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BRIE iNE ET MONTl\IInAIL. -

JANVIEI\

18-U

575

pr·omettant de Ja

mé1~ager.

Sans doute, elle avait

eu des torts, ou plutót son gouvcrnement en avait

cu; mais, en un jour, on les effa<¡ait, et si on se

rappellc que, deux mois auparavant, les puis-

, sanees lui avaient proposé ses frontiercs natu–

relles, avec de vives instances pour les lui faire

accepler; qu'apres un moment d'hésitation, elle

avait répondu par une acceptalion forrnelle qui,

en droit, liait les auteurs de cette offre, on nous

pardonnera de dire que les conditions cnvoyées

a

Ch:1tillon étaient indécenles. Aussi, bien que

le triomphede Napoléon füt celui d'un despotisme

iusupportable, sa victoire était alors le voou ele

tousles honnctes gens que l'esprit de par-ti n'avait

point égarés. C'était lui assurément qui nous

avait valu toutes ces humiliations, mais un cou–

pable, qui défend le sol, devient le sol lui-pieme

!

Tandis qu'on faisait partir les plénipoten–

tiaires pour Chatillon, M. de Metternich cut le

soin d'envoyer en avant

:M.

de Floret, sous pré–

texte d'y préparer le logemcnt des nombreux

diplomates du congres, mais en réalité pour

donner a M. de Caulaincourt, qui venait dºy arri–

ver, des avis pleins de franchise, et nous dirions

de sagesse, s'ils eussent été pour Napoléon com–

patibles avec sa gloire. M. de Metlernich n'avait

pas encore répondu

a

Ja demande d'armistice

que

1\1.

de Caulaincourt avait été chargé de luí

adrcsser. Il s'cxpliquait cetle fois sur ce sujeten

disant que, s'il n'en avait point parlé, c'est qu'une

telle proposition n'avait aucune chance d'etre

accueillie, qu'il en avait gardé le secrct et le

garderait pour cmpecher qu'on n'en abusat; que

les alliés voulaient la paix ou rien , la voulaient

prompte, et aux conditions qui allaient etre

communiquées; qu'il ne fallait pas se défier des

Anglais, car ils étaient parmi les plus modérés;

que leur témoigoer confiance, et surtout a lord

Aberdeen, serait bien entendu; qu'il fallait sai–

sir comme au vol cette occasion de négocier; que

si on ne la saisissait pas, elle ne se représenterait

plus; que les alliés se livreraient, en cas de refus,

a

des idées de bouleversement auxquellcs l'Au–

triche, en les regrettant, ne pourrait pas résister;

que l'empereur Franc;ois en serait désolé pour

sa filie, mais qn'il n'en serait pas moins fidele

a

ses alliés, auxquels l'unissaicnt les intérets de la

monarchie autrichienne, et de grandes obliga–

tions conlractées pendant la dernicre guerre;

qu'il s'uppliait son gendre d'y bien peoser, et de

se résigner aux sacrifices commandés par les

circonstances; que Jui-meme, empercur d'Au–

triche, avait cu dans ce siecle bien des sacrifices

a

faire, qu'il les avait faits, et qu'il n'en était pa

moins revenu plus tard

a

la position qui coñve–

nait a son empire; qu'il ·fallait done savoir se

soumettrc a la nécessité, pour évitcr de plus

grands et de plus irréparables malheurs.

Il était défendu

a

1\1.

de Floret de prendt·e les

devants relativement aux conditions de la paix,

et de les laisser meme entrevoir. l\fais les con–

seils qu'il était chargé de transmettrc suffisaient

pour indiquer qu'on n'en était plus aux bases de

Francfort.

La question politique étant résolue, restait

a

résoudre la queslion militaire. Le prince de

Schwarzenberg, qui jouait dans les affaires mi–

litaires le role que jouait 1\1. de l\letternich daos

les affaires politiques, se trouvait naturellement

a la tete de ceux qui voulaient s'arreter a Lan·–

gres, soit pour voir ce que produiraient les

négoeiations, soit pour s'épargner les dangers

d'une marche sur París. On allait rencontrcr

Napoléon, qui se serait autant renforcé en se

rapprochant de ses ressources, que les coalisés

se seraient aífaiblis en s'éloignant des leurs; on

devait se préparer

a

lui livrer une bataille déei–

sive, ce qui, avec un général tel que lui, avec

des soldats exaspérés comme les siens, ét.ait

toujours hasardeux, et celte ba taille, si on ne la

gagnait pas, ferait perdre en un jour le fruit de

deux annécs de succes inespérés. A ces considé–

rations s'en joignaicnt d'autres, puisées dans la

difficulté de se procurer des moyens de subsis–

tance. En effet, on était obligé d'appuyer vers

la Marne plus que vers la Scine, a cause des

troupes laissées autour des places, et en avan–

<¡ant on dcvait se trouvcr au milieu de In. sté–

rile Champagnc, oti l'on aurait du vin et pas

de pain, tandis qu'on abandonnerait

a

Napoléon

Ja fcrtile Bourgogne. C'était un motif de plus

pour attendre l'cffct des négociations et l'arrivée

des renforts, avant de s'engager a fond. 11

y

avait bien encore quclques arriere-pensées tout

autrichiennes dont le prince de Schwarzenberg

ne parlait pas, et qui agissaient ccrtainement

sur lui ;

il

se disait que l'entréc

a

Paris, tant dé–

sirée par Alexandre, serait saos doulc pour ce

prince un triomphe, mais n'en pouvait pas etre

un pour le beau-pere de Napoléon; que d'ail–

leurs rompre davantage l'équilibre de l'Europe

en poussant jusqu'a leur dernier terme les succes

de Ja coalition, c'était le rompre au profit de la

Russie et nullement au profit de l'Autriche.

Ces raisons, dont quelques-unes ont été de–

¡mis condamnées par le résultat, n'en étaient pas