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LIVRE CINQUANTE-TROISIEME.
la l\'Iarne et l'Ourcq, la droite
a
lUeaux, la gauche
a
Lizy, ils pouvaicnt conlenir l'ennemi pendant
trois ou qualre jours, rccevoir dans l'intcrvalle
des renforts de Paris. el altendre, sans courir
de trop grands périJs , l'arrivée de Napoléon, qui
ne manquerait pas de voler
a
Jeur seeours des
qu'il connaitrait leur siluation.
Ces dispositions excellentes ful'ent aussi bien
exécutées que bien
con~ues.
Le 27 au matin,
avant que Blucher put s'apercevoir de Ieur mou–
vement, les deux maréchaux seglissantpour ainsi
dire entre l'ennemi et Ja Marne, par la route de la
rive gauche qui est tangente aux divers contours
de cette riviere,
la
franchirent au pont de Tril–
port, laisserent la division Ri card pour défendre
ce pont,
et
se porterent
a
l\feaux. Tandis que le
maréchal l\Iarmont, la Marne franchie, arrivait
n
l\feaux par la rive droite, le général Sa ken y
arrivait par la rive gauche, et
déja
meme quclque
détachements russes avaient pénétré dan la vi lle
au midi, lorsque Je maréchal fondit ur eux
a
la
tete de 200 hommes, les repoussa, et fcrma sur
eux les portes. Au meme moment le général
.Vincent avait passé la l\Iarne
a
la Ferté-sou -
Jouarre, et avait pris position
a
Lizy, dcrriere
l'Ourcr¡.
I~es
deux maréchaux étaient ain i parvenus
avee
14
mille l1ommes seulemeot
tl
e sou traire
a
50 millc, et Blueher, qui aurait cid les enlever
l'uo et l'autre, avait la confusion de les voir
établis sains et saufs derriere la Marne et l'Ourcr¡,
et la position, de tres-périlleuse qu'elle était
pour eux, allait maintenant le devenir pour luí.
Ce mouvement terminé le 27 février, les maré–
chaux renouvelcrent
a
Napoléon l'avis de ce
qu'ils avaient foil, et
a
Joseph la demande de lous
les renforts
q~1'il
serait possible de leur envoyer
de París. 11 s'agissait en effet de sauver la capitale
encare une fois, et on ne pouvait pas employer
plus utilement les ressourees qu'elle contenait,
qu'en les dirigeant immédialement sur l\Ieaux.
Napoléon, informé des le 25 du mouvemcnt
de Blucher sur la l\Iarne, et connaissant le carac–
tcre présomptueux de ce général, ne doutait pas
des imprudences qu'il allait commeltre, et s
préparait
a
les lui faire payer cher
1 •
Sans perdre
1
Le duc de Raguse , iguorant, comme toujout's, les molifs
de apoléon, el Je j ngeant trcs-Jégcrem en t, lui l'Cprochc de
n'étrc pa1·ti que Je 27, landis qu'il lui avait faitarl'iver Je 24
!'avis du mouvement de Blueher, el prétend que s'il avait agi
deux jours plus tól, la perle de l'urméc de Silésic etl
L
élé ccr–
laioe. La col'respondanee répond péremptoircmen
L
a ce re–
proche. L'avis du mouvcmcnt de Illucher, envoyé le 24 de
Sézanne, ne parvinl a Nnpoléon qt1 c lc25, el le 2li mcmc il fil
un instant, il avait ordonné au maréehal Vietor,
qui était resté entre Troyes et MéPy, de rétablir
Je pont de .l\Jéry sur la Seine, et de se porter
a
Plancy, pour y passer I'Aube. 11 avait prescrit
au maréehal Ney de quiller Troyes et de s'ache–
miner sur Aubeterre, pour franchir l'A ube
a
Arcis. Sa résolution était de quitter Troyes elan–
destinement avec 54 ou 55 mille hommes, d'en
laisser
a
peu pres autant devant celte ville, et de
se jeter sur le derrieres de Blucher, pour l'ac–
euler contre la l\Iarne, ou les maréchaux l\Jar–
mont et l\fortier le recevraient
a
la pointe de
leurs ba'ionneltes.
Le 26 au matin, les premiers renseignements
'élant confirmés, il
fit
partir de Troyes le reste
de
la
garde, et ré olut de partir lui-meme le
lendemain pour diriger ce nouveau mouve–
ment, qui, s'il réussissait, pouvait termíner la
guerre.
En prenant eette résolution ,
il
fallait laisser
en avant de Troyes des forces eapables d'imposer
au priece de Schwarzenberg. Napoléon confia
aux maréebaux Oudinot et Macdonald, et au
général Gérard, le soin de défendre
1
Aube en
eachant son absence le plus longtemps po ible.
Le maréchal Oudinot avait, oulre la division
Roth enbo urg de la jeune garde, la division Leva!
tirée d'E pagne, la moitié de la di ision Boyer
(également tirée d'Espagne), et la eavalcrie du
comte de Valmy. Le maréchal l\Jacdonald avait
Je
'1
i
º
corps avcc la cavaleric de l\filhaud; le
géoéral Gérard a ait le
2c
corps fondu avec la
réserve de París, et les cuirassiers de Saint–
Germai n. Le tout formait une masse d'un peu
plus de 50 mille hommes. Napoléon leur or–
donna de rejeter les . postes ennemis au dela
de l'Aube, et d'oceuper forlement le eours de
eetto riviere, soit au-dessus, soit au-dessous de
Bar-sur-Aub.e. 11 leur recommanda notamment
de faire apres son départ crier
vive l'Em–
perem·,
pour qu'on ne doutat pas de sa pré–
senee.
ll cmmena le maréchal Victor avec les divi–
sions de jeune garde Boycr et Charpcntier, Ney
avec les divi ions de jeune garde l\fcunier et
Curial, et la deuxieme brigade de Ja division
partir ielor de
Méry
pou1· Plnncy, Ney de Troyes pour Au–
beterrc. 11 n'y cut done pas une heure de perdue. Le 26, quand
l'inlen tion de Blucher ful bien démont.rée, Nnpoléon continua
ce mouvcmcnt, el
il
ne partil que le 27 de sa per onnc, parce
qu'il rlcvail donne1· a
S<.'S
troupe le lcmps rlc marche!'. L'avis
élant arrivé Je 2li, le 27 es troupes éluienl rcndues
á
llerbis, e
nu dela de l'Aubc. On ne pouvait done pas agi1· plu vite, et
qunncl on suit quelle stirelé de jngemcnt, quelle vigucur de