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BRrnNNE ET l\JONTl\IIRAIL. -

Fflvnrnn

1814.

580

fallait pas découvrir Paris du cóté de la Seine.

Napoléon laissa sur lá Seine le maréchal Víctor

avec le

2e

corps, les généraux Gérard, Harnéli–

naye avec leurs divisions de réserve, et derriere

eux,

a

Provins,

le

maréchal Oudinot avec la

division de jeune garde Rothenhourg, et ]es

troupes tir-ées de l'armée d'Espagne. Ví ctor élait

chargé de défcndre la Seine de Nogent

[1

Bray,

et Oudinot devait venir l'appuyer at1 prcmier

retentissement du canon. Pajol, avec les lrntaillons

arrivés de Bordeaux, avec les gnrdes nationales

et sa cavalerie, devait ,·eillcr sur Mon lereau elles

ponts de l'Yonne jusqu'a Auxerrc. Enfin les deux

divisions de jeune garde, dont l'organisation

s'achevait

a

Paris, avaient ordre de se placer entre

Provins et Fontainebleau. Ces troupes réunies ne

comprenaient pas moins de 50 mille hommes, et

rangées derrierc la Seine, dans le contour que

cette riviere décrit de Nogent

a

Fontainebleau ~

elles devaient donner

a

Napoléon le temps de

revenir, et de faire contre Schwarzenberg ce

qu'il aurait fait contre Blucber. Ces plans étaient,

au moins, aussi spécieux que ceux des généraux

ennemis. Restait

a

savoir lesquels répondraient

véritablement aux distance,S, au temps, aux cir–

constances actuelles de la guerre. Napoléon par–

til le 9 avec sa vieille garde, pour se transpo1·ter

de Ja Seine

a

la l\'Iarne, recommandant

a

tout le

monde un secret absolu sur son absence. Plein

d'espérance, il écrivit quelques mots

a

M.

de

Caulaincourt pour relever son couragc, et pour

l'engager

a

user moins li brement de la

carte

blanche

qu'il lui avai t donnée, saos pourtant la

lui retirer. En effet, s'il réussissait, les conditions

de la paix devaient etre bien cbangées. Ainsi en

partant il emportait avec lui les destinées de la

France et les siennes !

Pendant qu'il était en marche, notre infor–

tuné plénipotentiaire endurait,

a

Chatillon, les

plus grandes douleurs que puisse ressenlir un

honnete homme et un bon citoyen, et essuyait

des traitements qui lui faisaient monter la rou–

geur au front.

Les diplomates de la coalition étaient succes–

sivement arrivés, le 5 et le

q_,

février, a Chatillon,

et s'étaient empressés d'échanger des visites avec

l\'I. de Caulaincourt, en témoigoant pour lui des

égards qu'on a:fieetait de n'accorder qu'a sa per–

sonne. 11 fut convenu que le 5 chacun pro–

duirait ses pouvoirs, et que les jours suivants

commenceraient les négociations. En attendant,

1\1. de Caulaincourt ayant es ayé dans les repas,

dans les soirées ou l'on se rencontrait, d'obtenir

quelques confidenccs, trouva les membres d u

congres polis, mais impénét.rables. Le seul d'entrc

eux auquel il aurait pu s'ouvrir, en s'autorisant

des communications secretes de

l\f.

de Metter–

nich, M. de Stadion, ministre autrichien, était

un ennemi personnel de la France, et un repré–

sentant malveillant d'une cour bienveillante. Au–

dessous de lui ,

M.

de Floret, moins élevé en

grade, mais plus amical, parlait peu, soupirait

souvent, et laissait entendre qu'on avait eu gra nd

tort de livrer la bataille de la Rothiere, car la

situation s'en ressentirait beaucoup. Quant aux

conditions elles-mémes, qu'on ne pouvnit pas

cependant nous cacher longtemps,

l\I.

de Floret

n'en disait pas plus que les autres.

l\L

de Rasou–

moffski, autrefois !'interprete des passions russes

a

Vienne, était presque impertinent dans tout ce

qui ne se rapportait pas

a

la pcrsonne de

l\L

de

Caulaincourt.

l\f.

de Humboldt ne manifestait

ríen, mais on devinait en lui Je Prussien,

a

la

vérité tres-adouci. Les plus convenables de tous

ces ministres étaient les Anglais, surtout lord

Aberdeen, modele rare par sa simplicité, sa

gravité douce, du rcprésentant d'un État libre.

Lord Castlereagh, ne devant pas prendre part aux

conférences, mais venant les di riger en maitre qui

ordonne sans se montrer, avait étonné

l\'J.

de

Caulaincourt par ses assurances pacifiques et par

ses protestations de sincérité. Il insistait si forte–

ment et si souvent sur la résolution arretée de

lrailer avec Napoléon, qu'on ne pouvait s'empé–

cher

d'y

reconnaitre le calcul ordinaire des An–

glais, de paraitre faire une guerre d'intérét pure–

ment national et non une guerre de dynastie.

Aussi répétait-il sans cesse qu'on pouvait étre

d'accord tout de suite, et qu'il suflisait, si on le

voulait, d'une hcure d'explication. Mais d'accord

sur quelles bases? La-dessus personne ne consen–

tait a devancer d'un seuljourladéclaration solen–

nelle

des

conditions de la paix. Elles étaient done

bien dures, se disait M. de Caulaincourt, puis–

qu'on n'osait pas les produire, et qu'on voulait

les promulguer, sans doute comme une loi de

l'Europe

a

laquelle

il

n'y aurait pas de contra–

diction a opposer

!

Toutes les fois qu'il cherchait

a

provoquer quelque confidence de la part de

l'un des plénipolen tiaires, si par grande excep–

tion on l'avait laissé seul avec l'un d'entre eux,

celui-ci rompait l'entretieu. S'il était avec

plusieurs, celui qu'il avait essayé d'aborder éle–

vait la voix, pour qu'on ne put pas croire

a

des

intelligences secretes avec la France. Il était évi–

dent qu'avaot tout on craignait cet étre idéal et