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BRIENNE ET l\IONTl\IIRAIL. -

FÉVRIER

1814.

597

par en demeurer maitresse, tandis que la masse

de notre cavalerie, éfablie sur la route, pro–

tégeait notre nombreuse artillerie et en était

protégée.

On avait ainsi gagné deux heures de l'apres–

midi. Les routes étaient affreuses, et la garde

avait cu une peine extreme

a

les parcourir. La

premiere division de la vieille garde, sous Friant,

étant enfin rendue sur le terrain, Napoléon

fit

ses dispositions pour frapper le coup mortel sur

l'ennemi, Sacken avait forternent occupé l'Épinc–

aux-Bois, placée, comme le village de Marchais,

sur le flanc de la grande route, mais un peu

plus en avant par rapport

a

nous. Cette position

semblait difficile

a

emportcr sans y perdre beau–

coup de monde, mais emportée, tout était dé–

cidé, car les troupes ennemies avancées sur

notre gauche entre Marchais et le Petit.-1\forin

devaient etre prises, et Sacken n'avait d'autre

ressource que de les sacrifier, et de s'enfuir avcc

les débris de son corps vers le général d'York

sur la Marne. Napoléon, pour rendre moins

meurtriere l'attaquc de l'Épine-aux-Bois, feignit

de céder d1,1 terrain vers Marchais, afin d'y atti–

rer Sackcn, et de l'engager ainsi

a

se dégarnir

a

l'Épine-aux-Bois. En meme temps, il mit en

mouvement sa cavalerie jusque-la immobile sur

la grande route. Ces ordres, donnés avec une ri–

goureuse précision, furent exécutés de meme.

Au signal de Napoléon, Ricard feint de recu–

ler et d'abandonner Marchais, tandis que Nan–

souty se porte en avant avec la cavalerie de la

garde. A cette vue, Sacken se hate de profiLer·

de l'avantage qu'il croit avoir obtenu, et, avcc

une partie de son centre, quitte l'Épine-aux–

Bois pour s'emparer de Marchais, ne laissant

sur Ja grande route qu'un détachement, afin de

se tenir en communication avec le ·général

d'York. Saisissant l'occasion, Napoléon lance

Friant avec la vieille garde sur l'Épine-aux-Bois.

Ces vieux soldats, qui nvaient au feu le sang-froid

du courage éprouvé, s'avancent sans tirer un

coup de fusil, franchissent un petit ravin qui

les séparait de l'Épine-aux-Bois, et puis s'y pré–

cipitent

a

la ba'ionnette. En un clin d'reil ils se

rendent maitres de la position, et tuent tout ce

qui s'y trouve. Pendant eet acte vigoureux,

Nansouty, apres s'etre porté en avant sur la

grande route, se rabat brusquement

a

gauche

eontre les troupes de Sacken qui avaient dépassé

l'Épine- aux-Bois , les charge

a

ou trance, préci–

pitc les unes vers le Petit-Morin, oblige les au–

tres

a

se replier. Cellcs-ci, forcées de battre en

relraite, laissent da ns un grave péril les troupes

qui se sont engagécs sur notre gauche entre

l\farchais et le Petit-1\forin. Napoléon détache

alors Bertrand avec deux bataillons de jeune

garde sur le village de l\farehais, pour aider Ri–

eard

a

y rentrer. Ces bataillons, ralliant l'infan–

terie de Ricard, pénetrent dans l\farchais ba'ion–

nette baissée , tandis que la cavalerie de la garde,

sous le général Guyot, poursuit les fuyards

a

coups de sabre. Par ces mouvements eombinés,

tout ce qui s'est aventuré entre la grande route

et Je Petit-Morin est pris ou tué, sur le flanc

meme du plateau. En quelques instants, on ra–

massc quatre

a

cinq mille prisonniers, trente

bouches a feu, et nos cavaliers étendent deux

a

trois milie hommes sur le carreau. Sacken n'a

d'autre moyen de salut que de rétrograder en

toute hate, et,

a

la faveur de la nuit, de repasser

de Ja gauche

a

la

droite de la grande route

(gauche et droite par rapport

a

nous), et de re–

joindre ie général d'York, qui s'était avancé avec

précaution, mais que Napoléon avait contenu

vers le village de Fontenelle, en y portant la se–

conde division de la vieille garde sous le maré–

chal Mot·tier.

Cettejournée du

11,

<lite de Montmirail, était

plus brillante encore que Ja précédente. Sur

20 mille hommcs, Sacken en avait perdu 8 mille

en tués, blessés ou prisonniers? et ce beau

triomphc ne nous avait pas

coó.té

plus de 700

a 800 hommes, cnr les vieux soldats que Napo–

léon avait employés cette fois savaient comment

s'y prendrc pour causer beaucoup de mal

a

l'en–

nemi sans en essuyer beaueoup eux-memes. Les

jours suivants p1·omettaient de plus grandsrésul–

tats encore, car toutel'armée deBlucher, pr·ise en

détail, allait successivement recevoir le chatiment

du

a

sa présomption.

Tout indiquait que Saéken, en fuite vers la

l\Iarne, était alié rejoindre le général prussien

d'York vers Chateau-Thierry, et que des lors

c'était de ce cóté qu'il fallait marcher. Ainsi le

troisieme des corps composant l'armée de Silé–

sie, celui d'York, devait

a

son tour se trouver

isolément en face de Napoléon. Le lendemain en

effet,

12

février, Napoléon se mit en marche

ayee la seconde division de vieille garde sous

Mortier, une de jeune garde sous Ney, et toute

la cavalerie, pensant que c'élait assez pour cul–

buter un ennemi en désordre. 11 lais_sa en arriere

vers Montmirail la premiere division de vicille

garde sous Friant, une autre de jeune gardc

sous Curial, afin de secourir au besoin l\1armon t