BRIENNE ET l\'IONTl\flRAJL. -
JUVIER
1814.
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·combat. Mais le champ .de bataille étant
a
nous,
les blessés n'étaient pas de notre coté des hommes
perdus. L'effet moral importait plus encore que
le résullat matériel. Nos soldats, démoralisés
lorsque Napoléon les avait rcjoints a Chalons,
commen<¡aient
a
recouvrer leur courage en le
voyant, en se retrouvant au feu avec lui, et en
reprenant, sous sa forte impulsion, l'habitude de
vaincre.
Bien que Napoléon n'eut pas obtcnu tous les
avantagcs qu'il avait espérés d'une irruption
soudaine au milieu des corps dispersés de la
coalition, toutefois
il
lui avait fait sentir sa pré–
sence,
il
lui avait appris que ce n'était pas sans
coup férir qu'elle arriverait a Paris, comme elle
s'en était flattée d'apres la facilité de ses premiers
mouvements, et
iJ
s'était posé entre clic et la
capitale de maniere
a
luí en barrer le chemin. La
position de Brienne était, dans cctte vue, parfai–
tement choisic.
La riviere d'el'Aube, sur laquclle Napoléon ve–
nait de s'arretcr par suite de l'occupation de
Briennc, divise en deux, comme nous l'avons
dit, l'espace qui s'étend de la Marne
a
la Seinc.
(Voir la car.tenº 62.) Placé sur l'Aubfl, Napoléon
était presque
a
égale distance de la 1\farne et de
la Seine, pouvant en deux petites marches se
porter ou sur l'une ou
~ur
l'autre, afin d'arrcter
l'enncmi qui voudrait s'avancer sur Paris par la
route de Chalons ou par eelle de Troyes. Ayant
a Brienne le gros de ses forces, ayant de plus un
rassemblement
a
Chalons et un
a
Troycs, maitrc
de renforcer alternativement l'un ou l'autre, et
résigné, daos tous les eas,
a
se battre contre des
forces infiniment supérieures,
il
était ccrtain
d'arrive1· toujours
a
temps sur celle des deux
routes qui serait la plus menacée. Que l'ennemi
voulllt sortir de cct angle pour
po~ter
le théatre
de la guerre au
del~
de la Marne, ou au dela de
la Seinc, c'était peu probable. Blueher, en efl'et,
était obligé de resler lié avcc les troupes qui
opéraient vers la Belgiquc, commc Schwarzen–
bcrg avec eelles qui opéraient vcrs la Suisse, de
maniere qu'ils avaicnt chaeun un líen, Blucher
vers le nord, Sehwarzenberg vers l'cst. Devant
en outre, sous peine des plus grands périls, ne
pas trop s'éloigner l'un de l'autre, ils étaient
inévitablement eontraints de suivre, Blucher la
Marne, Schwarzcnberg la Seine,
a
moins qu'ils
ne se réunissent pour marcher en une seule co–
lonne sur Paris.
C'est d'apres cct état de choses, profondémcnt
étudié, que Napoléon arreta ses dispositions.
En ce moment les deux colonnes cnnemies sem–
blaient n'en faire qu'une, qui avait Troyes et les
bords de la Seinc pour direction naturelle. Na–
poléon s'occupa done de former vers Troycs son
principal rassemblement. Par ce motif, il ren–
voya le maréchal Mortier avec la vieille garde
d'Arcis sur Troyes. ll pla<;a le général Gérard
avec la division Dufour, la premiere de réserve,
a
Piney, moitié chemin de Brienne
a
Troyes. On
<loit se souvenir qu'a Troyes meme la sccondc
division de réserve avait commencé
a
se former
sous le général Hamelinaye, et qu'elle n'etait
forte encore que de 4 mille hommes. Napoléon
ordonna de la complétcr le plus tot possible
a
8 milie, et de la renforcei· en attendan t de toutcs
les gardes nationales de la Bourgognc. Avec Ha–
meli naye et Gérard, qui comptaient
12
mille
hommes, avec Ja vieille garde, qui en comprenait
115
mille, le maréchal 1\fortier pouvait disposer
de 27 millc hommes. Napoléon espérait lui ad–
joindrc sous peu de jours les
1
o
mille hommcs
venant en poste d'Espagnc, ce qui devait former
une masse d'environ 40 mille hommes, dont 50
des meilleurcs troupes qui fussent au monde. En
se réunissant
a
l\fortier avcc les 21'> millc qu'il
avuit sous la main, et
il
le pouvait en une bonne
marche, il aurait 65 mille hommes a opposcr
a
la grande armée de Schwarzenbcrg, ce qui, dans
sa situation, était une force considérable, et,
a
la maniere <lont il se battait, presque suffisante
pour disputer le terrain. Il donna en meme
temps de nouveaux soins
a
la défense de la Scine
et de l'Yonne, et réitéra l'ordre d'cnvoyer
a
Pajol, outrc la petite réserve de Bordeaux qui
arrivai t par Orléans, toute la eavalerie disponible
a Vcrsailles. Pajol devait avec ces moycns garder
1\fontercau, Scns, Joigny, Auxerre, et pousser
ses parties de cavalerie par le canal de Loing jus–
qu'a la Loire, de fa<;on
a
surveiller toute tenta–
tive de Schwarzenberg en <lehors du ccrcle pré–
sumable de ses opérations.
Vers le coté opposé, c'est-a-dirc vers la i\Jarnc,
Napoléon renouvela l'ordre au maréchal :Macdo–
nald de se porter
a
Chalons avec tout ce qu'il
ramenait des provinces rhénanes, au duc de
Valmy de rassembler
a
la Fcrté-sous-Jouarre,
a
1\ieaux, a Cbateau-Tbierry, les gardes
naL~onales
qu'on aurait eu le temps de réunir, de barrica–
der les ponts de ces diverscs villes; et d'y amas–
ser les denrées alimentaires du pays. En cet
cndroi t les forces étaient moindres; mais Bluchcr
seul pouvait s'y montrer s'il se séparait de
Schwarzenberg, et dans ce cas Napoléon, ayant
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