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LlVRE CINQUANTE-DEUXIEME.
Ouen sur la Fere--Champenoise, et trouvant le
corps d'York drja aux prises avec le maréchal
l\Iacdonald pres de Chalons,
il
s'appliqua
a
dé–
bordcr ce maréchal, etl'obligea ainsi de se relirer
surÉpernay et surCbateau-Thierry. l\facdonald ,
apres sa longue retraite de Cologne
a
Chalons,
n'avait plus que
!)
mille fantassins et 2 mille che–
vaux.
Jl
était
a
Chateau-Thierry le 8 février,
suivi par Je corps d'York le long de la Marne, et
menacé en flane par Blueher, qui, suivant la
route de la Fere-Champenoiseet de l\fontmirail,
espérait le devancer
a
l\'Ieaux. (Voir le cartes
n°• 62 et 65.) Paris était ainsi découvert, et
c'éLait ce danger devenu évident qui jetait ses
habitanls dans les plus vives alarmes . Le prince
de Schwarzenberg de
SOll
coté, apres avoir ta–
tonné dcvant Napoléon, dont il craignait les
moindres mouvemcnts, s'avarn;a lentement sur
Troyes, ayant avec son redoutable adversaire
des combats d'arricre-garde chaque jour plus
rudes. Tout
a
coup
il
corn;ut des doutes et des
inquíétudes. 11 venait d'apprendre que des
troupes frant;aises se montraient au lóin sur sa
gauche , e'est-a-dire sur l'Yonne ,
a
Seos, a
Joigny,
a
Auxerre (e'étaient eelles de Pajo!). II
venai t aussi de recueillir divers bruits partis de
points plus éloi¡;nés. On lui avait mandé qu'une
armée frani;aise se formait a Lyon sous le maré–
chnl Augereau , et qu'elle prenait I'o[ensive
contre Bnbna, que des troupes d'Espagne accou–
raicnt en poste, et que leurs tetes de colonnes
¡;'apercevaient déja pres d'Orléans. Il se de–
manda sur-le-champ si Napoléon ne méditait
pas quelque mouvement sur son flnnc gauche,
par dela la Seine et l'Yonne, et si l'armée de
Lyon, les troupes que l'on voyait sur l'Yonne,
celles qui arrivaient d'Espagne, n'étaient pas les
moyens préparés de ce dangereux mouvement.
En proie a ces inquiétudes, il se porta un peu
a
gauche, tandis que Blucher se portait un peu
a
droite, ce qui devait augmenter sensiblement
l'espace qui les séparait. En effet, il ramena
W ittgenstein de la rive droite de l'Aube
a
Ja
rive gauche, c'est-a-dire d'Arcis a Troycs ;
il
laissa de Wrede devant Troyes avec les r éserves
en arricre,
il
poussa Giulay sur Villeneuve–
l'Archeveque, et Colloredo sur Sens, se flattant,
par ce mayen , de s'etre garantí de toute entre–
prise contre son flanc gauche. Quelqucs Cosa–
ques étaient restés chargés de lier les deux
armées ; mais l'espace entre elles s'était fort
ngrandi . Ce général si sage, en croyant se pré–
servcr d'un clanger, s'en préparait, commc on
va le voir, un autre hien plus grave, car
a
-la
guerre ce n'est pas un danger qu'il faut avoir
en vue' mais tous; ce n'est pas un coté de l-a
situation, c'est la situation tout entiere qu'il
faut cmbrasser d'un regard vaste, prompt et
sur.
Le 6, le 7 février, Napoléon, a l'affut commc
le tigre pret
a
saisir sa proie, suivait de l'reil ses
adversaires avec une joie croissante , la seule
qu'il lui ft'\t encore donné d'éprouver, et il avait
longtemps hésité entre deux partís. Tantot
il
voulait se jeter sur Collorcdo et GiuJay, aven–
turés imprudemment entre la Seine et l'Yonne,
tantot sur Blueher courant vers la Marne; mais
le 7 il n'hésita plus. L'importance des résultats
a obtenir en se plai;ant entre Schwarzenberg et
Blucher , la nécessité de secourir au plus tot
Macdonald et París, Je déciderent
a
se porter
sur la l\'Iarne, et il comment;a son mouvement
con tre Blucher avee une satisfaction indicible.
Pendant ces jours du 4 au 7 février, et sous sa
vigoureuse impulsion,
il
était sorti de París quel–
ques bataillons tirés des dépots.
Jl
avait avec
cette rcssource un peu recruté les corps de
l\farmont et de Víctor, les divisions des géné–
raux. Gérard et Hamelinaye, et,
a
l'aide de déta–
ehements venus de Versailles,
il
avait ajouté
quelques renforts
a
sa cavalerie. Enfin il avait
dirigé sur Provins la premiere division arrivée
d'Espagne. Le 5, il avait fait descendre Marmont
d'Arcis sur Nogent, et s'y était porté lui-meme
de Troyes, en se couvrant dé fortes arriere–
gardes, afio de caeher sa marche a l'ennerni.
Parvenu la, il avait eommencé sa grande opéra–
tion. l\farmont, dont !'esprit était assez actif,
avait de son coté imaginé cette meme opéra–
tion, mais d'une maniere confuse·, car il la
regardait déja comme impossible , lorsquc Napo–
léon, sans s'inquiéter de ce qui se passait dans
cetlc téte légere, lui ordonna le 7 de partir de
Nogent avec une avant-gardc de cavalerie et
d'infanteric, et de se porter sur Sézanne, lieu
po urvu par ses ordrcs d'abondantes ressources.
(Voir le' cnrtes nº" 62 et 63.) l\'Iarmont devait,
des qu'il aurait rcconnu la route, se fairc suivre
par toutson corps. Le 8, Napoléon achemirn1 Ney
avcc une division de la jcunc garde et la cava–
lerie de Lefebvrc-Desnouettes sur cette mernc
route de Sézanne. 11 se prépara
a
partir lui–
meme le 8 avcc l\:lortier et la vieille garde.
Ces trois corps comprenaient cnviron 30 mille
hommcs.
Pourtant, en se dirigcant sur
la
~Iarne,
il ne