Table of Contents Table of Contents
Previous Page  382 / 616 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 382 / 616 Next Page
Page Background

572

LIVRE CINQUANTE-DEUXIEl\fE.

les ycux

sm~

Jui comme un clrnsseur sur sa proie,

étílit pret a Je suivre pour Je prendre en qucue

ou en flanc. En meme temps,

il

réitéra ses in–

stances pour qu'on organisat

a

París de nouveaux

bataillons,

a

VersaiJles de nouveaux escadrons,

afin d'ajouter promplement

1B

mille hommes

aux 2?> mille qu'il avait directement sous

la

maio. S'il en arrivait la, il était

a

peu pres en

mesure de tenir tele

a

tous ses eonemis; car, se

joignant

a

Mort.ier vers Troyes avec

~.o

milJc

hommes,

il

le portait

a

80

millc, se joignant vers

Chálons

a

Macdonald, il le portait

a

?> 5 milJc, et

c'était presque assez, soit contre Schwarzenberg,

soit contre Bluchcr. Napoléon s'appliqua aussi

a

tracer Ja route militaire de J'armée, depuis Pa–

rís jusqu'aux bords del'Aubc, et il décida qu'elle

pa.ssernit par Ja Ferté-sous-Jouarre, Sézanne,

Arcis et Briennc (voir la carte nº 62) , direction

Ja plus central e, et sur laquelle il

fit

r assembler

des ressources de toute cspece. Prévoyaot qu'il

aurait bien des fois

a

manrouvrer de J'Aubc

a

Ja

Marne,

il

prcscrivit d'entourer Sézanne de palis–

sades, et d'y former un vaste magasin de den–

rées et de munitions de guerre. A Brienne meme

ou il était campé,

il

assit sa position de la maniere

Ja mieux adaptéc au terrain.

JI

établit

a

Dien–

ville sur l'Aubc sa droile, qui devait se composer

de la divi ion Ricard, détachée de Marmont, et

de Gérard, qui, en cas d'attaque, avait ordre d'ac–

courir de Piney

a

Dienville. (Voir Ja carte nº 62,

et Je plan détaillé des cnvirons de Drienne, carle

nº 65.) Il étahlit son cenbre, consistant dans les

troupes de Victor, au viUage de la Rothiere, au

milieu d'une plaine que traversait la grande

route, avec la garde en réserve ; il pla<;a enfin sa

gauche, composée du corps de Marmont,

a

Mor–

villiers, le long d'un coteau assez élevé en avant

du bois d'Ajou. 11 enjoignit

a

chaque chef de

corps,

a

Marmont notamment, de s'entourer

d'ouvrages de campagne, pour compenser notre

infériorité numérique dans le cas tres-probable

d'une attaque prochaine. Ainsi campé surl'Aube,

presque a égale distance des deux roules que Ja

1

Des hisloriens, des auteurs de mémoires, n'ayant pas Ju

In corrcspondance de Napoléon , ne sachant pas ce qu'il fai–

sait, le déclarent presc¡ue fou, pou1· s'étre arreté a Brienne

apres le combat du 29, et avoir voulu y livrer une sccondc

batailleavec <les forces si disproportionnées. On voit s'il était

fou , pa1· l'exposé que Dous venons de fairc, et s'il est sa¡;e de

ju¡;e1· un lel homrne, lorsqu'on ne connait pas ses intentions,

d'apres des <locumcnls authcntiques. Le ma1·éehal Ma1·rnont,

dans ses Mémoires, se récrie cont11e l'ordrc que Napoléon luí

donna de se retranche1· a Morvillicrs. Le général Koch, ex–

cellcnt écrivain militaire et bien autrement séricnx dans ses

j ugements que le maréchal Marmont dans les siens, dcmanLIC

coalition devait etre tentée de suivre,

il

attcn–

dait deux ol1oses: premierement que ses moyens

achevassent de s'organ•ser, sccondement que

l'ennemi commit quelque grosse faute. Cette

dcrniere chance, il élait Join d'en désespérer,

connaissant bien ses adv{Jrsaires, et

il

regardait

la situation comme fort améliorée depuis le

com~

bat de Brienne. 11 l'écrivait ainsi

a

sa femme,

a

Joseph,

a

l'archichancelier Cambacéres, aux ducs

de Feltre et de Rovigo, pour qu'a París on Je dit

a

tout le monde, pour qu'on se rassurat, et qu'on

s'occupat avec plus de zcle des diverses créations

qu'il avait 011données

1 •

Pendant ce temps, de graves questions s'agi–

taient au camp des coalisés, questions

a

la fois

poliliques et militaires. La question politique

consistait

a

savoir si on traiterait avec Napoléon,

la question militaire si on s'arreterait

a

Langres,

ou si on entrcprendrait tout de suitela troisieme

période de la guerre, avant de s'elre assuré par

quelques pourparlers que la paix était impossi–

ble. NatureJJement le parti des esprits ardents,

a Ja tete duque] étaient les Prussiens et Alexan–

dre, par les motifs que nous avons rapp0rtés, ne

voulait ni traiter ni s'arreter. Le parti modéré,

a

Ja tete duquel étaient les Autrichiens et quel–

ques hommes sages des diverses nations coali–

sées, voulait le contraire. C'était

a

lord Castle–

reagh, arrivé cnfin au quartier général, qu'il

appartenait de prononcer.

Chacun pour l'attirer lui avait concédé d'avance

l'objet principal de ses vreux , c'est-a-dire la

création du royaume des Pays-Bas, ce qui pro–

curail

a

l'Angleterre l'avantage d'óter Anvers

a

la France, de placer les cmbouchures des flcuves

sous une main capable de les défendre, et enfin

de pouvoir demander

a

la Hollande, en retour de

si bcaux dons, Je cap de Bonne-Espérance, qui

cst le Gibraltar de la mer des ludes, comme l'llc

de France en est l'ile de l\falte. Lord Castlcreagh

avai t

a

faire

a

ses arnés une autre confidencedont

il

éprouvait quelque embarras a parler' c'était

u n pr ojet de mariage entre la pPincesse Char-

commenl on pouvuil \'OuloÍl', avec 50 mi lle hommcs, livrer une

sccondc butuille a to.utes les armées <le la coalition. On voit,

d'uprcs ce qui préccdc, quclles élnicnt les véritables inten–

tions de apoléon . L'ennerni pouvant opél'er par Troyes ou

par Ch<\lons, il devait se tenir entre deux, de maniere á cou–

l'ir su1· celle des dcux routes qui scrait monacée, ne cherchan.t

pas une bataillc générale, comrne

011

l'cn ac<!use, rna,is tllchunt

de pourvoir á toutes les éventualités uvcc ce qu'il avait,

c'cst-á-dire avec p1·esquc ríen.

11

n'y a done qu'a admirer

a

la

fois son génio el son caraetere <lans ccllc situ.ation éll•ange,

et prcsque sans égalc dans l'histoirc.