois répondit en dcman–

dant si on ne Je rangcait plus dans le nombre

des alliés sur lesquels on avait raison de comp–

ler . La-dessus on se tendit la main, et on con–

vint de la nécessité d'agir promptement et vi–

goureusement, de maniere

a

ne Jaisser aucun

répit

a

l'ennemi commun. Aprcs quelques expli–

cations on se· trouva pl us d'aecord qu'on ne

l'avait espéré. De part et d'autre on rcconnut

que l'armistice ne compromettait rien, puisqu'il

ne suspendait pas

mcm~

les hostilités, et que

toute stipulation qui directement ou indirecte–

menl aurait pu déroger aux p1·opositions de

Chatillon avait été soigneusement écartée. Il n'y

avait done rien de changé a la situation des

puissauces alliées. On s'arrctait,

il

est vrai,

u

Chaumont, mais par une prudence toute simple,

pour se tenir

a

quelque distanee de Napoléon,

pendant qu'on s'affaiblissait pour expédier sur

Dijon des secours reconnus indispensables au

comte de Bubna. Du reste, la formation d'une

armée puissante qui pourrait agir sur les flanes

de Napoléon, et le ramcncr en arriere, était une

.bonne mesure, qu'il n'y avait aucunc raison de

1ie pas prendre, si l'on en avait le moyen. Des

lors accorder au maréchal Blucher la liberté de

. ses mouvements, et Je renforcer jusqu'a doubler

so.n armée, si on le pouvait, ne faisait objection

" dans Pesprit de personnc. La diffieulté consistait

~-ñiq"Q.ei.nent

a

priver le jaloux et susceptible

. B~rl:ra-.dotte.

d~

deux corps qui conslituaient la

. . ineiJléute partie des forces placées sous son

..

: _

commandcment. Déja

il

s'était plaint, avait memc

proféré des menaces, plll·ce qu'on ne semblait

pas estimer assez haut ses services, et avait laissé

entrevoir qu'il pourrait bien rentrer sous sa

tente, et s'y croiser les bras. Diverses causes lui

avaient inspiré ces dispositions chagrines. L'Au–

triche n'avait cessé de protéger le Danemark

contre la Suede, et on avait refusé d'admettre

au coogres de Chatillon un plénipotentiaire sué–

dois. Quant

a

ce seeond point, on se souvient

sans doute que l'Angleterre, la Prusse, la Russie,

l'Autriche, avaient reQu pouvoir de traiter pour

tous les coalisés, grands et pctits, et vraiment le

prioce Bernadotte par sa personne ne donnait

pas asscz d'imporlance

a

la Suede, pour qu'on

accordat

a

celle-ci le role de sixieme grande puis–

sance. A ces deux causes

de

mécontentement s'en

joignait une troisieme, plus agissante quoique

moins avouée. Le ministre d'Angleterre, sondé

plusieurs fois sur les projets de la coalition

a

l'égard du tróne de France, avait dit netlement

au curieux BernadoUe, que les puissances ne

faisaient point Ja guerre pour substituer une

dynastie

a

une autre, que les questions de gou–

vernement intérieur ne les regardaient point, et

qu'elles laisseraient Ja France décider de son

sort dans Je cas ou une nouvclle révolution vien –

drait

}1

éclater chez elle , mais que, pour ce qui

les regardait, les Anglais considéraient les Bour–

bons; comrne pouvant seuls rcmplaeer convena–

blement les Bonaparte. L'humeur du nouveau

Suédois, qui auratt bien voulu redevenir Fran-

9ais pour régner sur la France, était visible de–

puis Jors, et se manifcstait

a

chaque instant pour

la moiodre contrariété. On ne Je redoutait pas

sans doute, mais pourtant un trouble quelconque

l:lans les affaires de

Ja

eoalition, pendant qu'elle

avait toutes ses forces oceupées devant Napo–

léon

>

était une chose de quelque importance, et

on craignait de s'exposer

a

des difficultés en

ótant

[1

Bernadotte la portion la plus eonsidérable

de son armée.

On n'était arrcté que par cette crainte, et

Alexandre, malgré son désir de satisfaire le

bouillant Blucher, hésitait avec les autres mem–

bres du conseil, lorsque lord Castlereagh se Je–

vant soudaioement, et agissant comme une sorle

de providence qui disposait de tout, demanda

aux militaires si véritabfoment ils regardaient

l'adjonetion des corps de Bulow et de Winlzin–

gcrode

a

l'arméc de Silésie comme nécessaire.

Ceux-ci ayant répondu affirmativement,

il

dé:

clara qu'il se chargeait d'aplanir toutes les diffi-