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406

LlVRE CINQUANTE-DEUXIEl\IE.

Schwarzenberg un traitement assez semblable

a

celui qu'avait essuyé l'armée de Blucher. Pour–

tant il fallait la poursuivre saos rel:iche, si on

voulait obtenir les résultats qu'on était fondé

a

espérer, et Napoléon précipita le mouvcmcnt de

tous ses corps. On s'avarn;a rapidemcnt sur Nan–

gis, refoulant a la fois les troupes russes de

Wittgenstein dont on venait d'anéantir l'avant–

garde, et les troupes bavaroises qui se repliaient

sur leur corps de bataille. Le succes de cetle

nouvelle série d'opérations tenait essentiellement

au passage immédiat de la Seine, car si Napo–

léon parvenait

a

la franchir avant que tous les

corps ennemis l'eussent repassée, et

par~iculie­

rement ccux qui s'étaient aventurés sur Fontai–

nebleau,

il

était presque assuré de prendre en

détail la plupart des retardataires. 11 se dirigea

done en toute hale sur les ponts de Nogent,

Bray et l\fontereau qu'il avait devant lui. (Voir

la carte n°-62.) 11 achemina le maréchal Oudinot

par Provins sur Nogent avec une partie de la

cavalerie d'Espagne sous le comte de Valmy, et

le maréchal l\'lacdonald par Donnemarie sur

Bray. Quant a luí, se faisant suivre des'troupes

du maréchal Víctor,

il

prit

a

droite, et se porta

par Villeneuve sur l\fontereau. Ne sachant le–

quel de ces trois ponts serait le plus facile

a

re–

conquérir,

il

dirigeait ses efforts sur les trois a

la fois. En marchant hardiment on pouvait bien

enlever un ou deux des trois ponts, et alors il

étaít possible de repasser la Seine assez tót pour

couper toute retraite aux corps ennemis qui se

seraient trop avancés.

En cheminant sur Villeneuve le maréchal

Victor, toujours précédé par les divisions Du–

four et Hamelinnye que conduisait le général

Gérard, rencontra un peu au dela de Valjouan

la

division bavaroise Lamotte qui cherchait a s'en–

fuir, et qui avait peu de cavalerie

a

opposer

a

la nótre. Elle était en travers de la grande route,

la gauche fortement établie au village de Ville–

neuve, la droite déployée daos une petite plaine

entourée de bois. Le général Gérard, présent de

sa personne a tous les engagements, se porta sur

Villeneuve avec un bataillon du 86e, l'enleva a

la

ba'ionnette, et óta ainsi

a

la division Lamotte

l'appui de ce village. Des lol's elle fut obligée de

se retirer a travers la pctite plaine qu'elle avait

derriere elle, pour chercher asile daos les bois.

C'était pour nos trou.pes

a

cheval le moment de

charger. Le général Lhéritier, commandant une

partie des dragons de Milhaud, se trouvait la

et s'il cut profité de la circonstance, c'en

étai~

fait de la division Lamotte. Nos soldats, toujour;;

intelligents, appelaient a grands cris la cavalerie,

mais soit que le général Lhéritier attendit les

ordres du maréchal Víctor qui n'arrivaient pas,

soit qu'il n'eut point aper<;u cette favorable occa–

sion, il resta immobile, et l'infanterie bavaroise

put traverser impunément le terrain découvert

qu'elle avait a franchir. Heureusement le géné–

ral Gérard, guidé par un paysan, avait suivi la

lisiere des bois, et il déboucha soudainement

avec son infanterie sur le flanc de la division

Lamotte qui se retirait en carrés. 11 altaqua ces

carrés

a

la bai:onnette, en rompit plusieurs, et

fut sccondé tres

a

propos par le gél!.éral Bordes–

soulle, qui, voyant l'immobilité du reste de la ca–

valerie ,fondit sur l'ennemi avectrois centsjeunes

cuirassiersarrivanta peine du dépót de Versailles.

Ces braves débutants, avec une ardeur et une

férocité assez fréquente chez les jeunes soldats,

s'acharnerent sur les Bavarois rompus, et en

percerent un grand nombre de leurs sabres. On

enlev~

ainsi

1 ,ñOO

hommes

a

cette division,

qu'on aurait pu prendre tout entiere. On mar–

cha ensuite sur Salins, ou le maréchal Víctor

s'arreta pour coucher' bien qu'il eut l'ordre de

courir

a

l\fontereau. Il aurait voulu que le géné–

ral Gérard s'y rendit; mais celui-ci avec ses

troupes harassécs par une longue marche et par

deux combats, ne le pouvait guere, et c'était

au maréchal Víctor, dont les deux divisions

n'avaient pas combattu, a former pendant la

nuit la tete de la colonne. Le marécbal n'en fit

ríen :

il

était fatigué, malade, abattu, mécon–

tent de Napoléon, qui lui reprochaít d'avoir mal

défendu la Seine, souffrant en un mot physique–

ment et moralcment, bien que toujours pret

a

redevenir sur le champ de bataille un officier

aussi intelligent que brave. 11 caucha done

a

Salins

a

une licue du pont de Montereau, oú

nous attendaient les plus grands résultats si

notre activité répondait a l'urgence des cir–

constances.

Napoléon accablé de fatigue avait pris un

instant de repos

a

Nangis avec l'intention de se

lever au milieu de la nuit, ainsi qu'il en avait la

coutume, pour expédier ses ordres qui devaient

etre donnés la nuit pour arriver

a

la pointe du

jo ur

a

leur destination. A une heure

il

était de–

bout, et

il

apprenait

que.le

maréchal Víctor était

r esté a Salios. Son irritation fut vive, car tous

les r apports rectus dans la soirée annonc;aient

que-l'ennemi en se retirant avait pris ses précau–

tions pour nous disputer les ponts de Nogent et