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BRIENNE ET l\'IONTl\flRAJL. -

JUVIER

1814.

571

·combat. Mais le champ .de bataille étant

a

nous,

les blessés n'étaient pas de notre coté des hommes

perdus. L'effet moral importait plus encore que

le résullat matériel. Nos soldats, démoralisés

lorsque Napoléon les avait rcjoints a Chalons,

commen<¡aient

a

recouvrer leur courage en le

voyant, en se retrouvant au feu avec lui, et en

reprenant, sous sa forte impulsion, l'habitude de

vaincre.

Bien que Napoléon n'eut pas obtcnu tous les

avantagcs qu'il avait espérés d'une irruption

soudaine au milieu des corps dispersés de la

coalition, toutefois

il

lui avait fait sentir sa pré–

sence,

il

lui avait appris que ce n'était pas sans

coup férir qu'elle arriverait a Paris, comme elle

s'en était flattée d'apres la facilité de ses premiers

mouvements, et

iJ

s'était posé entre clic et la

capitale de maniere

a

luí en barrer le chemin. La

position de Brienne était, dans cctte vue, parfai–

tement choisic.

La riviere d'el'Aube, sur laquclle Napoléon ve–

nait de s'arretcr par suite de l'occupation de

Briennc, divise en deux, comme nous l'avons

dit, l'espace qui s'étend de la Marne

a

la Seinc.

(Voir la car.tenº 62.) Placé sur l'Aubfl, Napoléon

était presque

a

égale distance de la 1\farne et de

la Seine, pouvant en deux petites marches se

porter ou sur l'une ou

~ur

l'autre, afin d'arrcter

l'enncmi qui voudrait s'avancer sur Paris par la

route de Chalons ou par eelle de Troyes. Ayant

a Brienne le gros de ses forces, ayant de plus un

rassemblement

a

Chalons et un

a

Troycs, maitrc

de renforcer alternativement l'un ou l'autre, et

résigné, daos tous les eas,

a

se battre contre des

forces infiniment supérieures,

il

était ccrtain

d'arrive1· toujours

a

temps sur celle des deux

routes qui serait la plus menacée. Que l'ennemi

voulllt sortir de cct angle pour

po~ter

le théatre

de la guerre au

del~

de la Marne, ou au dela de

la Seinc, c'était peu probable. Blueher, en efl'et,

était obligé de resler lié avcc les troupes qui

opéraient vers la Belgiquc, commc Schwarzen–

bcrg avec eelles qui opéraient vcrs la Suisse, de

maniere qu'ils avaicnt chaeun un líen, Blucher

vers le nord, Sehwarzenberg vers l'cst. Devant

en outre, sous peine des plus grands périls, ne

pas trop s'éloigner l'un de l'autre, ils étaient

inévitablement eontraints de suivre, Blucher la

Marne, Schwarzcnberg la Seine,

a

moins qu'ils

ne se réunissent pour marcher en une seule co–

lonne sur Paris.

C'est d'apres cct état de choses, profondémcnt

étudié, que Napoléon arreta ses dispositions.

En ce moment les deux colonnes cnnemies sem–

blaient n'en faire qu'une, qui avait Troyes et les

bords de la Seinc pour direction naturelle. Na–

poléon s'occupa done de former vers Troycs son

principal rassemblement. Par ce motif, il ren–

voya le maréchal Mortier avec la vieille garde

d'Arcis sur Troyes. ll pla<;a le général Gérard

avec la division Dufour, la premiere de réserve,

a

Piney, moitié chemin de Brienne

a

Troyes. On

<loit se souvenir qu'a Troyes meme la sccondc

division de réserve avait commencé

a

se former

sous le général Hamelinaye, et qu'elle n'etait

forte encore que de 4 mille hommes. Napoléon

ordonna de la complétcr le plus tot possible

a

8 milie, et de la renforcei· en attendan t de toutcs

les gardes nationales de la Bourgognc. Avec Ha–

meli naye et Gérard, qui comptaient

12

mille

hommes, avec Ja vieille garde, qui en comprenait

115

mille, le maréchal 1\fortier pouvait disposer

de 27 millc hommes. Napoléon espérait lui ad–

joindrc sous peu de jours les

1

o

mille hommcs

venant en poste d'Espagnc, ce qui devait former

une masse d'environ 40 mille hommes, dont 50

des meilleurcs troupes qui fussent au monde. En

se réunissant

a

l\fortier avcc les 21'> millc qu'il

avuit sous la main, et

il

le pouvait en une bonne

marche, il aurait 65 mille hommes a opposcr

a

la grande armée de Schwarzenbcrg, ce qui, dans

sa situation, était une force considérable, et,

a

la maniere <lont il se battait, presque suffisante

pour disputer le terrain. Il donna en meme

temps de nouveaux soins

a

la défense de la Scine

et de l'Yonne, et réitéra l'ordre d'cnvoyer

a

Pajol, outrc la petite réserve de Bordeaux qui

arrivai t par Orléans, toute la eavalerie disponible

a Vcrsailles. Pajol devait avec ces moycns garder

1\fontercau, Scns, Joigny, Auxerre, et pousser

ses parties de cavalerie par le canal de Loing jus–

qu'a la Loire, de fa<;on

a

surveiller toute tenta–

tive de Schwarzenberg en <lehors du ccrcle pré–

sumable de ses opérations.

Vers le coté opposé, c'est-a-dirc vers la i\Jarnc,

Napoléon renouvela l'ordre au maréchal :Macdo–

nald de se porter

a

Chalons avec tout ce qu'il

ramenait des provinces rhénanes, au duc de

Valmy de rassembler

a

la Fcrté-sous-Jouarre,

a

1\ieaux, a Cbateau-Tbierry, les gardes

naL~onales

qu'on aurait eu le temps de réunir, de barrica–

der les ponts de ces diverscs villes; et d'y amas–

ser les denrées alimentaires du pays. En cet

cndroi t les forces étaient moindres; mais Bluchcr

seul pouvait s'y montrer s'il se séparait de

Schwarzenberg, et dans ce cas Napoléon, ayant