Table of Contents Table of Contents
Previous Page  408 / 616 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 408 / 616 Next Page
Page Background

598

LIVRE ClNQUANTE-DEUXIEl\iE.

qui était resté devant Blucher, et d'avoir des

forces

a

portée de la Seine s'il y avait nécessité

d'y courir pour arreter Schwarzenberg. Telle

était sa situation, qu'il fallait qu'il

fit

face par–

tout, et que, lors merne qu'il lui importait de

se concentrer quelque part pour frapper des

coups décisifs, il était obligé d'y regarder avant

d'attirer

a

luí des corps tous nécessairesailleurs.

Son art était de ne faire partout que l'índispen–

sable1 de le faire

a

temps, vite et avec énergie

!

11

part~t

done le

t

2 février , et quitta la ro ute

de Montmirail, qui est parallele

a

la Marne, pour

se diriger perpendieu1airement sur la l\farne. 11

trouva le général d'York avee environ

18

mille

Prussiens et

12

mille Russes restaQ.t du corps de

Sacken, formés en colonne sur la route de CM–

teau-Thierry. La plus grande partie de l'infan–

terie ennemie était massée derriere un ruis eau

pres du village d-es Caquerets. Une compagnie de

la garde, envoyée en tirailleurs un peu au-des–

sous du village, dispersa les tirailleurs ennemis,

franehit le ruisseau, et décida les Prussiens, qui

voyaient l'obstacle vaincu,

a

battre en retraite.

On traversa le village et on

s'avan~a

en plaine,

les deux divísions d'infanterie de la garde

<lé–

ployées. Napoléon , qui avait porté sa cavalerie

a

sa droite, lui ordonna de se diriger au grand

trot sur le flanc de l'infanlerie ennemie, afio de

la devancer

a

Chateau-Thierry. Cet ordre fut

immédiatement exécuté. A cette vue, le général

d'York envoya sa cavalerie pour rési ter

a

la

nótre; mais le général Nansouty, avee les csca–

drons des gardes d'honneur et ceux de la

garde ~

fondit sur la cavalerie prussienne, la culbuta ur

Cbateau-Thierry, en sabra une partie, et lui cn–

Jeva toute son artillerie légcre. Rien n'égalait

l'ardeur de nos braves cavaliers, excités

a

la fois

par les dangers de Ja France et par leur dévoue–

ment personnel

a

l'en:ipereur.

Pendant ce rapide mouvement de notre cava–

Jerie pour devancer le général d'York sur Cha–

teau-Thierry, on avait réussi

a

séparer du gros

de l'ennemi une arriere-garde de trois bataillons

prussiens et de quatre bataillons russes. Le gé–

néral Letort, commandant les dragons de la

garde, jaloux de surpasser, s'il se pouvait, tout

ce que les troupes

a

eheval avaient fait depuis

quelques jours, ehargea

a

fond de train les sept

bataillons avee einq

a

six cents chevaux, les

rompit, tul\ une grande quantité d'hommes, et

ramassa sur le terrain pres de trois mille prison–

niers avec une nombreusc artillerie. Puis on se

jeta en masse, infanterie et cavalerie , sur Cha-

teau-Thierry. Le prince Guillaume de Prusse

s'était porté en avant avec sa division pour arre–

ter notre poursuite. Il fut culbuté

a

son tour

apres une perle de 500 hommes. On entra pele–

meme avee l'ennemi dans Chateau-Thierry, et_

on y

fit

encore beaucoup de prisonniers. Les

habitants, irrités de la eonduite des Prussiens,

ivres

a

la fois de joie et de colere, ne faisaient

guere quartier aux soldats d'York surpris isolé–

ment; ils les tuaient ou les amenaient

a

Napo–

léon. l\falhcureusemcnt, l'ennemi avait détruit le

pont de Cbateau-Thicrry, et une plus longue

poursuite nous était des lors interdite. Napoléon

cependant conservait une espérance. En partant

pour exécuter cette suite de mouvements, il

avait informé le maréchal l\laedonald de ce qu'il

allait faire, lui avait preserit de s'arreter

a

l\foaux, et, dans quelque état qu'il se trouvat,

de rebrousser chemin par la rive droite de la

Marne, lui promettant qu'il y recueillerait le

plus beau butin imaginable.

Arrivé

a

Chatcau-Thierry, Napoléon attendit

done avcc eonfiance, s'occupant de rétablir le

pontde la l\Iarne, et comptant quel\1aedonald, qui

devait se montrer sur l'autre rive, allait ramas–

ser par milliers les prisonniers et les voitures

d'artillerie. l\Iais, de toule la journée, Macdonald

ne parut point. Ce maréchal, qui était habitué

a

la gucrre réguliere dans laquelle il excellait,

en voulait

a

Napoléon,

a

ses généraux,

a

ses sol–

dats, de ce qu'il avait été ramené des bords du

Rhin jusqu'aux portes de Paris, avec 6 mille

hommcs en désordre, s'en prenait

a

tout le

monde au lieu de s'en prendre aux circonstan–

ces, et, tout préoceupé de l'état de son corps, au

lieu de s'en servir comme il était, avait employé

son temps

a

Je réorganiser au moyen des res–

sources qu'on lui avait envoyées

a

l\Icaux.

U.ne

se

trouva done point sur la rive droite de la l\farne

au moment décisif ou Napoléon espérait le voir.

Ce contre-temps, qui restreignait un peu les

conséquences de la grande manreuvrc de Napo–

léon, n'empechait pas qu'elle n'eut déja produit

les plus beaux résultats. Il avait battu, saos

perdre plus d'un millier d'hommes, trois des

corps deBlucher, et ilne lui en restait plusqu'un

a

frap per, celui de Blueher lui-meme, pour

avoir éerasé en détail l'armée de Silésie, l'une

des deux qui

mcna~aient

l'Empire, et la plus

redoutable, sinon par le nombre, au moins par

l'énergie. Il lui avait déjil pris

11

~1

12

mille

hommes, et tué ou blessé 6

a

7 mille. Si Blueher

venait se joindre

a

la suite des battus ,

il

n'y