BRIENNE ET l\fONTl\fIRAIL. -
FÉVRIER
18i4.
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avouer au
parlement.qu'il faisait la guerre potir
rétablir les Bourbons. Si lord Castlereagh, maitre
aujourd'hui d'óter
~t
la France Anvers et Genes,
s'était exposé
a
un revers en dépassant Je but,
il
lui aurait été impossible de se présenter soit a
l'une, soit
a
l'autre des deux chambres. En fin en
prolongeant les hostilités, oñ risquait de mettre
la France de Ja partie, et déja on voyait les pay–
sans prendre les armes en quelques endroits,
intercepter les convois, tuer les hommes isolés,
danger qui mena<;ait de s'accroitre, et qui devait
singulicrement ajouter
a
tou les les difficultés de
cette lutte acharnée. Comme on avait un besoin
indispensable des troupes de l'Autriche et de
l'argent de l'Angleterre, et que l\L de Metternich
ainsi que lord Castlereagh avaient déployé en
cette occasion une remarquable fermeté, on avait
consenti
a
reprendre les conférences, et on avait
envoyé aux plénipotentiaires, encore réunis
a
Ch3.tillon, un projet de préliminaires dont l'adop–
tion devait füire cesser les hostilités
a
l'instant
meme, mais qui était tellement humiliant dans
la forme, qu'on
le
regardait comme l'équivalent
d'une entrée dans Paris. C'était la consolation
qu'on avait voulu ménager
a
I'empereur Alexan–
dre.
11
s'en était contenté, dans l'espérance que
Napoléon n'accepterait pas ce nouveau projet, et
en attendant il pressait le prince de Schwarzen··
berg de marcher sur Paris, afin de n'avoir pas le
chagrin ou d'y arriver derriere le maréchal Blu–
cher' ou d'etre arreté par Ja signature de la paix
au moment d'y entrcr.
A la suite de ces résolutions, le prince de
Schwarzenberg s'était avancé parallelement
a
la
Seine, de Nogent a Montereau. (Voir Ja carte
nº 62.)
11
avait cLirigé les corps de Wittgenstein
et du maréchal de Wrcde sur Nogent et Bray,
les W urtembergeois sur Montereau, les troupes
de Colloredo et de Gi uJay sur l'Yonne, ces dcr–
niers ayant l'ordre de franchir cette riviere et de
se porter sur Fontaincbfcau. Les réserves russes
et prussiennes étaient demeurées sous Barclay de
Tolly entee Troyes et Nogent. "Wittgenstein et
de Wrede s'étant présentés a Nogent et Bray,
furent re<;us
a
Nogent par le général Bour–
mont, que le maréchal Víctor y avait laissé avec
1,200
hommes seulement. Ce géoéral, apres un
combat héro!que, les avait repoussés avec perle
de
1,oOO
hommes. Mais a Bray ils n'avaient
trouvé que des gardes nationales, et iJs avaient
forcé le passage. Le maréchal Victor, en voyant
le passage de la Seine forcé a Bray, o'avait pas osé
rester derrihe Nogent, et s'était retiré sur Pro-
vins et Nangis. Le ma1·échal Oudinot entrainé
dans ce mouvcment rétrograde, et n'ayant que
la division Rothenbourg pour rétnblir les affaires,
avait suivi la retraite du maréchal Victor, et l'un
et l'autre étaient venus prcndre position sur la
petite riviere d'Yeres, qui traverse la Brie, et va
tomber dans Ja Seine pres de Villeneuve-Saint–
Georges. Les deux maréchirnx rangés dcrriere
cette faible riviere attendaient la que Napoléon
vinta leur secours. Le brave général Pajo!, n'ayant
cessé d'etre
a
cheval malgré des blessurcs rou–
vcrtes, ne pouvait pas tenir a Montereau quand
Bray et Nogent étaient abandonnés;
il
avait rc–
cueilli le géoéral Alix, qui venait de défendre
Sens avcc la plus grande vigueur, et s'était replié
de l'Yonne sur le canal de Loing, et du canal de
Loing sur FontainebJeau.
Ainsi le
14
février , jour ou N11poléon achevait
a
Vaucbamps la défaite de l'armée de Silésie, les
troupes de l'armée de Boheme étaient placées, le
prince de Wittgenstein
a
Provins, le mHréchal
de Wrede
a
Nangis, les Wurtembergeois a Mon–
tereau , le prince de Colloredo dans la foret de
Fontainebleau, le général Giulay a Pont-sur–
Yonne, les Cosaques da ns les environs rl'Orléans ,
l\faurice de Lichtenstein avec les réserves autri–
chiennes
a
Seos, enfin Barclay de Tolly avec les
gardes russe et prussienne en seconde ligne,
entre Nogent et Bray. Quelques-nouvelles des
revers de Blucher étaicnt parvenues au quarticr
générnl des coalisés, mais on ignorait l'impor–
tance de ces revers, et on se flattait de pou–
voir arriver jusqu'a París pllr Fontainebleau ou
l\Telun.
En apprenant ce triste éla t de choses, Napo–
léon avec sa prodigieuse activité qui n'avait de
limites que dans les forces pbysiques de ses sol–
dats, se r eporta tout de -suite de Vauchamps sur
Montmirail, suivi de la garde jeune et vieille, et
de toute la cavalerie.
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laissa au maréchal Mar–
mont le soin qu'il luí avait déja confié de se tenir
entre la Seine et la Marne, depuis Étoges jusqu'a
l\fontmirail, d'y observer les débris de Blucher,
et d'y donner lll main
l1
Mortier qui ava it été
envoyé
a
Ja poursuite de Sacken et d'York sur
Soissons. Puis il
fit
ses dispositions pour se re–
porlcr sur la Seine et tenir tele au prince de
Schwarzenberg.
Une grave question s'offrait en ce moment
a
!'esprit de Napoléon. Fallait-il aller droit de
l\fontmirail a Nogent par Sézanne (route qu'il
avait déja suivie) , pour joiodre la Seine par le
pi us court chemin, et tomber ainsi brusquement
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