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BRIENNE ET l\'IONTMIRAIL. -

FÉVRIER

i81.4.

4i7

rnit un peu plus génée, un pcu plus dominée

par uneorgueilleuse rivale; qu'elle n'avait done

ríen

a

gagncr

a

une bataille qui dans un cas lui

ferait perdre tous les fruits ·de la bataille de

Leipzig, et dans l'autre la rendrait plus dépen–

dante qu'elle n'était de Ja Rm¡sie; que ce qu'ellc

pouvait vouloir, en ltalie par exemple, la Francc

le

lui concéderait tout de suite, en conscntant

a

rcpasscr les Alpes; qu'ainsi, sa ns cornpter les

liens du sang qui devaient étrc quelque chose

apres tout, l'intérét vrai de l'Autriche était de

condure la paix, aux conditions qu'elle-meme

avait offertcs

a

Francfort.

A ces raisonnements mélés de bcaucoup de

paroles douces et flatteuses pour l'cmpe1·eur

Fran<;ois, Napoléon en avait ajouté d'autres non

moins spécieux dans Ja lettrc dcstinée au prince

de Schwarzenberg, et bien fails pour toucher la

mémoire de ce princc, sa prudence rnilitaire, et

son orgueil que les généraux russes et prussiens

ne cessaient de froisser. Ces leltrcs furent expé–

diées l'une et l'autre

a

litre de réponsc

a

la der–

niere démarche du prince de Schwarzenberg.

Malheurem¡ement quoique tres-habilement rai–

sonnées et écrites , elles ne s'accordaient pas

complétement avec la situation morale des puis–

sances alliées, que Napoléon du milieu de son

camp ne pouvait pas biea apprécier. Sans doute

si l'Auttiche eUt été moins engagée dans les liens

de la coalition, si elle n'avait pas tant craint de

rompre cettc coalition qui, une fois rompue, la

laissait sous

la

maiu de fer de Napoléon, si elle

n'eut pas tant rcdouté le caractere de ce dernier,

ene aurnit pu préter l'oreille

a

des considérations

qúi sous bien des rapports répondaient

a

]'esprit

politique de l'cmpereur Fran<;ois, a la sagesse de

son premier ministre, et

a

l'amour-propre blessé

de son général en chef. Mais ces leltres, il était

a

croire qu'au Jieu de les garder pour elle, I'Au–

triche les montrerait a ses alliés, afin de mcttre

sa bonne foi a l'abri du soup9on, qu'alors on se

ferait de nouvelles protestations de fidélité, et

qu'on se serrerait plus étroitement les uns aux

autres pour résister

a

un ennemi qui tour

a

tour

était Jion ou renard.

JI

y avait done plus

a

ris–

quer qu'a gagner dans cette tentative auprcs de

la cour d'Autrichc.

Quoi ·qu'il en soit, Napoléon apres avoir vaqué

a

ces soins divers, et ses troupes étant parvenues

a

la hauteur ou

il

les voulait, partit du chateau

de Surville le 21 au matin, passa la Seine

a

Mon–

tereau et la remonta jusqu'a Nogcnt. 11 trouva

partou.t le pays tellement ravagé, que désespé-

coNSULAT.

5.

rant d'y vivre,

il

fit

demander avec instances des

munitions de bouche

·a

París. A Nogent meme

tout élait dans un état affreux par suite du der–

nier combat. 11 accorda sur sa cassette des se–

cours aux sreurs de charilé qui avaient pansé

les blessés sous les halles de l'ennemi, et

a

ceux

des habitants qui avaient le plus souffert.

Le lendemain 22, continuant

a

rcmonter la

Scine

il

se dirigea sur Méry, point ou le com's

de la Scine se détournc, et au lieu de décrirc

une lignc de l'ouest

a

l'cst, en décrit une du

nord-ouest au sud-est, de Méry

a

Troyes. (Voir

la carte nº 62.) 11 suivait Ja grande route de

Troyes, menant avec lui les troupes du maré–

chal Oudinot (division de jeune garde Rothen–

bourg, et division Boyer d'Espagne), la vieille

garde, les divisions de jeunc garde de Ney et de

Victor, la réserve de cavalcrie, et enfin la réserve

d'artilJerie. A droite par des chemins de traversc

s'avanc;aient le maréchal Macdonald avec . le

11

e

corps, et un peu plus

a

droite le général·

Gérard avec le

2e

corps et la réserve de Paris.

Sur l'autre rive de la Seine, aux environs de

Sézanne, Grouchy avcc sa cavalerie et Ja division

Leval s'apprétait

a

rejoindre Napoléon par No–

gent , et Marmont avec le

6e

corps occupait la

contrée d'entre Seine et Marne, pour observer

Blucher et se Íier avec le maréchal Mortier ex–

pédié sur Soissons. Les forces de Napoléon, sans

les troupes de l\farmon t, mais avec cclles de Grou–

chy et de Leva!, s'élevaient a cnviron 70 mille

hommes.

Napoleon s'atlendait toujours

l1

livrer bataillc,

et

il

Je désirait, car depuis l'ouverturc de Ja cam–

pagne

il

n'avait pas cu 70 mille hommes sous la

main, sans compter qu'il suffisait d'une journée

pour attirer Marmont

a

lui. Ainsi que nous

l'avons déja dit, cherchant une combinaison qui

put rendre cette bataille décisive ,

i1

avait re–

noncé a suivrc le prince de Schwarzenberg sur

la grande route de Troyes, et il avait imaginé

de passer la Seinc

a

Méry, de la remonter rapi–

dement par la rive droite en laissant le prince

de Schwarzenbcrg sur la rive gauche, de le de–

vanccr a la h auteur de Troyes, et alors de re–

passer la rivicre pour venir lui offrir la bataille

entre Troyes et Vandrenvres, apres s'etrc emparé

de sa proprc ligne de retraite. Si ce plan pou–

vait s'exécuter,

il

devait avoir incontestablement

d'immenses conséquences.

Le 22au matin les ordres étant donnés d'apres

ces vues, notre avant-garde refoula l'arrierc–

garde du princc de Wittgenstein vers Chatres,

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