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LIVRE CINQUANTE-DEUXIEl\IE.

et se jeta ensuite sur le pont de Méry qui est ·

tres-long, parce qu'il embrasse plu ieurs bras de

riviere et des terrains marécogcux. Ce pont ur

pilotis avait été

a

moitié incendié; néanmoins

nos tirailleurs courant sur

la

tete des pilotis, en–

gagcrent un comuat fort vif avec les ti railleurs

de l'cnnemi, et parvinrent

a

'emparer de Méry.

Mais bientót un incendie éclntnnt dan cettc ville

a

laquelle les Russes avaient mis le feu, arreta

nos progre . La chaleur devint tellemcnt intense

qu'il fallut céder la place, non

a

l'cnnemi' mais

a

!'incendie, et regagner le bords de In einc.

Au meme instant des troupes nombrcusc s

montrerent en dehors de Méry, et on dul renon–

cer

a

pa ser outre. Ces troupe qu'on 11per evait

n'étaicnt ni le Russes du prince deWittgcn leio,

ni Je Bavaroi du mar chal ele Wrcde, qn iJ au–

rait été nalurel de r encontrcr dans cette dircc-

1.ion , c'étaicot les Prus icns ux-meme qu e, le

1

~.

Iortier poursuivait au dela de la

~farne

et

qui avaient semblé hors d cause pour quelqu e

temps. En sept jours ils s'étaient done ralliés,

et ils étaient revenus, avec qui ? sou la con luite

de qui ? Voila ce qu'on avait lieu de se deman–

der, et ce que Napoléon sed manda en ifet a ce

un juste étonnement.

Il le sut bicntót par de pri onnicrs et par des

rapporls Ycnus des bords de la Marne. Depui

qu'il avait battu en déta il le quatre orp de

l'armée de Silésie, ces corps ava icnt cherché

n

se remcttre de leur défaite, et y avaient. en partic

réussi. Se scntant vivement poursuivi sur

la

route de Soissons, les généraux d' ork et Sacken

s'étaient rejetés a droite, et pnr Oulchy, Pismc ·,

Reims, avaicnt regagné Chalons, oli Illucher lcur

avait donné rendez-vous. (Voir la <:arle nº 62.)

Réunis aux débris de Kleist et de Lang ron il

formaient un corps de 52 mille hornmc . L'or–

gueil de cctte arméc était cruellcmcnt humilié .

Composée de ce qu'il y avait de plus arden t

parmi les Russes et les Prussicns, ayant asa tele

l'a udacieuxBlueher et tous les affiliés du Tugeud–

Bund, elle ne se consolait pas, aprcs avoir tan t

raillé la timidité de l'armée de Boheme, d'avoir

essuyé de tels revers. Aussi le désir de rentrer

en scene était-il des plus vifs dans ses raogs, et

elle avait le méritc de vouloir

a

tout risque

réparer son désastre. Une occasion avait paru

s'offrir, et elle l'avait saisie avec empressement.

Marmont aprcs la terrible journée de Vau–

champs s'étnit arreté

a

Élo{;es. Une pareille in–

terruplion de poursuite de la part des Fran<;ais

indiquait clairement que Napoléon, répétant

contre l'nrmée de Bobeme la manreuvre qui lui

avait i bien réussi conlre l'armée de Silésie, s'é–

tait rejeté sur le prince de Scbwarzenberg. Cette

conjecture prenait le caractere de la certitude,

si l'on songeait que le prince de Schwarzenberg

'étant avancéjusqu'a Fonlainebleau et Provins,

Napoléon n'avait pas pu souffrir qu'il approchat

clavantage de Paris sa o courir

a

lui. Il n'y avait

d 's lors pour l'armée de ilésie qu'un parti

a

pr ndre, e éta it de se reporter tout de suite de

la i\Iarn e vers Ja Seine ou elle trouverait proba–

Ll ment le délacbement de Marmont laissé en

ob rvation, et sur Jeque] elle se vengerait des

quatre journées cruclles qu'elle \enait d'cssuyer.

C s ré olutions prises, Blucber n'avait donné

a

e troupe que deux jour de repos et avait

cavo ' courriers sur courricrs au prince de

chwnrzenberg pour l'informer de sa nouvelle

ntrepri e. L'arrivée de renforl assez considé-

rablc

1

avai t confirmé dan e projet .

11

n'avait

u ju qu'ici du corp de Klei t et de celui de

Langeron qu'un moitié

a

peu pres. Le reste de

ce deux corps, succes ivement r emplacés au

blocu de pinces, rejoignait dan le moment

mem . Le corps de Saint-Priest, dirigé d'abord

ver Coblentz, arrivait au si, et le

18,

en se met–

tant en marche de Chalons sur Arcis, le mnré–

chal lllu cher avait re<;u en ca alerie et infanterie

15

a

16

mille hommcs de renfort, de maniere

que on armée tombéc ous les coups de Napo–

léon de soixante et quelque mille bommes

a

52 millc, était déja revenue tout

a

coup a une

force d environ 48 mille combattants, et se trou–

vait pnr conséquent en mesure de tenter quelque

cho e de érieux tant il est vrai qu'a Ja guerre

Ja passion a souvent tous les effets du g énie,

parce q u'elle supplée a la puissance de !'esprit

par celle de la volonté

!

BJucher s'était done mis en route pour Arcis,

et ayant appris ehemin faisant que le prince de

Schwarzenberg, replié sur Troycs, l'y attendait

pour livrer bataille,

il

s'était dirigé en droite

ligne ur l\Iéry, afin d'a1·river plus tót ·au reodez–

vou , et de pouvoir tomber dans le ílanc de l'ar–

mée franrtaise qu'il supposait

a

la poursuite de

l'armée de Boheme.

apoléon rencontranL Blucher

a

l\Iéry sur la

rive droite de la Seine ne devait plus songer

a

s'y jeter lui-meme. N'imaginant pas toutefois

que le général prussien eüt pu reformer sitót

une armée d'une cinquantaine de millc hommes,

il s'inquiéta peu de son apparition, et ne déses–

péra pas de saisir le lendemain ou le surlende-