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BRIENNE ET l\WNTMIRAIL. -

JANYTER

1814.

569

possédait, que Bluchcr,

a

la tete d'environ

50 mille hommes, avait passé devant ]ui , pour

aller probablement se rét:mir

a

la colonne qui

poursuivait Mortier sur l'Aube .

JI

n'hésita pas

un instant, et résolut de s'attacher

a

ses pas, et

de Ie suivre saos relachc j-usqu'a ce qu'il J'eut r e–

joint et battu. Placé sur ses commu nications,

interceptant les secours qui pouvaient Jui arriver

des corps laissés en arriere, ayant de plus Ja

possibilité de l'attcindre avanl sa réunion a

Schwarzenherg, il avait toute chance de le trou–

ver en rnauvaise positiou et d'en tirer grand partí.

Napoléon aurait pu, en remontant Ja Marne

jusqu'a Joinville, gagner une bonne chausséequi,

par Doulevent etSoulaincs, aboutissait sur l'Aube

vers Brienne; mais e'était perdre une journée.

(Voir la carte nº 62.) Il aima mieox sejeter tout

de suite sur sa droite par un chemin de traverse

qui aboutissait directement sur l'Aubc

:J.

la hau–

teur de Bricnne. C'était un pays de Lois et de val–

lons qu'il était possible de franchir en deux mar–

ches.

JI

recommanda au maréchal Morticr et au

général Gérard de rcstcr sur I'Aube, et de s'y

maintenir pendant qu'il s'occupait de les rejoin–

dre. Par la chaussée de Joinville

a

Doulevent, qu'il

ne voulait pas prendrc lui-meme,

iI

dirigea ce qui

était arrivé du corps de Marmont, avec la division

Duhesmc du corps de Victor, et il y ajouta les

dragons de Briche pour battre le pays, et intcr–

ceptcr la route de Nancy par laquellc pouvaient

survenir les troupes de Blucher demeurées en

arriere. Avec Víctor, Ney, toute la cav::ilerie, cn–

viron

17

ou

18

mille hommes, il march a sur

Brienne par Je chemin de lr·averse d'Éclaron

a

1\fontiercnder. Les jours précéden Ls

il

avait gelé;

Je 28, jour de cette premiere marclie, il pleuvait.

On cut une extreme difficulté

a

franchir ces chc–

mins, qui ne servaient qu'a l'exploitation des

bois. Heurcuscmcnt l'artilleric était bien atlelée;

d'aillem1s, avec le secours des gens du pays, qui

pretaient volonticrs leurs bras et leurs chcvaux,

on arriva, quoique fort tard,

u

Montiercnder. En

traversant Éclaron, on trouva les habitants dé–

solés des ravages que l'ennemi avait déja exer–

cés chez eux. Apres les résolutions modérécs

qu'ils avaient affichées en entrant en France,

les coalisés étaient revenus aux mreurs de la

guerre, que la barbarie chez les Russes, une

haine aveugle chez les Pt'ussiens, rendaient cn–

core plus cruelles que de coutume. lis pillaient

et ravageaient par goút quand ce n'était pas par

bcsoin. Les paysans consternés avaient adressé

leurs plaintes

a

Napoléon, qui leur aecorda quel·

CONSUL.-\.T.

5.

ques secours sur son trésor.

11

leur promit en

outre de fairc reconstruire leur église, qui avait

été détruite.

Le lcndcma in 29, on partit de Monlierender

pour Bricnne. On cut, commela vcillc, beaucoup

de peine a s'avanccr sur les chernins défoncés par

les pluies. Eofin, vers tPois ou quatre heures de

l'apres-midi, Grouchy, qui commandait la cava–

leric de l'arméc, et LcCebvre-Dcsnouettes celle de

la garde, en débouchant du bois d'Ajou, décou–

vrirent dans une plainc

léger~ment

ondulée la

cavalerie du comle Pahlcn , appuyée par quel–

ques bataillons Jégers de Scherbatow. Un peu

plus loin, on apcrcevait la petite ville de Bricnne,

avec son chateau batí sur une éminence et en–

touré de bois. L'Aube coulait au dela. Des

troupes nombreuses se montrai.ent le long de

l'Aube, et elles paraissaient rebrousser chcmin.

Voici ce que signifiaient ces divers mouvcments.

Rlucher, parvenu a Bar-sur-Aube, petite ville

située sur la rivicre de l'Aubc fort au-dessus de

Brienne, s'était imaginé que Mortier cherchait

a

passer cette riviere pour se réunir

a

Napoléon

vers la 1"Iarne, et

il

avait résolu de l'en empe–

chcr. En conséq.uence , il s'était porté sur

Brienne, Lesmont et Arcis, dans l'intention de

couper les ponts de l'Aubc. (Voir la carte nº

62.)

1\iais informé de l'apparition de Napoléon, il s'é–

tait halé de revenir sur ses pas, et en ce momcnt

il traversait,

a

la tele du corps de Sackcn , Ja'

ville de Brienne, pour remonter vers Bar-sur–

Aube. Afin de couvrir ce mouvemcnt, le comte

Pahlen, avcc sa cavalcrie et quelques halaillons

légers du prince Scherbatow, ohservait la plainc

et la lisiere des bois par lesqucls devait débou–

cher l'armée fran<;aise. Le général Olsouvicif

gardait les approches de Briennc, que travcrsait,

en rétrogradant sur Bar, le grand pare d'artillerie

des Prussicns.

Des qu'il rcconnut les cscadrons du comte

Pahl cn, Lefebvre-Desnouettes s'élan<;a sur cux

avcc sa cavalerie légere, et les for<;a de se replier

sur les balaillons de Scherbatow formés en earré.

L;'l cavalerie russe vint en effet s'abriter derriere

ces baLaillons, et se placer

a

droitede la ligne enne–

mie, en face de notre gauche. PendanL ce temps,

Olsouvieff s'était déployé en avan t de la ville, et

le corps de Sacken, arreté da ns sa

m~rche

rétro–

grade, était venu prendre position

~.

coté d'Ol–

souvieff, afin de protéger Brienne, qu'il importait

de bien occuper pour que le pare d'artillerie

prussien put défiler en s(1 rcté.

L'infiinteric fran<;aise éLant encore engagée

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