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BRIENNE ET l\JONTMIRAIL. -

n lvRIEn

18t4.

401.

troúpes harassées se répandraient confusémcnt

autour du village, ou dans la foret environnante,

et qu'en ap·paraissant hrusquement au milieu

d'elles pendant la nuit, on pourrait les jeter dans

un grand désordre, et surtout les pousser au

d.ela d'Étoges, en has du plateau sur lequel on

combattait depuis plusieurs jours. Destiné, d'a–

pres loutcs -les vraisemhla'nces, a garder de nou–

veau cette position pendant que Napoléon irait

combattre ailleurs, l\farmont tcnait a s'élablir a

Étoges Íneme, d'ou il pouvait rlomincr Ja routc

de Vertus.

11

résolut done d'essayer sur Blucher

une attaque de nuit.

Toutefois, il n'avait que peu de forces asa dis–

position, ses soldats s'étant déja dispersés dans

les champs pour y chercher

a

vivre. Il était

suivi par la division du général Leva) que Ney

prétendait avoir sous ses ordres. Apres une al–

tercation assez vive entre ce maréchal et lui , il

prit un détachement de cette division, et, avec

un de ses régiments de marine,

il

s'enfon~a

dans les bois a Ja faveur de l'obseurité' puis

fondit brusquement sur Étoges, au moment oti

l'enncmi' épuisé de fatigue,

commen~ait

a goúter

un peu de repos. Cctte attaque imprévuc eut un

succes complet. Prussiens et Russes, assaillis

avant d'avoir pu se mettre en défense, furcnt

refoulés hors d'Étoges , et obligés, en pleine nuit,

de s'enfuir vers Bergeres et Vertus. On enleva

une bonne portion des troupes du général russe

Orosoff, et ce génér::il lui-meme avec son état–

major. Cette derni crc parlic de la journée couta

encore plus de 2 millc hommcs au corps de Blu–

eher, et beaucoup d'artillerie.

La journée du

14,

dile de Vauchamps,

fil

done

perdre a Blucher de 9

a

1

o

mille hommcs en

morts, blessés ou prisonniers. Il n'était pas pos–

sible de terminer plus dignement eette suite

d'admirables opérations. Parti le 9 février de

Nogent-sur-Seine, arrivé le

10

a Champauhert,

Napoléon y avait pris ou détruit dans cette jour–

née le corps d'Olsouvieff, hattu le

11,

a

l\fontmi–

rail, le corps de Sacken, ballu et refoulé le

12

sur

Chateau-Thierry cclui d'YMk, crnployé le

15

a

rélahlir le pont de Ja Marnc pour lancer Mortier

a la poursuite de l'ennemi, et le

14,

rebroussant

chemin sur l\fonlmirail,

il

avait assailli Bluchcr

qui venait maladroitement s'offrir

a

ses coups,

comme pour lui fournir l'occasion d'accabler le

dernier des quatre détachements de l'armée de

Silésie. Ainsi, presque saos bataille, en quatre

combats livrés coup sur coup, Napoléon avait

entierement désorganisé l'armée de Silésie, lui

CO

SOJ.AT

,

5.

avait enlevé environ 28 milie hommes sur 60mille,

plus une quantité immcnse d'artillcrie et de dra–

peaux, et avait puni cru,ellement le plus pré–

somptueux, le plus brave, le plus acharné de ses

adversaires.

11

y avait de quoi etre fier et de son

armée et de Jui-meme, et des derniers éclats da

sa miraculeuse étoile, miraculeuse jusque dans

le

malheur!

Napoléon dirigea tout de suite sur Paris les

18

mille prisonniers qu'il avait faits, afin que la

capitale les vit de ses proprcs yeux, et qu'en re–

gardant ces trophécs dignes des guerres d'Italie,

elle crut encore au génie et

a

la fortune de son

empereur.

Paris avai t successivemcn tappris les triomphes

inespérés de Napoléon, et, sauf quelques cceurs

égarés par }'esprit de parti ou par la haine du

despotisme impérial, s'en était r éjoui cordiale–

ment. L'annonce des colonnes de prisonniers

avait excité une vive attentc chez les Parisiens,

qui espéraient les voir défiler sur le boulevard

dans deux ou trois jours. Mais c'est

a

peine s'ils

avaient osé se livrer a la joie, car, tandis qu'ils

apprenaient que Blucher et ses lieutenants étaient

hattus

a

Champaubert, a Montmirail , a Chateau–

Thierry,

a

Vauchamps, ils recevaient la nouvelle

que Schwarzenberg était pres de forcer la Seine

de Nogcnt

a

Monte!eau, et que les Cosaques de

Platow s'étaient montrés dans la foret de Fon–

tainebleau. La malheureuse cité, du sein de

laquelle la tm;reur avait fondu pendant vingt ans

sur toutes les capitales, était en proie

a

son tour

aux plus cruelles angoisses. La victoire meme ne

la pouvait garantir de ses terreurs, car un en–

nemi n'était pas plutót batLu sur la Marne, qu'un

autre apparaissait sur

la

Seine, et que, rassurée

du coté de Meaux, elle avait sujet de s'effrayer

du coté de Melun et de Fontainebleau. De vives

instances étaient done parties de Paris pour ra–

mener Napoléon sur la Seine. Ce motif lui avait

fait abandonner Marmont avant la fin de la

journée de Vauchamps, et l'avait forcé de r eve–

nir

a

l\fontmirail, pour donner de nouveaux

ordres et préparer de nouveaux combats.

Voici en

eff~t

ce qui s'était passé

a

la grande

armée du prince de Schwarzenberg. Pendant

que Napoléon avait quitté l'Aube et la Seinc

pour se po1;ter sur la Marne, les souverains alliés

s'étaient rendus .a 'froyes, et leur armée, les

devan~ant,

avait occupé le cours de la Seine de

Nogcnt a Montercáu, avait meme cherché 3

s'étendre jusqu'a l'Yonne, afin de se garantir du

danger d

'et.re

débordée par sa gauche. La pré-

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