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LIVRE ClNQUANTE-DEUXIEl\iE.
qui était resté devant Blucher, et d'avoir des
forces
a
portée de la Seine s'il y avait nécessité
d'y courir pour arreter Schwarzenberg. Telle
était sa situation, qu'il fallait qu'il
fit
face par–
tout, et que, lors merne qu'il lui importait de
se concentrer quelque part pour frapper des
coups décisifs, il était obligé d'y regarder avant
d'attirer
a
luí des corps tous nécessairesailleurs.
Son art était de ne faire partout que l'índispen–
sable1 de le faire
a
temps, vite et avec énergie
!
11
part~t
done le
t
2 février , et quitta la ro ute
de Montmirail, qui est parallele
a
la Marne, pour
se diriger perpendieu1airement sur la l\farne. 11
trouva le général d'York avee environ
18
mille
Prussiens et
12
mille Russes restaQ.t du corps de
Sacken, formés en colonne sur la route de CM–
teau-Thierry. La plus grande partie de l'infan–
terie ennemie était massée derriere un ruis eau
pres du village d-es Caquerets. Une compagnie de
la garde, envoyée en tirailleurs un peu au-des–
sous du village, dispersa les tirailleurs ennemis,
franehit le ruisseau, et décida les Prussiens, qui
voyaient l'obstacle vaincu,
a
battre en retraite.
On traversa le village et on
s'avan~a
en plaine,
les deux divísions d'infanterie de la garde
<lé–
ployées. Napoléon , qui avait porté sa cavalerie
a
sa droite, lui ordonna de se diriger au grand
trot sur le flanc de l'infanlerie ennemie, afio de
la devancer
a
Chateau-Thierry. Cet ordre fut
immédiatement exécuté. A cette vue, le général
d'York envoya sa cavalerie pour rési ter
a
la
nótre; mais le général Nansouty, avee les csca–
drons des gardes d'honneur et ceux de la
garde ~
fondit sur la cavalerie prussienne, la culbuta ur
Cbateau-Thierry, en sabra une partie, et lui cn–
Jeva toute son artillerie légcre. Rien n'égalait
l'ardeur de nos braves cavaliers, excités
a
la fois
par les dangers de Ja France et par leur dévoue–
ment personnel
a
l'en:ipereur.
Pendant ce rapide mouvement de notre cava–
Jerie pour devancer le général d'York sur Cha–
teau-Thierry, on avait réussi
a
séparer du gros
de l'ennemi une arriere-garde de trois bataillons
prussiens et de quatre bataillons russes. Le gé–
néral Letort, commandant les dragons de la
garde, jaloux de surpasser, s'il se pouvait, tout
ce que les troupes
a
eheval avaient fait depuis
quelques jours, ehargea
a
fond de train les sept
bataillons avee einq
a
six cents chevaux, les
rompit, tul\ une grande quantité d'hommes, et
ramassa sur le terrain pres de trois mille prison–
niers avec une nombreusc artillerie. Puis on se
jeta en masse, infanterie et cavalerie , sur Cha-
teau-Thierry. Le prince Guillaume de Prusse
s'était porté en avant avec sa division pour arre–
ter notre poursuite. Il fut culbuté
a
son tour
apres une perle de 500 hommes. On entra pele–
meme avee l'ennemi dans Chateau-Thierry, et_
on y
fit
encore beaucoup de prisonniers. Les
habitants, irrités de la eonduite des Prussiens,
ivres
a
la fois de joie et de colere, ne faisaient
guere quartier aux soldats d'York surpris isolé–
ment; ils les tuaient ou les amenaient
a
Napo–
léon. l\falhcureusemcnt, l'ennemi avait détruit le
pont de Cbateau-Thicrry, et une plus longue
poursuite nous était des lors interdite. Napoléon
cependant conservait une espérance. En partant
pour exécuter cette suite de mouvements, il
avait informé le maréchal l\laedonald de ce qu'il
allait faire, lui avait preserit de s'arreter
a
l\foaux, et, dans quelque état qu'il se trouvat,
de rebrousser chemin par la rive droite de la
Marne, lui promettant qu'il y recueillerait le
plus beau butin imaginable.
Arrivé
a
Chatcau-Thierry, Napoléon attendit
done avcc eonfiance, s'occupant de rétablir le
pontde la l\Iarne, et comptant quel\1aedonald, qui
devait se montrer sur l'autre rive, allait ramas–
ser par milliers les prisonniers et les voitures
d'artillerie. l\Iais, de toule la journée, Macdonald
ne parut point. Ce maréchal, qui était habitué
a
la gucrre réguliere dans laquelle il excellait,
en voulait
a
Napoléon,
a
ses généraux,
a
ses sol–
dats, de ce qu'il avait été ramené des bords du
Rhin jusqu'aux portes de Paris, avec 6 mille
hommcs en désordre, s'en prenait
a
tout le
monde au lieu de s'en prendre aux circonstan–
ces, et, tout préoceupé de l'état de son corps, au
lieu de s'en servir comme il était, avait employé
son temps
a
Je réorganiser au moyen des res–
sources qu'on lui avait envoyées
a
l\Icaux.
U.nese
trouva done point sur la rive droite de la l\farne
au moment décisif ou Napoléon espérait le voir.
Ce contre-temps, qui restreignait un peu les
conséquences de la grande manreuvrc de Napo–
léon, n'empechait pas qu'elle n'eut déja produit
les plus beaux résultats. Il avait battu, saos
perdre plus d'un millier d'hommes, trois des
corps deBlucher, et ilne lui en restait plusqu'un
a
frap per, celui de Blueher lui-meme, pour
avoir éerasé en détail l'armée de Silésie, l'une
des deux qui
mcna~aient
l'Empire, et la plus
redoutable, sinon par le nombre, au moins par
l'énergie. Il lui avait déjil pris
11
~1
12
mille
hommes, et tué ou blessé 6
a
7 mille. Si Blueher
venait se joindre
a
la suite des battus ,
il
n'y