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LIVRE CINQUANTE-DEUXIEI\IE.

séparé dt la <livision Ricard , avait arreté to ute

une journée un corps de 2l> millc Bavarois, et

feur avait tué ou cnlevé plus de 2 millc hommes.

Ce donble combat fut un vérita'Qle scrvice, car en

excitant au plus haut point Ja confiance de l'ar–

mée en elle-meme, et ca rendant les c'Oalisés

infiniment plus círconspects, il contriLua beau–

coup

a

ralentir lcurs mouvements, ce q ui dcvait

nous pcrmettrc de multíplier les nótres seule res–

s-ource qui nous rcstat dHns l'état si r é<lui t de nos

forc-es.

Napoléon ayant franchi l'Aube saos accident,

séjourna le 2

a

Píncy et le lendemnin 5 février

alla s'établir

a

Troyes. Cette dernicre bataille, si

énergiqucment soutenuc contre des fo1·ces si su–

périeurés,

toí.Jt

eh étant un grand actc rnilit:iire,

nous

Jai~sait

dans un immensc péril. La coalition

scmblait avoir rasscmblé toules ses forces entre

Bar-sur-:..Aube et Troycs, et si eJJe pcrsévér ait

a

marcher réunie sur París, il était douteux, meme

en s'y faisant luer jusqu'au dcrnier Jromme, qu'on

parvint

a

l'al'reler. Apres le combat du 29 jan–

vier, et Ja bat-aill'C du 1

er

févri er , c'est out au plus

s'íl restait

a

Napoléon

2o

ou 26 milJe combat–

tants. Mortiel.', qu'il venait de rctrouver

a

Troyes,

en avait

15

mille pcut-etre, 1·e génér al Hamcli–

naye 4 millo, ce qui portait la totalité de nos

forces disponibles

i1

MS

mille hommcs. Or, le

prince de Schwarzenberg, avec Wittgenstein et

BJuch'er, en coh1ptait bien 1

GO

miJle, eh dédui–

sant les pertcs des deux dern icrs combats ; et ce

n'éCait pas tour, cal' Bluchcr allait ctre l'enforcé

n-on-sculcmenl par d'York arrivant de Mclz, mais

par Langeron prct

b.

venir de Maycncc, par K.lcist

quittant le blocus d'Erfurt, lous trois dcvant ctre

remplacés par des troupes levécs

a

la hate en

A11emagnc. On ne savait done pas jusqu'ou Ja

massc des coalisés scrait porlée sous quelques

jours, et il était possib]e qu'on se trouva t 40

a

50 millc combaltants contre 200 milJ e, et alors

comment se <l éfendre ? Les so!dats avaien t tou–

jours

la

mcme confiance en Napoléon, bien qu'il

en déserlat uu certaín nombre parmi les jeuncs,

mais les chefs, qui : sur le champ de bata,ille, lcur

donnaient l'exemple du plus grand dé\'ouement,

le:; chefs ayant assez d'expéríence pour découvrír

Je danger d'une siluation presquc désespérée, pas

assez de génie pour apercevoir les rcssources, se

livraient, hors du feu,

a

un complet décourage–

mcnt. Ils étaient d'une tristesse profonde, qu'ils

n·c prebúent aucun soiu de cacher. Cette trislesse

gagnait peu

a

peu les r angs infér ieurs, et l'hiver

avec ses souffrances et ses privati'ons n'était pas

foit pour la dissiper. Eh Franche-Comté, en Alsa·<w,

en Lorraine, Jcs habitafits avaielltmmitré un esprit

excellent et uné vérítable fratcrnité envers l'ar–

méc. A Troyes et dans les envitons, ou

l'~sprit

était moins bon, oú déjales charges de Ja gtrene

s;étaíent

fait

cruellement sentir, ou

il

régna"it

une extreme il'rit.ation conlre le gouverilément,

l'accu eil fait

a

l'armée était moins cordial, et de

fa ch euses rixes entre soldats et paysaos ajou–

taient d'aflligeantcs couleurs au tableau qu'on

avait sous les yeux.

Napoléon, qunique douloureusement affecté,

n'était cepcndant point abattu.

11

déc·ouvraít en–

core bien des r cssources Ja oú pel'sonne n'en ,

SOUpl(Ollnait, cherchait

a

les foire aiJercevt>ir aux

autres, et montrait non pas de la sérénite ou de

Ja gaieté, ce qui cut été une affectation peu séante

en de tellcs circonstances, mais une ténacité, une

résolution indomplables, et désespérantes pom.·

ceux qui auraient voulu le voir plus disposé a se

soumettre aux événements. Point troublé, po"int

déconcerté) point amolli surtout, supportant les

fati gues, les angoisses avec une force bien supé–

rieure

a

sa santé, toujours au feu de sa personne,

l'c:eil assuré, la voix brusquc et vibrante, il por–

taí t le fardeau de ses fautes avec une vigueur qui

les aurait

fait

pardonner, si les grandes qualités

étaicnt une excuse suffisante des maux qu'on ·a

causés au monde.

Toutefois la confiance qu'il manifestait, bien

qu'en partíe simulée, n'était pas sans fondement.

S'il

ne lui r cstait que

MS

mi!le hommes, en

complant ce qn'il ramenait de Briennr, la viei.Jlc

garde de Mol'ticr, et la petite division HameJ.i–

naye,

il

attendait 15 miHe vicux soldarts a1Tivant

en poste 'Cl'Espag11 e, et d"éja r endus

a

Orlca.ns

. Ce

rcnfo1t dcvait

él~vcr

ses forces matériellemcnt a

60 millc horumes ' et moralement

a

beaucoup

plus. Le brave Pajo!, qui, avec douze cents chc–

va ux et

!:i

i1

6 mille gardes nationaux, défendait

les ponts de la Seinc et de l'Yonne qu'il avait

barricadés

2

tels que Nogent-sur-Scine, Bray, :Mon–

lcreau, Sens , Joigny, Auxerre , attendait 4 mille

h ommcs de la réserve de Bordeaux.

A

Patis,

il

devaiL

y

avoir, sous pcu de jollrs, deux divisiuns

de jcunc garde dont l'organisalion allait etre ter–

minée. Il s'y trouvait, en outre, vingt-quatre d·é–

póts de régiments qu'on y avait fait refluer, etdans

Jesquels, on pouvait,eo yversantdes conscrits, for–

mer víngt-quatl'e bataillons de

!JOO

a

600 hornmes

chacun ce qui présenterait, en comptant les dcux

di visions de jeune gardc, 11u atre divisions d'in–

fanteri e de vingt et quelques mille hommes. On