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LlVH.E CINQUANTE-DEUXIEl\TE.
raux Sacken et d'York. Napoléon cmmena avec
lui Ja division Ricard du corps de Marmont, afín
d'avoir le plus de forces possible contrc Sacken
et d'York, qu'il pouvait rencontrer séparés ou
réunis.
11 arriva vers dix beures du matin a l\fontmi–
rail en tete de sa colonñe, comptant
a
peu pres
24 mille hommes avec Ncy, l\fortier, la cavalcrie
de
fa
garde et la division Ricard. 11 traversa
Montmirail, et déboucha sur Ja grande route,
ou
il vint prendre position en face des troupes
russcs qui accouraient en toute bate. C'était
Sacken revcnant sur nous avec sa fougue accou–
tumée. Ce qui s'était passé parmi Jes coalisés
peignait bien la confusion et la vanité de leurs
conseiJs.
Blucher, ainsi qu'on l'a vu, s'était porté sur la
.!\forne, pour envelopper Macdonald que les gé–
néraux a'York et Sackcn poursuivaient vivcmen t,
l'un sur la l'ivc droite <le cette riviere, l'autre sur
la rive gauche; apres quoi, l'armée de Silésie,
Macdonald enlevé, devait s'acheminer sur París,
objet de loutes les convoitises de lá coalition.
Pendant ce temps, Schwarzenberg devait s'y
acheminer en dcsccndant la Seine, et, commc
nous l'avons dit, il avait appuyé vers l'Yonne,
et agrandi ainsi l'cspace qui le séparait de Blu–
chcr. Craignant que Blucher ne toucbat au but
avant luí,
il
lui avait recommandé, sur les vives
instanccs de l'empereur Alexandre, de s'arreter
sous les murs de Paris, et d'attendre, pour y en–
trer, les souverains alliés. Tant de présomption
et de décousu méritaient bien un chatiment
!
Blucher avait
re~u
ces instructions au moment
meme ou
il
apprenait l'arrivée de Napoléon
a
Sézanne, et il ne savait quel parti prendre, car
la fougue n'est pas de la clairvoyance, surtout
quand il s'agit de choisir entre des résolutions
également
périlleuses.Legénéral Gneisenau était
d'un avis, Je général Muffiing d'un autre, et on
avait essayé de faire parvenir a Sacken,
a
tra–
vers les
colonnes
fran~aises,
un ordre qui n'of–
frait pas de grands moyens de saJut, celui de
revenir sur Montmirail, ou bien de se réfugier
derriere la
~Iarne
auprcs du général d'York, s1
ledanger était aussi grand qu'on le disait. Si, au
contraire, on s'était effrayé mal
a
propos, Sacken
était au torisé
a
poursuivrc par la Ferté-sous–
Jouarre la pointc sur París. A la nouvelle de la
subite apparition de Napoléon, Sacken, au lieu
de se retirer derriere la l\farne, avait rebroussé
chemin pour avoir l'honneur de battre l'empe–
reur des
Fran~ais,
et il avait engagé Je général
d'York
a
passcr la l\'larne
a
Chateau-Thierry,. et
a
se porter sur la route de Montmirail pour con–
courir a son triomphe ou pour y assistcr. Le
général d'York n'avait suivi cettc invitation
qu'avec beaucoup de réserve, et s'était un peu
avancé sur l\Iontmirail, mais en ayant toujours
ses derrieres bien appuyés sur Chateau-Thierry.
Napoléon, ayant débouché par la route de
l\fontmirail, vit done Sacken qui revenait 'de Ja
Ferté.sous-Jouarre, et aperc;ut au Join sur sa
droite des troupes qui arrivaient des b6rds de la
Marnc par la route de Chateau-Thierry, mais
saos paraitre tres-,pressées de prendre parta ceLtc
grave affaire. C'étaient celles du général d'York.
La premiere opération a exécuter était de barrer
la route a Sacken, et de se défairc de luí, saufa
se rejeter ensuite sur l'autre survenant qu'on
apcrcevait dans la direction de Chateau-Thierry.
On était toujours sur le platean qu'on avait gravi
la veille en occupant Champaubert, et en se por–
tant sur Montmirail, on avait agauche les pentes
de ce platean dont le Petit-Morin baigne le pied.
(Voir le plan de Montmirail, carte n°65.) Sur ces
pentes, a mi-cote, se trouvc le village de Mar–
chais. Napoléon y
pl a~a
la division Ricard, pour
arreter Sacken de ce coté, tandis que sur
la
grande routc il avait déployé son artillerie et
rangé sa cavalerie en masse. Daos cetlc attitude,
l'infanterie de Ricard défendant
a
lUarchais le
bord du plateau, la cavalerie et l'artilleric inter–
ceptant la grande route, Napoléon pouvait atten–
dre la jonction de Ney et de Mortier demeurés
en arriere.
Sacken arrivé avec ses 20 mille hommes,
voyant la route bien occupée, et s'apercevaut
qu'il ne serait pas aussi facile qu'il l'avait cru
d'abord de passer sur le corps de Napoléon pour
rejoindrc Blucher, ne songea plus qu'a se .faire
jour. La grande route paraissait fermée par une
massc compacte de cavaleric. A sa droite et
a
notre gauche, il voyait, le long des pentcs boi–
sées qui descendent vers le Petit-1\forin, une
issuc possible, et qu'il pouvait s'ouvrir en s'em–
parant du village de l\'larchais. 11 porta vers ce
village une forte colonne d'infanterie, tandis
qu'iJ essayait d'occuper d'autrcs petits amas de
maisons et de formes, placés égaJement sur le
flanc de la grande route, et appelés l'Épine-aux–
Bois et la Haute-Épine. Un combat tres-vif s'en–
gagea de la sorte au village de l\farchais, entre
la
colon.ned'infanlerie envoyée par Sacken et Ja
division Ricard. CeJle-ci r ésista vigoureusement,
perdit et
r~prit
tour
a
tour le village, et finit