BRIENNE ET l\10NTMIRAIL. -
FÉVRIER
181 4.
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avait plus rien
a
désirer q:uant
a
l'armée de
Silésie.
Nopoléon, infatigable comme aux plus beaux
jours de sa jeunesse, résolut de ne pas perdre
un moment pour tirer de ceue série d'opérations
tóus les
a~antages
qu'il pouvait encore en espé–
rer. 11 employa le reste de la journée du 12 et
Ja plus grande partie de cellc du 15, a r éparer
le pont de la Marne, afin d'envoyer Mortier ,
a
défaut de Macdonald,
a
la poursuite des corps de
Sacken et d'York sur Soissons, et, tandis qu'il
vaquait
a
ce soin ,
il
avait les yeux fixés sur
l\fontmirail ou l\farmont avait été placé en obser–
vation devant Blucher, et sur Ja Seine ou les
maréchaux Víctor et Oudinot étnient chargés de
contenir le prince de Schwarzcnberg. Du coté
de Montmirail, Blucher n'avait pas donné signe
de vie, et Marrnont était demeuré
a
Étoges saos
cssuyer d'attaque. Du coté de la Scine, la situa–
tion était moins paisihle. Le prince de Schwar–
zenberg, apres avoir accordé un peu de repos
a
ses troupes
a
Troyes, les avait portées sur la
Seine, dontil occupait le contour de Méry
a
Mon–
tereau, et il essayait d'en forcer le passage a No–
gent-sur-Seine,
a
Bray,
a
Montereau meme. Les
maréchau.t Víctor et Oudinot r ésistaient de Jeur
mieux avec les ressources que Napoléon leur avait
laissées, mais demandaient son retour avec in–
stanee. Chaque jour,
il
leur avait donné de ses
nouvelles et des meilleures, et les avait encoura–
gés
a
tenir fermc, .leur promettant de revenir
a
léursecoursdes qu'il en aurait fini avecBlucher.
Napoléon ávait ainsi passé treote-six heures
a
Chateau-Thierry, lorsque daos la nuit du 15
au
-14,
il
re¡;ut de Marmont la nouvelle fort
grave, mais fort satisfaisante, que Blucher, immo–
bile pendant les journées des
rn·,
11
et 12 , avait
enfin repris l'offensive, et marchait sur Montmi–
rail, prohablement
a
la tete de forces considéra–
bles. Napoléon se mit sur-lé-champ en route. Il
avait, comme on l'a vu, laissé
a
l\fontmi rail
Friant avec la plus forte division de la vieille
garde, Curial avec une division de la jeune, et
il
avait dirigé sur le memc point la division Leva!
arrivant d'Espagne. Une division de cavalcrie
tirée de tous les dépóts réunis
a
Versailles, était
également arrivée a Montmirail. Il prescrivit
a
ces diverses troupes de se porter de l\fontmirai1
sur Champaubert
a
l'appui du maréchal Mar–
mont. Il y envoya de Chateatr-Thierry la division
d'infanterie de jeune garde du général l\'fusnier ,
et toute la cavalerie de la garde sous les ord rcs
de Ney. En meme temps, il expédra vers Sois-
sons l\fortier avec la seconde division de la
gardc, avec les fanciers de Colbert et les gardes
d'hon neur du général Defrancc, lui recomman–
dant de poursuivr e
a
outr:rnce les corps vaincus
des généraux d'York et Sacken ; puis
il
partit
au galop pour devancer de sa personne les trou–
p es qu'il ameoai t.
Jl
arriva vers neuf henres du
matin
tl
Montmirail , et y trouva toutes choses
comme
il
pouvait les désirer, car
il
semhlait
qu'en ces derniers jours de faveur Ja fortune ne
lui refusat r íen de ce qui devait rendre ses suc–
ces éclatants.
Blucber , apres avoir attendu le H , le 12, des
nouvellcs de Sacken et d'York, se flattant qu'ils
se seraient r epliés sains et saufs sur Ja Marne,
avait enfin songé
a
venir
a
leur secours en se
portant
a
Montmirail avec les troupes de
Capze~
witz, le corps prilssien .de Kleist, et les restes
d'Olsouvieff. Ces troupes forni aient en tout 18 ou
20 mille hommes . Blucher avait mandé, en <>utre,
au prince de Schwarzenherg, de lui envoyer le
détacherncnt de Wittgenstein par la traverse de
Sézanne, et se promettait avec ce détachement,
avec ce qu'il avait sous la main , d'opérer sur les
derrieres de Napoléon une asscz fortc _diversion
pour achevcr de dégager Sac}\en et d'York, qui
seraicnt ainsi en mesure de remonter la Marric
et de le r ejoindrc par Épernay et Chalons. C'était
raisonner peu sensément, car il pouvait bien, en
s'avan¡;ant ainsi, rencontrer Napoléon victoricux
d'Olsouvieff, et Sacken et d'York, revenant avec
ses forces réunies pour se jeter sur le général
de l'armée de Silésie, et accabler le chef apres
avoir accahlé les lieutenan ts.
Le 15 au matin , Blucher avait quitté Vertus ,
gravi le plateau sur Jeque! sont situés Champau–
bert et Montmirail , et fait reculer Marmont qui,
n'ayant que cinq
a
six mille hommes
a
lui oppo–
ser, s'était retiré successivement sur Champau–
ber t, Fromen tieres et Vauchamps. C'est de la
que Marmont avait, le 15 au soir, écrit
a
Napo–
léon. Le 14, en attendant son arrivée,
il
a·vait
évacué Vauchamps, et pris position un peu en
arriere sur la route de l\fontmirail.
Napoléon ayant rejoint Marmont le 14 vers
neuf heures du matin , l'offensive fut reprise
a
l'instant meme. Le mar échal Marmont, en aban–
donnant Vauchamps , s'était étahli sur une bau –
teur boisée, au sommet de laquelle il avait
rangé son artillerie. Blucher , marchant avec sa
confiance accoutumée, envoya la division prus–
siennc Ziethen en avant pour le précéder
a
Montmirail. A peine sortie de Vauchamps , cette
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