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LIVRE CINQUANTE-DEUXIEJ\IE.
division fut accueillie par un violen t feu d'artil–
lerie qui lui causa de grandes pertes, et
Ja
forita
a
rentrcr dans le village. Immédiatement apres ,
Marmont dirigea la division Ricard sur Vau–
champs, afin d'enlever ce village, et,
a
la favcur
des bois · environnants , essaya de tourner
l'ennemi, a gauchc par la cavalerie du général
Grouchy,
a
droite par la division d'infan terie
Lagrange.
Ces dispositioos, exécu tées avec une extreme
vigueur, rencootrerent cependant de grandes
difficultés. La division Ricard pénétra dans Vau–
champs,
y
trourn Ja division Ziethen trcs-réso–
lue
a
se défendre, et fut contrainte de se replier.
Elle revint
a
la charge, pénétra une seconde fo is
daos Vauchamps, et aurait eu de la peine
a
s'y
maintenir sans les mouvements ordonnés sur les
deux flanes du village. Grouchy, apres avoir fai t
un détour a travers les bois, déborda Vauchamps
par la gauche, tandis que Ja division d'infaoterie
Lagrange le débordait par la droite en traver–
sant le bc,is de Beaumont. Blucher , soupitonnant
la
présence de Napoléon,
a
la r ésol?tion et a
}'ensemble des mouvements qui s'opér aicnt
clU–
tour de lui, prit le partí de rétrograder. lVIais
il n'était plus temps de le faire impunémeot.
D'une part, l'infantericdeRicard, tentan t under–
nier e:ffQ_rt sur Vauchamps, en chassait Ja divisioo
Zielhen, et de l'autre , Gro uch
y,
débouchant
brusquement des bois, menaitait de luí couper la
retraitc. Cette division , formé€ en earrés, essaya
d'abord de tenir tete a notre cavalerie, mais
chargée a fond par les escadrons de Grouchy,
elle
fut
rompue et obligée en partie de mettre
has les armes. Le reste s'enfuit vers le gros des
troupes prussiennes. Nos eavaliers ramassercnt
environ 2 mille prisonniers, une douzaine de
pieces de canon et plusieurs drapeaux. Un mil–
lier d'hommes tués ou blessés étaient demeurés
dans Vauchamps et dans les environs.
Mais Napoléon espérai t avoir une meílleure
par t du corps de Blucher. 11 ordonna de le pour–
suivre sans relache, et dirigea lui-memc cette
poursuite pendant,une moitié dujour. Marmont,
ayant en main les divisions d'infanterie Ricard
et Lagrange, appuyé en outre par la division
d'Espagne Leval, par l'infanterie de la garde,
se mit en marche sur la grande route qui de
l\Iontmirail conduit par Vauehamps et Champ–
aubert
a
Chalons. 11 avait sur son front l'artil–
lerie de la garde commandée par Drouot, et sur
ses ailes la cavalerie de Grouchy d'un coté, la
cavalerie de lagal'de et du général Sai nt-Gc¡omain
de !'nutre. C'est dans eet ordre qu'il poursuivit
Blucher, lequel se retirait en deux masses com–
pactes, celle de Kleist
a
gauche de la route, celle
de Capzewitz
ti
droite, avec son artillerie et ses
attelages sur la route meme. Le général prussien
avait peu de cavalerie pour protéger son infan–
terie.
Depuis onze heures du matin jusqu'a trois
heures de l'apres-midi on continua eette pour–
suite en couvrant l'ennemi de boulets, et souvent
de mitraille. On le ramena
ain.sisur Janvilliers,
Fromenticres et Champaubert. (Voir la earle
nº 63, plan de l\fontmirail, Charupaubert, etc.)
Chemin faisant, on s'aperitut que deux de ses ha–
taillons, postés dans un bois, étaient demeurés en
arriere. On les enveloppa, et ils furent réduits a
se rendre. En meme temps, Grouchy, voyantque
pour avoir tout ou partie des deux masses enne–
rniesqui longeaient les eótés de la route,
il
fallait
les devancer a l'entrée des bois qui entourent
Étoges, imagina de se lancer
a
trayers ces bois
de toute la vitesse de ses chevaux, afin d'y pré–
céder Blucher. 11 s'y engagea done en ordonnant
a
l'artillerie légere de Je r ejoindre
le
plus tót
possible. Tandis qu'il exécutait ce mouvement,
on canonnait
a
ehaque pause les deux colonnes
de Blucher, et on les avai t mcnées de la sorte
jusqu'a la fin du jour, lorsq u'on les vit s'arreter
tout
a
coup et se h érisser de Ieurs bafonnettes.
Grouchy, en e:ffet, les avait devancées avec une
partic de ses escadrons, et les avait assaillies
a
ga uche, tandis que le général Saint-Germainles
abordait a droite avee les cavaliers nouvellement
venus de Versailles. Blucher, placé au milieu de
son infanterie,
fit
tout ce qu'il put pour luí com–
mun'iquer son énergie, et parvint
a
la ramener
en assez bon ordre jusqu'a l'entrée d'Étoges,
mais non sans essuyer de grandes pertes. Le gé–
néral Grouchy, quoique privé de son artiilerie
qui n'avait pu le suivr e, chargea plusieurs fois
cette infanterie, et
y
pénétra Je sabre
a
la main,
pendant que le général Saint-Germain en faisait
autant de son cóté. On coucha ainsi par terre,
avec le secours seul de I'arme blanche, quelques
centaines d'hommes, et on en prit plus de deux
mille, sans compter beaucoup d'artillerie et de
drapeaux. En arrivant
a
la lisiere meme 'des bois
qui précedent Étoges, il fallut s'arreter.
On avait déja pris, blessé ou tué environ
7 mille bommes au maréehal Blucher. Mais l\'lar–
mont prétendait avoir encore quelques-unes de
ses dépouilles .
IJ
se doutait bien que
le
général
prussien voudrait coucher
a
Étoges, que ses