BRIENNE ET J\JONT!\JJRAIL. -
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18
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peul-etre décider la retraite du princc de Schwar–
zenberg qui n'était que commencée. Napoléon,
saisi d'impatience, lui adressa la lettre suivante,
qui mérite d'etre reproduite par l'histoire.
«
Nogcnt-sur-Seine, 21 févricl' 1814.
. «
Le ministre de la guerre m'a mis sous les
«
yeux la letlre que vous Iui avez écrite le 1
G.
H
Cette Iettre m'a vivemen t peiné. Quoi ! six
" heures apres avoir
re~u
les
premieres troupes
" veuant d'Espagne, vous n'étiez pas déja en
" eampagne! Six heures de repos leur suffisaient..
H
J'ai remporté le combat de Nangis avee la bri–
" gade de dragons venant d'Espagne, ']lli de
" Bayonne n'avait pas encore débridé. Les six
" bataillons de Nimes manquent, di tes-vous,
" d'habillement et d'équipement, et sont sans
e<
instruction
!
Quelle pauvre raison me donnez–
" vous la, Augereau
!
J'ai détruit 80 mille en ne–
" mis avec des bataillons composés de conscrits
" n'aynnt pas de gibernes et étant
a
peine habil–
" lés. Les ga-rdes nati.onales, dites-vous, sont
" pitoyables. J'en ai ici 4 mille venant d'Angers
" et de Bretagne en chapeaux ronds, sans gi–
" bernes, mais ayant de bons fusils; j'en ai tiré
" bon partí. -
JI
n'y a pas d'argent, conti–
" nuez-vous. Et d'ou espérez-vous tirer de l'ar–
«
gent? Vous ne pourrez en avoir que quand
" nous aurons arraché nos recettes des mains de
" l'ennemi. Vous manquez d'atlelages : prenez–
" en partout. Vous n'avez pas de magasins : eeci
e<
est par trop ridieule
! -
Je vous ordonne de
• partir douze heures 13pres la réception de la
" présente lettre pour vous mettre en campagne.
«
Si vous
e
tes toujours
1'
Augereau de Castiglione,
" gardez le eommandement; si vos soixante ans
" pesent sur vous, quittez-Ie, et remettcz-le au
o.
plus ancien de vos officiers généraux. - La
«
patrie est menacée et en danger; elle ne peut
1(
etre sauvée que par l'audace et la bonne vo–
«
lonté, et non par de vaines temporisations.
" Vous devez avoir un noyau de plus de 6 mille
" hommes de troupes d'élite; je n'en ai pas tant,
" et j'ai pourlant détruit trois armées, fait
«
40 mille prisonniers, pris 200 pieces de canon
e<
et sauvé trois fois la capitale. L'ennemi fuit de
" tous cótés sur Troyes. Soyez le premier aux
a
halles. Il n'est plus question d'agir comme dans
" les derniers temps, mais il faut reprendre ses
u
bottes et sa résolution de 95. Quand les Fran–
u
c;ais verront votre panache aux avant-postcs,
u
et qu'ils vous verront vous exposer le premier
(( aux coups de fusil, vous en fet•ez ce que vous
«
voudrez."
Non loin d'Augereau se trouvait l'armée
d'Italie, a laquelle Napoléon avait envoyé l'ordre
de repasser les Alpes pour cleseendre sur Lyon ;
mais
il
n'avait expédié cet ordre que fort tard,
et lorsque le prince Eugene était engagé avec
l'armée aulrichienne dans les plus rudes com–
bats. Tourné sur sa droite par les détachements
autrichiens que Ja marine anglaise avait débar–
qués en dec;a de l'Adige, le prince Eugene avait
été obligé de quitler ce fleuve dont l'armée ne
s'était éloignéequ'avec une profonde tristesse. 11
était venu s'établir derriere le Mincio, Ja gauche
a
Goito,
la
droite
a
Mantoue, avec la résolution
de s'y faire respecter. En effet voyant les Aulri–
chiens occupés
h
passer le Mineio sur sa gauchc,
vers Valeggio,
il
avait laissé le général Verdier
en position avec un t.iers de l'armée, avait fran–
chi le fleuve avec les deux flutres tiers par les
ponts de Goito et de Manloue, puis porlant cette
masse en av:rnt par un rapide mouvement de
conversion, il avait pris l'armée autrichienne en
flanc tandis qu'ellc était en marche pour se rcn–
dre sur le point du passage, et lui avait lu é,
blessé ou enlevé de 6
a
7 mille hommes daos
les plaincs de Roverbellfl.
11
lui avnit pris en
outre beaucoup d'artillerie. 11 nous en avait
couté environ 5 mille hommes. La perte pour
nous était relativement fort considérable, mais
nos troupes avaient montré la plus grande vi–
gueur, leur jeune général un talent militaire
qui commenc;ait
a
murir, et les Autrichiens
confus avaient regagné l'Adige en ajournant
lcurs projets de conquete jusqu'au jour ou
Murat tiendrait ses promesses.
Tellcs élaient les nouvelles qu'un aide de
camp du prince Eugene; M. de Tascher, venait
apporter a Napoléon au moment mcme du com–
bat de Montereau. C'était une détermination
délicate et digne d'ctre fort méditée que de
persister
a
évacuer l'Italie, apres une victoire
éclatante sur le Mincio, et apres des victoires
plus éclaLantes encore entre la Seine et la l\farne.
Lorsqwe Napoléon avaitordonné cette évacuation,
il l'avait fait non-seulement par Je besoin de con–
centrer ses forces, mais dans l'espérance que.les
troupes qu'il tirerait d'Jtalie arriveraient sur le
Rhóne assez tót pour y etrc utiles. La situation
présente devait provoquer de nouvelles ré–
flexions. Sans doute , si le prince Eugene avait
pu ramener a temps sur Lyon les 50 mille