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BRIENNE ET l\fONTl\IIRAIL. -

FÉVRTER

i8i4.

587

!'alarme était au comble et qu'il n'y avait plus

ríen a ménager,

il

prescrivait de renforcer avec

des palissades l'enceinte dite de l'octroi , de con–

struire également avec des palissades des tam–

bours en avant des portes, d'établir des redoutes

sur les emplacements déja désignés, de les cou–

vrir d'artillerie, et de placer derriere ces ou–

vrages improvisés la garde nationale armée de

fusils de chasse si !es fusils de munition man–

quaient. Quelle confiance n'eút-il pas éprouvée,

quelle liberté de manreuvre n'aurait-il pas

acquise, s'il avait eu ces magnifiques murailles

qui, grace a un roi patriote, entourent aujour–

d'hui Ja capitale de la France

!

· Napoléon avait séjourné du 5 au 8 février

a

Troyes d'abord, pliis

a

Ndgent, dans la pré–

voyance d'une faute de l'ennemi, de laquelle il

attendait son salut. Bientót ilcrut en découvrir les

premiers signes. Le lendemain, en effet , de la

bataille de la Rothiere, les coalisés avaient as–

semblé a Brienne un grand conseil pour exami–

ner que! parti on devait tirer de la situation de

Nápoléon qui leur semblait désespérée. Ce

n'était pasa une force de 50 mille hommes qu'on

l'avait supposé réduit apres la bataille de la

Rothiere, mais

a

celle de 40

a

50 mille, -s'éle–

vant peut-etre avec Mortiera 70 mille, et, en cet

état., si au-dessus pourtant de la réalité, on le

tenait pour perdu, moyennant, se disait-on,

qu'on ne commit pas de trop grandes fautes.

Apres bien des discussions, les opérations sui–

vautes avaient été résolues.

Quelle que fút la supériorité qu'on eút sur

Napoléon, on craignait toujours de le rencontrcr

face a face, et de risquer le sort de la gucrre en

une bataille déeisive. On voulait done manreu–

vrer, et l'aceuler sur Paris, en y amenant sucees–

sivement toutes les armées de la coalition, pour

l'aecabler sous une masse éerasante d'ennemis ,

comme on avait fait a Leipzig. 11 y avait, sur la

droite des alliés, des forces laissées au blocus des

places. C'étaient, eomme nous l'avons dit, le

corps d'York resté devant Metz, celui de Lange–

ron devant Mayence, eelui de Kleist devant Er–

furt. Ces corps , r·emplacés actuellernent par

d'autres troupes et pres d'arriver sur la Marne,

comprenaient, celui d'York, 18 mille hommes,

celui de Langeron, 8 mille (la moitié de ce corps

était seule disponible), celui de Kleist, 10 mille,

c'est-a-dire envi'ron 56 mille hommes, sans

compter le corps de Saint-Priest, et divers dé–

taehements de Bernadotte qui refluaient tous

en ce moment vers la Belgique. 11 n'était pas

possible de laisser les corps d'York, de Lange–

ron, de Kleist, isolés sur la Marne, a portée

des coups de Napoléon, et de ne pas les faire

concourir au hut commun. 11 fut convenu que

Blucher irait les rallier avec les 20 et quelques

mille hommes qui lui restaient, ce qui reporte–

rait a environ 60 mille l'aneienne armée de

Silésie, et lui constituerait une situation indé–

pendante. Blucher manreuvretait a la tete de eette

armée sur la

~farne,

et, en refou]ant J\facdonald

sur Chalons, l\'Ieaux et Paris, il se trouvcrait sur

les derricres de Napoléqn, qui par

la

serait

obligé de se replier. Alors le prince de Schwar–

zenberg , qui aurait encore au moins 150 mille

hommes apres le départ de Blucher, suivrait

Napoléon pas

a

pas dans sa retraite. Si Napo–

léon revenait sur Je prince de Schwarzenberg,

Blucher en profiterait pour faire un nouveau

pas en avant, et en

avan~ant

ainsi les uns le

long de la Seine, les autres le long de la l\'Iarne,

on finirait, eorome ces rivieres elles-memes, par

se rencontrer sous Paris, et par accahler Napo–

léon sous la masse des forces de l'Europe réunies

autour de la capitale de la France. En attendant

on était si forts, meme séparés, que si Napoléon

voulait tomber sur l'une des deux armées alliées,

on lui tiendrait tete. Blucher, avec 60 mille

hommes, croyait n'en avoir rien a craindre. Le

prince de Schwarzenberg, beaucoup moins pré–

somptueux, croyait pouvoir lui résister avec ses

150 mille hommes. D'ailleurs,

a

la distance ou

l'on était de Paris, la Seine et la l\farne étaient

assez rapprochées pour que de l'une a l'autre on

pút se donner Ja main, surtout en ayant une

nombreuse cavalerie. 11 fut convenu, en effet,

que le prince de Wittgenstein se tiendrait sur

l'Aube, ou

·il

serait lié par les 6 mille Cosaques

du général Scsliavin, d'un coté a Blucher qui dc–

vaitmarcher sur

la

Marne,et de l'autre au prince

de Schwarzenberg qui devait marcher sur la

Seine. Avec de telles précautions on ne redou–

tait aucun maJheur, aucun de ces accidents sur–

tout au xquels il fallait s'attendre quand on avait

affaire au génie si imprévu de Napoléon. Oo se

contenta done de ce qu'elles avaient de spé–

cieux, et Blucher qui voyait dans la combinaison

adoptée son indépendance, la chance d'arriver

le premier

a

Paris, ScJnvarzenberg qui s'en pro–

mettait la délivrance du plus incommode, du

plus impérieux des collaborateurs, y consenti–

rent également.

Par suite de ces disposi tions, Bluchcr se porta

le 5 de Rosnay sur Saint-Ouen, le 4 de Saint-