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4i6

LIVRE

CINQUANTE-DEUXJEME.

donnant l'Espagne, .l'Italie, toutcs les parties de

l'Allemagne, la Hollandc, la Belgique, d'obtenir

l\fayence, Coblentz, Cologne, en un mot d'avoir

le Rhin en

renon~ant

a

l'Escaut. Et certes une

telle

p~h,

il

valait la peine de la condure, sinon

pour Napoléon, du moins pour la France. Or

avcc une victoirc encore on aurait pu se l'assurer,

et

il

était sage de la conseiller.

M.

de Caulain–

court, sans s'expliquer sur ce qu'il faudrait sa–

crifier des limites naturellcs, supplia Napoléon

de ne poi-nt se montrer absolu, et lui dit avec

raison '.qu'il se trompait s'il croyait que ses vic–

toires l'avaient replacé

a

la hauteur des bases de

Francfort, qu'on pourrait cependant s'en appro–

cher en présenlant un contre-projet modéré.

Quand Napoléon rec;ut

a

l\fontereau ces com–

mu.nications, le rouge luí monta au frout, et il

écrÍvit sur-le-champa

M.

de Caulaincourtlalettre

suivante-.:

ce

Je vous considere comme en chartre privée,

" ne sachant ríen de mes affoires et influencé

H

par des impostures. Aussitót que je serai

a

" Troyes je vous enverrai le contre-prvj ct que

(( vous aurez

a

donner. Je rends grace au ciel

" d'avoir cetle note, car il n'y aura pas un Fran- ,

" c;ais dont elle ne fasse bouillir le sang d'indi-

" gnation. C'est pour cela que je veux faire moi-

" meme mon ultimatum ... Je suis rnécontent

•t

que vous n'ayez pas fait connaitre dans une

u

note que la France, pour etre aussi forte

" qu'elle l'était en

1789,

doit avoir ses limites

,, naturelles en compensation du partage de Ja

Pologne, de la destruclion de la république

" de Venise, de la sécularisation du clergé d'Al-

lernagne, et des grandes acquisitions faitcs

«

par les Anglais en Asic. Diles que vous at-

«

tendez les ordres de votre gouvcrnement, et

" qu'il est simple qu'on vous les fassc attendre,

11

puisqu'on force vos courriers

a

fairc des dé-

" tours de soixantc-douze heures, et qu'il vous

" en manque déja trois. En représailles j'ai

"

d~ja

ordonné l'arrestation des courriers an-

(( glais.

(( Je suis si ému de l'infame projet que vous

" m'envoyez, que je me crois déja déshonoré

rien que de m'etre mis dans le cas qu'on vous

(( le propose. Je vous ferai connaitre de Troyes

" ou de ChatiJJon mes intentions, mais je crois

u

que j'aurais mieux aimé perdre Paris, que de

" voir faire de t.elles propositions au pcuple

u

frarn;ais. Vous parlez toujours des Bourbons,

1t

j'aimerais mieux voir les Bourbons en France

1(

avec des conditions raisonnables, que desµ–

u

bir les infames propositions que vous m'en–

" voyez.

" Surville,

pres

Monlereau,

t

9 févl'ier 1814. ,,

Cctte premiere émotion passée, Napoléon ap–

préciant les sages conseils del\f. de Caulaincourt,

consentit a poursuivre la négociation, non plus

sur les bases qu'il avait chargé son plénipoten–

tiaire de porter

a

l\fanheim' et qui comprenaient

le Rhin jusqu'au Wahal, un royaume pour le

prince Jérómc en Allemagne, un pour le princc

Eugcnc en Italie, et une partie du Piémont pour

la France, mais sur des bases nouvelles qui con–

sistaienl

a

demander les limites pures et simples,

c'est·a-dire le Rbin jusqu'a Dusseldorf, au dela

de Dusseldorf la l\fouse, rien en Italie sauf une

indemnité pour le prince Eugene, et enfin la

juste influence de la France dans le reglement du

sort des États européens.

11

ne s'en tint pasa

cette eommunication officielle : sachant qu'il

existait plus

d'un~cause

de mésintelligenceentre

les eoalisés, que les Autrichicns notamment

étaient fatigués de la guerre et offusqués de

la

suprématie aífcctée par les Russes,

il

imagina de

r l pondre a la démarche qu'on avait faite aupres

de luí par une lettre qu'il adresserait lui-meme

a

l'empereur Fran<¡ois, et par une autre que le

major-général Berthier adresserait au prioce de

Schwarzenberg. Dans ces dcux lettres rédigées

avec un grand soio

il

s'effor<¡a de parler le lan–

gage de Ja politiquc et de la raison.

11

disait qu'on

en avait appclé a la victoire, que Ja victoire avait

prononcé, que ses armées étaient aussi bonnes

que jamais, et que bienlót elles seraient aussi

nombr.euses; qu'il avait done toute confiancc

dans les suites de cette lutte si elle se prolon–

geait; que cepcndant

il

marchait en ce mon;ient

sur Troyes, que la prochaioe rencontre aurait

lieu entre une armée frao<¡aise et une armée au–

trichicnnc, qu'il croyait etre vainqueur, et que

cette confiance ne devaitétonner

perso~ne ,

mais

qu'ayant éprouvé les hasards de la guerre,

il

voulait bien considérer cette supposition comme

douteuse, qu'il raisonoerait done daos une

double hypothese : que s'il était vainqueur

la~

coalition serait anéantie, et qu'on le rctrouverait

apres cettc épreuve aussi exigeant que jamais,

car il y scrait autorisé par ses dangers et ses

triomphes; que s'il était vaincu au contraire,

l'équilibre de l'fü1rope serait rompu un peu plus

qu'il ne l'était déja , mais au profit de

la

Russie

et aux dépens de l'Autriche; que ce11e-ci en se-