BRIENNE ET lHONTMIRAIL. -
FÉVRlER
18!4.
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léon les réunit
a
Guignes, ou il supposait que se
livrerait la principale bataille de la campagne.
Les deux divisions de jeune garde qu'on organi–
sait
i1
París venaient d'en sortir, sous les géné–
raux Charpentier et Boyer, pour se porler sur la
rive gauche de Ja Seine, et intercepter la route
de Fontainebleau. Napoléon aurait pu sans doute
les amener sul' la droite de la Seine, afin de réu–
nfr toutes ses ressourees aux environs de Gui–
gnes, mais c'était trop que de laisser Paris en–
tierement découvert sur la rive gauche , les
coalisés y ayant dirigé une portion notable de
leurs forces. En conséquence il envoya ces deux
divisioñs sur l'Essonne, avec la recommandation
de s'y défendre jusqu'a Ja dernieré extrémité, et
de tacher ainsi de couvrir París sur la rive
gauche de la Seine, tandis qu'il allait essayer de
le dégager sur la rive droite par une bataille dé–
cisive. En fin il donna les instructions nécessaires
pour avoir seul en sa possession le passage des
rivieres sur lesquelle.s
il
manreuvrait, pour faire
préparer des vivres sur les routes, et surtout
pour rassembler les charrettes des cultivateurs,
afin que _les soldats de la garde, transportés sur
ces charrettes, pussent doubler ou tripler les
étapes. Le lendemain
il
partit de Meaux, et ar–
riva pnr Fontenay a Guignes au moment meme
ou les maréchaux Víctor et Oudinot, refoulés sur
l'Yeres, en disputaient les bords aux avant-gardes
du prince de Wittgenstein et du maréchal de
Wrcde. (Voir la carte nº 62.) Cet état de choses
justifiait la détcrmination que Napoléon avait
prise, car réuni aux deux maréchaux
il
n'avait
plus
a
craindre WiLtgenstein et de Wrede , et
allait avoir pres de 60 mil!e hommes
a
opposer
a
50 mille, ce qui lui promettait immédiatement
les succes les plus éclatants.
Napoléon, considérant que s'il avait en face
une masse imposanle de forces, ce ne pouvait
. etre cependant toute I'armée de Sclnvarzenberg,
puisqu'on lui
dénon~ait
la présence de l'ennemi
a
la fois
a
Montcreau,
ii
Fontainebleau ,
a
Seos,
aux environs meme d'Orléans, comprit qu'il ne
devait avoir devant luí qu'une moitié tout au plus
de la grande armée de Boheme, et réso1ut de
prendre l'o.ffensive immédiatement. Bien que sa
garde et la division Leva! ne fussent point arri–
vées, il avait avec les trois maréehaux
Oudin.ot,
Víctor, Macdonald, avec la cavalerie d'Espagne,
environ 55
a
56 mille hommes, et c'était bien
assez, lui préscnt., pour en aborder 50 mille.
D'ailleurs, en quelques heures, les 25 mille
hommes qui le suivaient devaient rejoindre, et
il prit ses mesures pour commencer l'action
a
la
pointe du jour.
Le 17 en effet il était
a
cheval de tres-grand
matin, dirigeant lui-meme les mouvements de
ses troupes. Le maréchal Victor ayant formé
l'arriere-garde dans la retraite de la Seine sur
l'Yeres, devint naturellement l'avant-garde. Ce
maréchal s'avarn;ait ayant au centre les divisions
de réserve Dufour et Hamelinaye qu'il prodi–
guait volontiers parce qu'clles appartenaient au
général Gérard, et sur les ailes les divisions Du–
hesme et Chataux du 2° corps qui était le sien,
et que par ce motif il ménageait davantage.
A droite la cavalerie du 5° corps sous le général
i\lilhaud,
a
gauche la cavalerie d'Espagne sous
le général Treilhar<l, marchaient déployées, et
pretes
a
exécuter des charges
a
outrance. A la
suite du maréchal Víctor venaient les maréchaux
Oudinot et l\iacdonald. En arriere et
a
une dis–
tance de plusieurs lieues, la garde, voyageant
sur des charrettes, couvrait la route de Meaux
a
Guignes.
A peine était-on en marche de Guignes sur
~lormant,
qu'on
aper~ut
le comle Pahlen , for–
mant l'avan t-garde du prince de Wittgenstein
avec 2,?>00 hommes d'infanterie et environ
1,800 chevaux. C'était une belle proie qui s'of–
frait au début des opérations eontre l'arm'ée de
BohCme. Le général Gérard, supérieur aux au–
lres et
a
lui-meme daos cetle rude campagne, se
porta en avant
a
la tete d'un bataillon du 52°,
jeunes soldats jetés dans un vieux caclre jadis
célebre en Ilalie. Il entra l'épée
a
la main dans
l\formant, et en chassa l'infanterie du comte
Pahlen qui s'y était réfugiée dans l'espérance
d'ctre secourue par les Bavarois établis
a
Nangis.
Privée de cet nsile, l'infanterie russe fut obligée
de traverser
a
découvert l'cspace qui sépare
Mormant de Nangis. Drouot, débouchant <le l\'.Ior–
mant avec ses canons, la courrit de mitraille,
pendant que, sur la gauche le comte de Valmy
avec les escadrons réeemment arrivés d'Espagne,
sur la droite le comte l\filhaud avec les dragons
qui en étaient arrivés l'année précédente, I'as–
saillaient a coups de sabre. Les carrés de l'in–
fanterie russe, malgré leur solidité, furent en–
foncés et pris en entier avec leur artillerie. Leur
cavalerie fut atteinte avant d'avoir pu s'enfuir,
et en grande partie enlevée ou détruitc. Cetle
échauffourée c011la aux Russes . pres de 4 mille
hommes tant prisonniers que morts ou blessés,
et 11 picces de canon.
Ce début promettai t a l'armée du prince de
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