BRIENNE ET l\IONTlUIRAIL. -
FÉVRIER
·18t4.
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nication acheva de jeter l\J. de Caulaincourt daos
le <lésespoir. Il crutyvoir que la chute deNapo–
Jéon était résolue irrévocablement, et, daos sa
profonde douleur'
il
écrivit
a
1\1.
de l\'Ietternich
pour tui demander, sous le sceau du plus profond
secret, si dans le cas ou il userait de ses pouvoirs
pour accepler les conditions imposées, il obtien–
drait la suspension des hostilités. C'était peut–
etre trop laisser voir son désespoir; ce désespoir'
il
est vrai, était celui d'un honnele homme et
d'un excellent citoyen, et l'aveu el) était fait au
seul des diplomates qui ne vo uh1t pas pousse1· la
victoire a bout; mais il y a des positions ou il
faut savoir cacher sous un front de fer les senti–
ments les plus nobles de son ame.
1\I.
de Cau–
laincourt n'eut done plus qu'a attendre une ré–
ponse de M. de l'\letternich d'un coté, de Napo–
léon de l'autre.
Au point ou en étaicnt les choses, il n'y a'vait
que le canon entre la Seine et la l\Jarne , et le si–
lence a ChaLillon, qui pussent amener un chan–
gement quelconque dans cetle horrible situation.
Napoléon était en marche, et en partant avait
mandé
a
M. de Caulaincourt de ne pas se pres–
ser. 11 était
a
la veille de jouer le tout pour Je
lout, et
il
le faisait
ª''ºº
la confiance d'un joueur
consommé, qui ne doutait presque pas du succes
de sa nouvelle combinaison.
On a vu plus haut quelle était la disposition
des armées, tandis que Blucher quittait le princc
de Schwarzenberg, et que Napoléon , Je suivant
de l'ooil, se tenait aux agucts
it
Nogent-sur-Seinc.
Le général prussien d'York desccndait la
~Jarne
sur les pas du marécbal l\iacdonald qui , poussé
en queue par celui-ci· et menacé en fl ane par Blu–
cher, n'avait d'aulre ressource que de se retircr
rapidementsur l\feaux. Bluchcr, marchant a égalc
distance de la l\farne et de l'Aube, par
In
Ferc–
Champ noiseet Mon tmirail, avaitem·oyé Sacken
en avant, et su ivait avec Olsouvieff, Klei t et
Langeron. Le 9
f
évrier, l\'Iacdonald étai t retiré a
Meaux, et l'ennemi était ain i placé : le géoéra l
d York,avec
18
milie Prussiens,aChafea u-Thierry
sur
la
Marne; Sacken , avec 20 milie Ru se , sur
la route de l\fontmirail · Olsou ieff avec 6 millc
Ru e ,
a
Champaubert ; en arriere enftn
a
Étoges
Blu h r nvec
1O
mille homme de Klei t et 8
mille d Capzewitz ces derniers forrnant les
reste de Laugeron. (Vo
ir
les carte nº•62 et 65. )
1
Nou de\'on ici quelqnesdélail sur uueque tioo hi torique
ques ulc1'eot le
:l.l émoir~s du
mnr · hnl)larmonLrelati1•emeol
nu nffuire- de hamp ubr r t, .i.Iootmirail, Ynuchamp, , ele. e
marécbnl, hommc d"uo e..prit brilluut, mais pa uu ·i oli le
C'étaient done 60 mille homrnes au moins dis–
persés de Cbalons a la Ferté-sous-Jouarre, partic
sur la Marne, partie sur
la
route qui séparc
l'Aube de la l\farnc. Si Napoléon, qui, avec son
coup d'reil supérieur, avait cntrevu cet état des
choscs, tombait
a
propos au milieu d'une pa–
reille dispersion,
il
pouvait obtenir les résultats
les plus imprévus et les plus vastes.
'
Par une circonstance hcurcuse, derniere
fa–
vcur de la forlunc , le point de Champaubert, par
Icquel Napoléon en JJartan t de Nogent allait at–
teindre la routc de Montmirail, n'était gardé que
par les 6 mille Russes d'Olsouvieff. (Voir le plan
détaillé de Montmirail daos la carte n• 65.) 11
trouvait done pJ·esque dégarni le point par
lequcl il pouvait s'introduire au milieu des corps
ennemis, et c'ét.ait le cas de dirc qu'il avait ren–
contré le défaut de la cuirasse. Le 7 février,
il
avait ordonné a .l\larmont de se porter en avant
a vec une partie de sa cavalerie et de son infan–
terie, et de marcher de Nogent sur Sézanne, lui
annon~ant
qu'il allait le sui vre en personne. Le 8,
il avait acheminé dans
la
meme direction une
division de jcune gai;dc et une partie de la cava–
lerie de la garde, sous le marécbal Ney. Le 9
cnfin,
il
était parti lui-meme avec la vieillegarde
sous l\Jortier, et avait couché
a
Sézanne. La
route de Nogent
a
Champaubert était un chemin
de traverse, mal entretenu comme l'étaient alors
tous les chcmins scconda ires de France, et au
dela de Sézanne il devenait presque impraticable
pour les gros cbarrois. A deux licues de Sézanne
on rencontrait,
a
Saint-Prix, l'extrémité des
marais de Saint-Good , et au milicu de ces
marais la petite riviere <li te le
Petit- lJforin,
qui
longe le pied de terrair.s élevés sur Icsquels
passe la cbaussée de Montmirail
a
Mca ux. L'ar–
tillerie cut , dans la journéc du 9 Ja plus grande
peine
a
gagner Sézanne. On trouva de plus le
maréchal l\farmont, qui d'abord ava it fort ahondé
dans l'idée de se jcter au milieu des corps dis–
persé::; de Blucher, et qui, apres s'ctre avancé
le 7 j usqu'a Cbap loo était revenu lout
a
coup
en arrierc di ant les marai de ain t-Gond im–
pralicabl s, le hauleurs couvertes d'ennem is,
le plan déj oué, etc... Napoléon ne s'ínquiéta
g uerc d u r cnversemeot d idées qu i s'était opéré
dan la tele du maréchal
1 ,
et ordoona de mar–
cher o masse sur le illage de Saint-Prix que
que brillant, e Lmorl a ec la con iction qu il étail l'auleur de
l importan Le manarnvre de MonLmirail, laquelle valul
il
'apo–
léoo,
a
la veille de sa chute, cinq ou six d plus belle jour–
nées tle a \'ie. Or voici sur c¡uoi il e fondaiL pour le croire,