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412

LIVRE

CINQUANTE-DE~XIEME.

grand besoin du temps qui luí était laissé, car ce

n'était pas seulement des troupes placées directe–

ment soussesordres qu'ilavaita s'occuper pcndant

ces deux jours, mais de cclles qui défendaient les

diverses frontieres de France, et qui n'exigeaient

pas moins que les nutres sa surveillance, et sur–

toutsa forte impulsion. Le général Maison, envoyé

en Belgique pour y remplacer le général Decaen

auquel Napoléon reprochait d'avoir abandonné

Willemstadt et Bréda, s'était efforcé de faire face

aux périls de tout genre dont il était environné.

Profitant de l'instant oú il avait asa disposition les

divisions dejeune garde Roguct et Barrois, il avait

fondu sur les Anglais du général Graham et sur les

Prussiens du· général Bulow, et les avait obligés

a s'éloigner d'Anvers. Mais bientót privé de la

division Roguet, réduit

a

la division Barrois et a

quelques bataillons organisés

a

la bate daos les

dépóts de l'ancien

1cr

corps, disposant tout au

plus de 7 a 8 mille hommes de troupes actives,

il s'était vu dans l'alternalive ou de rester en–

fermé dans Anvers, ou de se détacher de cette

place, pour essayer de couvrir la Belgique. TI avait

préféré ce dernier parti, de beaucoup le plus

sage, et avait laissé daos Anvers une garnison de

12 mille hommes, avec l'illustrc Caroot <lont

Napoléon avait accepté les services , noblement

offerts da ns ce moment extreme. 11 s'était reporté

ensuite sur Bruxelles, puis sur Mons et Lille,

jetant <;a et la dans les places du Nord les vivres

qu'il pouvait ramasser, les conscrits

a

demi ve tus,

a

demi armés, qu'il parvenait a tirer de ses dé–

póts. Tandis que Carnot supportait avec une im–

passible fcrmeté un horrible bombardement, qui,

du reste, n'avait point alteint la flotte, objet de

to utes les fureurs del'Angleterre, le général

l\fai–

son manreuvrant avec une poignéc de soldats

entre les autres places du nord de la France,

avait, autant que le permettaient les circon–

stauces, sauvé notre frontiere, et gardé une force

toujours active pour se rucr sur les détachements

ennemis qui se trouvaient

a

sa portée.

au conlraire, on pouvait, grace au coteau <le Survillc qui do–

mínait la rive opposée, s'emparer plus aisémenl du passage;

en outre le ponl étanl en piene ou a1•ail plus <le temps pour

le sauver. L'événemenl p1·ouva que Napoléon avail raíson.

Enlin l'espérancc de saisir le corps qui s'élait avancé jnsqu'a

Fontainebleau était un dernier molif capital ele préférer le

passage

a

Iontcreau. 'apoléon n'en essaya pas moins ele pas–

ser les trois ponls a la fois, en appuyanl elavantage sur le

dernier, qui ful le seul sur le<¡uel on réussiL 11 fil done tout

ce qu'il pouvait faire. Qu<1nl au temps perdu le

i9

el le 20 fé–

vrier, sa corre pondance démontre c¡n'il lrépignait d'impa–

lience pendant les benre employ es

a

lraverser Je ponl el la

pclile ville de :\Jontcreau.

Ca

défilé passé, il fallut la journée

Napoléon qui, daos sa pénible situation, était

fort difficile

a

satisfaire, poussait sans eesse le

général Maison

a

ne pas rester attaché a ses places,

a

prendre par derriere les troupes qui avaient

marché par Cologne sur la Champagne, et tour–

mentait de reproches immérités ce général qui

n'avait pas besoin d'etre excité, car

il

s'était

' montré habile, vigoureux et infatigable daos la

défense de cette frontiere.

Napoléon frappait plus juste en adressant des

reproches

a

Augereau, mais la encore, par l'ha–

bitude de demander plus pour avoir moins,

il

était beaucoup trop exigeant. Augereau, vieux,

fatigué, dégouté meme, avait ccpendant refrouvé

quelquezcleen préscnce du danger qui menac;ait

Ja France, et, en particulier, les hommes com–

promis comme lui dans la révolution . .Mais

il

avait

a

Lyon 5 mille cooscrits jetés da ns de vieux

cadres, et point de magasins, point de vivres,

point d'artillerie, point de chevaux. Malheurcu–

sement il n'était pas doué de cette aetivité créa–

trice avcc laquelleon peut tirer d'une grande

population toutes les ressources qu'elle contient.

11 avait néanmoins taché de fairc nourrir et ha–

biller ses conscrits par la municipalité Iyonnaise,

amené de Valence quelque artilleric, rappelé de

Grenoble la faible division Marchand, et envoyé

des aides de camp a Nimes pour y chercher la

division de réserve qui avait été destinée comme

celle de Bordeaux a passer du midi au nord. 11

était ainsi parvenu , da ns les premiers jours de fé–

vrier, a r éunir, outre les quelques mille hommes

de Lyon , 5 mille hommes venus de Nimes, et,

ce qui valait béaucoup mieux, 10 mille vieux

soldats détachés de l'armée de Catalogoe, et avec

ces forces

il

se préparait

a

cntrer en campagne.

Mais

i1

avait voulu accorder quclques jours de

r epos a ses troupes avant d'aller

a

la rencontre de

l'ennemi . Il était toutefois de la plus grande im·

portancequ'il se montrat, car son apparition vers

Chftlons et Besan<;on pouvait causer un trouble

extreme sur les derrieres des armées alliées, et

<lu 20 pour se concentrc1·

á

gauchc sur Nogent. JI n'y eut,

par conséquent, pas un moment perdu, el Napoléon qui

a

che–

val franchissail en trois heures les espace,; que son armée ne

parcourail qu·en vingl-c¡uatre, pu t reslcr de sa personne

a

Surville pou1· employer la journée du 20

il

ses affaircs géné–

rales, c¡ui n'élaienl pas moins urgentes que cclles qu'il di–

rigeail direclement. On voi t done c¡n'ici commc l?ujours

il

a raison contre ses critiques, lorsqu'il s'agil, bien en–

teudu, d'opél'ations m"ililnires. nlais, pou1· se convaincre de

cette vérité, il faul lire ses ordres el ses correspondances, que

les historiens, en écrivanL son hisloire, n'avaicnt pas eus jus–

qu·íci

a

leur dispositioo.