BRIENNE ET l\WNTMIRAIL. -
JANYTER
1814.
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possédait, que Bluchcr,
a
la tete d'environ
50 mille hommes, avait passé devant ]ui , pour
aller probablement se rét:mir
a
la colonne qui
poursuivait Mortier sur l'Aube .
JI
n'hésita pas
un instant, et résolut de s'attacher
a
ses pas, et
de Ie suivre saos relachc j-usqu'a ce qu'il J'eut r e–
joint et battu. Placé sur ses commu nications,
interceptant les secours qui pouvaient Jui arriver
des corps laissés en arriere, ayant de plus Ja
possibilité de l'attcindre avanl sa réunion a
Schwarzenherg, il avait toute chance de le trou–
ver en rnauvaise positiou et d'en tirer grand partí.
Napoléon aurait pu, en remontant Ja Marne
jusqu'a Joinville, gagner une bonne chausséequi,
par Doulevent etSoulaincs, aboutissait sur l'Aube
vers Brienne; mais e'était perdre une journée.
(Voir la carte nº 62.) Il aima mieox sejeter tout
de suite sur sa droite par un chemin de traverse
qui aboutissait directement sur l'Aubc
:J.
la hau–
teur de Bricnne. C'était un pays de Lois et de val–
lons qu'il était possible de franchir en deux mar–
ches.
JI
recommanda au maréchal Morticr et au
général Gérard de rcstcr sur I'Aube, et de s'y
maintenir pendant qu'il s'occupait de les rejoin–
dre. Par la chaussée de Joinville
a
Doulevent, qu'il
ne voulait pas prendrc lui-meme,
iI
dirigea ce qui
était arrivé du corps de Marmont, avec la division
Duhesmc du corps de Victor, et il y ajouta les
dragons de Briche pour battre le pays, et intcr–
ceptcr la route de Nancy par laquellc pouvaient
survenir les troupes de Blucher demeurées en
arriere. Avec Víctor, Ney, toute la cav::ilerie, cn–
viron
17
ou
18
mille hommes, il march a sur
Brienne par Je chemin de lr·averse d'Éclaron
a
1\fontiercnder. Les jours précéden Ls
il
avait gelé;
Je 28, jour de cette premiere marclie, il pleuvait.
On cut une extreme difficulté
a
franchir ces chc–
mins, qui ne servaient qu'a l'exploitation des
bois. Heurcuscmcnt l'artilleric était bien atlelée;
d'aillem1s, avec le secours des gens du pays, qui
pretaient volonticrs leurs bras et leurs chcvaux,
on arriva, quoique fort tard,
u
Montiercnder. En
traversant Éclaron, on trouva les habitants dé–
solés des ravages que l'ennemi avait déja exer–
cés chez eux. Apres les résolutions modérécs
qu'ils avaient affichées en entrant en France,
les coalisés étaient revenus aux mreurs de la
guerre, que la barbarie chez les Russes, une
haine aveugle chez les Pt'ussiens, rendaient cn–
core plus cruelles que de coutume. lis pillaient
et ravageaient par goút quand ce n'était pas par
bcsoin. Les paysans consternés avaient adressé
leurs plaintes
a
Napoléon, qui leur aecorda quel·
CONSUL.-\.T.
5.
ques secours sur son trésor.
11
leur promit en
outre de fairc reconstruire leur église, qui avait
été détruite.
Le lcndcma in 29, on partit de Monlierender
pour Bricnne. On cut, commela vcillc, beaucoup
de peine a s'avanccr sur les chernins défoncés par
les pluies. Eofin, vers tPois ou quatre heures de
l'apres-midi, Grouchy, qui commandait la cava–
leric de l'arméc, et LcCebvre-Dcsnouettes celle de
la garde, en débouchant du bois d'Ajou, décou–
vrirent dans une plainc
léger~ment
ondulée la
cavalerie du comle Pahlcn , appuyée par quel–
ques bataillons Jégers de Scherbatow. Un peu
plus loin, on apcrcevait la petite ville de Bricnne,
avec son chateau batí sur une éminence et en–
touré de bois. L'Aube coulait au dela. Des
troupes nombreuses se montrai.ent le long de
l'Aube, et elles paraissaient rebrousser chcmin.
Voici ce que signifiaient ces divers mouvcments.
Rlucher, parvenu a Bar-sur-Aube, petite ville
située sur la rivicre de l'Aubc fort au-dessus de
Brienne, s'était imaginé que Mortier cherchait
a
passer cette riviere pour se réunir
a
Napoléon
vers la 1"Iarne, et
il
avait résolu de l'en empe–
chcr. En conséq.uence , il s'était porté sur
Brienne, Lesmont et Arcis, dans l'intention de
couper les ponts de l'Aubc. (Voir la carte nº
62.)
1\iais informé de l'apparition de Napoléon, il s'é–
tait halé de revenir sur ses pas, et en ce momcnt
il traversait,
a
la tele du corps de Sackcn , Ja'
ville de Brienne, pour remonter vers Bar-sur–
Aube. Afin de couvrir ce mouvemcnt, le comte
Pahlen, avcc sa cavalcrie et quelques halaillons
légers du prince Scherbatow, ohservait la plainc
et la lisiere des bois par lesqucls devait débou–
cher l'armée fran<;aise. Le général Olsouvicif
gardait les approches de Briennc, que travcrsait,
en rétrogradant sur Bar, le grand pare d'artillerie
des Prussicns.
Des qu'il rcconnut les cscadrons du comte
Pahl cn, Lefebvre-Desnouettes s'élan<;a sur cux
avcc sa cavalerie légere, et les for<;a de se replier
sur les balaillons de Scherbatow formés en earré.
L;'l cavalerie russe vint en effet s'abriter derriere
ces baLaillons, et se placer
a
droitede la ligne enne–
mie, en face de notre gauche. PendanL ce temps,
Olsouvieff s'était déployé en avan t de la ville, et
le corps de Sacken, arreté da ns sa
m~rche
rétro–
grade, était venu prendre position
~.
coté d'Ol–
souvieff, afin de protéger Brienne, qu'il importait
de bien occuper pour que le pare d'artillerie
prussien put défiler en s(1 rcté.
L'infiinteric fran<;aise éLant encore engagée
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