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408

LIVRE CINQUANTE-DEUXIEl\IE.

passé

a

Chatillon; il ignorait que M. de Cau–

laincourt, apres avoir re(fu les propositions les

plus révoltantes, avait éc1·it confidentiellement

a

1\1.

de

Metterni~h;

il ignorait que ce dernier

avait pris comme officielle ' et transmis

a

ses

alliés la lettre de M. de Caulaincourt qui n'était

que confidentielle, et qu'ainsi, pour le décider

a

s'arreter dans ses succes, on lui offrait pour la

Fraoce non-seulement le retour aux anciennes

frontieres de 1790, mais la renonciation au role

de puissance européenne; il ignorait tous ces

détails, san's quoi il eut accueilli bien différem–

ment I'envoyé autrichien. ll ne vit dans ce qu'on

lui proposait que le désir de suspendre sa marche

victorieuse, sans se douter des conditions de

paix qui étaient sous-cntendues, et, lui eut-on

présenté quelque chose de beaucoup plus accep–

table, ce n'cst pas au moment ou

il

pouvait par

un dernier succes changer Ja face des choses,

qu'il aurait r em is dans le fourreau son épée

victorieuse.

11

ajourna done sa réponse, et con–

tinua sa marche. Craignant loutefoís que M. de

Ca ulaincourt, dont !'esprit était en '{:lroie aux

plus cruelles angoisses, dont la société

a Cha–

tilion se composait exclusivement d'ennemis qui

Jui laissaient ignorer nos succes, ne cédat

a

tant

d'obsessions, et n' usat trop largement de ses

pleíns

po~uvoirs,

il luí écrivit, avant de monter

a

cheval pour se rendre a l\fontereau, la lettre

suivante:

«

Nangis, le f8 févri cr.

«

Je vous ai donné

carte blcmche

pour sauver

11

París et éviter une bataille qui était

la

derniere

" espérance de la nation. La bataille a eu lieu;

11

la

Providcnce a béni nos armes. J'ai fait

([ trente a quarante mille prisonniers; j'ai pris

" 200 pieces de canon, un grand nombre de

11

généraux et détruit plusieurs armées sans

" presque coup férir. J'ai enlamé hier l'armée

" du prince de Schwarzcnberg que j'espere

dé~

11

truirc avant qu'elle ai t repassé nos fronti eres.

" Votre attitude doit etre la meme; vous devcz

" tout faire pour la paix, mais mon intention

u

est que vous ne signiez ríen sa ns mon ordre,

11

parce que scul je connais ma posilion. En gé–

" néra1 je ne désire qu'une paix solide et hono–

" rabie, et elle ne peu t etre telle que sur les

" bases proposéesaFrancfort. Silesalliéseussent

u

accepté vos propositions le 9,

il

n'y aurait pas

" eu de bataille; je n'a urais pas couru les chances

" de la forlu ne dans un moment ou !c moindre

" insu cccs perdait la France, enfin je n'aurais

" pas conn u le secret de leur faiblesse :

iI

est

11

justequ'en retour j'aieles avantagesdeschances

1(

qui ont tourné pour moi. Je veux la paix, mais

" ee n'en serait pas une que celle qui imposerait

,, a la France des conditions plus humiliantes

u

que les bases de Francfort. Ma position est

u

certainement plus avantageuse qu 'a l'époque

a:

ou les alliés étaient

a

Francfort; ils pouvaient

" me bravcr, je n'avais obtenu aucun avantage

" sur eux, et ils étaient Ioin de mon terriLoire.

" Aujourd'hui c'est bien différent. J'ai eu d'im–

u

menses ava·ntages sur eux, et des avantages

u

tels, qu'une carriere militaire de vingt années

" et de quelque illustration n'en présente pas

u

de pareils. Je suis pret

a

cesser les hos'tilités

" et a laisser les ennemis rentrer tranquilles ehez

«

eux, s'ils signent des préliminairesbasés sur les

«

propositions de Francfort.

»

Si les coalisés se faisai ent des illusions, Napo–

Iéoo, on le voit, s'en faisait de bien grandes

également' et au lieu de se borner a repousser

ce qui était inaeceptable, exigeait ce que, dans

les circonstances, il était hors d'étnt d'obtenir!

Tandis qu'il employait de la sorte les premiers

instanls de Ja matinée du 18, le maréchal Viclor

avai t enfin marché sur Montereau, et y était

arrivé de tres-bonnc heure. Le général Pajo!,

apres avoir rallié ses troupes dans le bois de

Valen~e,

s'était reporté en avant 11vec sa cava–

lerie et quelques balaillons de gardcs nationales.

11

arrivait

ii

Ja

lisiere du bois de Valence au mo–

ment merne ou le maréchal Víctor débouchait

en face clu coteau de Surville, lequel domine Ja

Seine et la pctile ville <le Montereau. (Voir Ja

carte n° 62, et Je plan deMonter'eau carte n°65..)

Ce coteau, qu'on gravit par une pente

assez.mé

nagée en venant soit de Valence soit de Salins,

se termine en pente brusque du coté de la Seine.

De son somrnet on aper11oit

a

ses pieds la ville de

Montereau, les deux rivieres qui viennent s'y

réunir, et le pont de

la

Seine, objet de grands

prix que les dcux armées a!Iaient se disputer

avec furie. Si on enlevaít promptemen t le coteau

il était possible, en se précipitant sur le pont

qui était en pierre et moins ::iisé

a

détruirc

qu·un pont de bois, de s'en

e~parer

avant que

l'ennemi J'eut coupé. l\'Iais

iJ

était difficile de

brusquer l'attaque du coteau, les Wurtember–

geoís s'y trouvant en force. C'était le prince

royal de

Wurtembe.rg

qui l'occupait. Ce prince,

que Napoléon avait fort maltraité jadis, que l'em–

pcreur Alexandr e au contraire comblaít de ca–

resses, et auqueJ il destinait en mariage sa sreur