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BRIENNE ET l\IONTMIRAIL. -

FÉVRIER

1.81.4.

407

de Bray, ce qui n'était que trop facile. En effet

les coteaux qui

a

1\fontereau bordent la Seine et

Ja dominent, s'en éloignent

a

Bray et

a

Nogcnt,

et ne fournissent des lors aucune position domi–

nante pour tirer sur les ponts. Au contraire, des

villages, s'étendant sur les deux rives et bien

barricadés, présentaient des postes que l'armée

de Bohemc, concentrée par son mouvement ele

retraitc, pouvait nous disputer longtemps. Il ne

restait done que le pont de 1\fontcreau, et ce pont

importait d'autant plus, que si on le traversait, il

était possible de eouper le corps de Colloredo

aventuré jusqu'a Fontaincbleau, et d'enlever

ainsi 1D ou 20 rnille hommes

a

la fois, ce qui cut

été un événement capital. Napoléon enjoignit au

maréchal Víctor de quitter son lit sur-le-champ,

d'arracher ses troupes a leur bivac' et de cou–

rir a 1\fontereau. Il s'appreta lui-mcme

a

s'y

rendre. Avant de se mettre en route

il

prescrivit

aux maréchaux Oudinot et Macdonald d'empor–

ter, l'un Nogent, l'autre Bray, s'íl était possible,

et, dans le cas contraire, de se replier sur lui

pour débouchcr tous ensemble par Montereau.

La garde ayant fait une journée en charrettes

était arrivée a Nangis; Napoléon lui ordonna de

suivre Víctor sur Montereau.

11 avait cu a prendre dans cette journée une

résolution qui attestait l'importance de nos ré–

cents succes. A son arrivée dans la soirée

a

Nan–

gis, un aide de camp du prince de Schwarzen–

berg, le comte de Parr, était venu

a

l'improvislc

demander une suspension d'armes, suspension

que M. de Caulaincourt peu de jours auparavant

offrait vainement d'acbeter au prix des plus

crucis sacrifices

!

Comment se faisait-il que de

tant de confiance' d'orgueil' de dureté, on cut

passé si vite a tant de sagesse et de moclération?

Les événements accomplis l'expliquaient suffi–

samment, et prouvaient tout ce que Nopoléon

avait gagné dans- ces derniers jours. Les souve–

rains réunis

a

Nogent autour du prince de

Schwarzenberg, apres avoir cu d'abord de vagues

nouvelles de Blucher, avaient su bientot avec

détail l'étendue des revers éprouvés par ce fou–

gueux général , et s'apercevant aux rudes atta–

ques qu'ils venaient d'essuyer eux-memes que

Napoléon était présenl, avaient conl}U tout

a

coup

des résolutions plus modestes que celles dans

lesquellcs ils persistaient la veille encore. L'ar–

mée de Bohéme était effectivement dans une

situation tres-grave, car elle s'avan1tait de front

sur une ligne de bataille de plus de vingt licues,

depuis Nogent jusqu'a Fontaiuebleau, et en

quatre colonnes dont une ou deux couraient grand

risque d'etre enveloppées et détruites, si Nopo–

Jéon les dcvan1tait au passage de

Ja

Seine. L'ar–

réter sur-le-champ était de la plus haute impor–

tance, et malgré les propos accoutumés du partí

de la guerrc

a

outrance, le

pri~ce

de Schwar–

zenberg les dédaignant cette fois, avait imaginé

d'cnvoyer un aide de campa Napoléon pour luí

p·roposer de s'arreter oú ils se trouvaient, en

disant que sans doule c'était dans l'ignorancc de

ce qui se passait a Cluitillon qu'il poussait si

vivement les hostilités, que les conférenccs tem–

porairement suspendues venaient d'etre reprises

sur des bases admises par M. de Caulaincourt

lui·meme, et que dans quelques heurcs on ap–

prendrait probablement la signature des pré–

liminaircs de la paix.

U

y avait dans uue telle

assertion ou une supercherie, ou une singuliere

na1veté. M. de Caulaincourt n'avait pas accepté

l'outrageante proposition des coalisés, il s'était

borné a demander confidentiellement

a

l\f.

de

l\1etternich , si l'acccptation sommaire de cette

proposition serait au moins suspensive des hos–

tilités , et il l'avait demandé le lendemain de

la bataille de la Rothiere, dans un momen·t de

désespoir; mais supposcr qu'aprcs les combats

de Champaubert, de Montmirail, de Chateau–

Thierry, de Vauchamps, de Mormont, de Vil–

lcneuve, Napoléon consentirait

a

faire rentrcr la

France do ns ses anciennes limites, et, ce qui était

bien pis, renoncerait

a

avoir un avis sur le sort

qu'on destinait

a

l'ltalie, a l'Allcmagne,

a

la Hol–

lan<le,

a

Ja Pologne , c'était en vérité une pré–

somption bien étrange, et égale au moins

a

celle

que nous avons plus d'une fois reprochée a Na–

poléon.

Quoi qu'il en soit, c'est ce qu'on avait' chargé

l'aidc de camp du prince de Schwarzenberg

d'aller proposer au quarHer général fran1tais. ll

aurait done fallu que Napoléon s'arretat en plcine

victoire, pour accepter Ja dégradation dela France

et la sienne

!

Aussi apprit-il avec un sourire ironique l'ar–

rivéc du messager de la coalition;

il

ne voulut

pas l'admettre en sa présence, mais

il

consenlit

a

recevoir la lettre du prince de Schwarzen–

berg, en disant qu'il répondraít plus tard. Et

pourtant

il

ne savait pas

a

quelle espece de pro–

positions se rapportait le message qu'on lui

adrcssait

!

N'ayant pu que tres-difficilement

communiquer avec M. de Caulaincourt, duquel

il

était séparé par toute l'armée de Bohéme,

il

n'avait aucune connaissance de ce qui s'était