Table of Contents Table of Contents
Previous Page  387 / 616 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 387 / 616 Next Page
Page Background

BRIENNE ET MONTI\llRAIL. -

FÉVRTER

i8t4.

577

lagc de Morvilliers , qu'il le franchit , enlevat

l\'lorvillicrs, et traversát cnsuitc une plaine dé–

couvertc et ereuse, bordée par le bois d'Ajou.

Derriere les

70

mille hommes qui allAicnt s'en–

gager de la sorte, les gardes russe et prussiennc

devaient marcher en réserve, ce qui porterait

a

100

mille hommes le nombre des combattan ls.

Eiifin, aux deux extrémités de cetle lignc de

bataille, Colloredo, qui était

a

la gauche de

l'Aubc, Witr.gcnstcin et d'YMk, qui traversa ient

la foret de Soulaines, devaient, en exécutant un

double mouvement circulairc, énvelopper Napo–

léon avcc

70

mille hommes répartis sur les deux

ailes. Quelle probabilité qu'il s'en tirat, eUt-il

50, 40, et meme 50 mille combattants?

Telle élait l'opinion que les coalisés se faisaient

de la situation de l'ar:mée fr:rnc¡aisc. Cette situa–

tion était au moins aussi filcheuse qu'ils la sup–

posaient. Ce n'était pas

BO

mille combattants, ce

n'était meme pas

4.0

mille que Napoléon pouvait

opposcr aux

170

mille hommes de la coalition,

mais 52 mille au plus.

11

avait, il est vrai, une

po.sition bien choisie, son génie, et le dévoue–

ment de ses soldats

!

On va voir comment il usn

de ces ressources.

Des le matin,

il

avait remarqué un grand rnou–

vemcnt parmi les troupes de Bluchcr, et sachan!.

que le prince de Colloredo s'était montré de

l'autrc colé de l'Aube, vcrs Vandreuvres, il incli–

nait

a

quitter les bords de cclle riviere, et

il

se

replicr sur Troyes, pour s'y réunir

a

l\lortier et

te!IÍl' tele

a

la masse des coalisés qui scrnblait

prcndrc celle route, lorsq ue au milicu du jour il

apprit par quelques lransfugcs et par les disposi–

tions manifesles de l'ennemi, qu'il allait ctre

attaqué de front a Ja H.othiere. Des ce mornent,

il n'ét.ait ni de son caraclcre ni d'un bon calcul

de se retirer. Il résolut de faire tete

a

l'orage, de

reccvofr chaudement l'attaque qui s'annorn;áit,

sa uf

ú

se rctirer ensuitc des qu'il aurnH assez

résisté pour ne paraitrc 11i découragé ni vaincu.

Napoléon, comrnc nous l'avons <lit, avait su

droite appuyée sur l'Aube,

a

Dienville, ou se

lrouvaient, sous le général Gérnrd, la division

Dufour (prcmiere de réserve) et la division

H.icard détachée du corps de Mannont.

11

avait

son centre, formé des troupes <lu maréchal Víc–

tor,

a

Ja H.olhiere, coupant la grande route et

s'étendant jusqu'a la Giberie; il avait sa gauchc

en avant du bois d'Ajou, prolégée pa:r le ruis–

seau et le villagc de i\lorvilliers. Cctte gauche,

composée du corps de :Marmont, qui était réduit

en ce moment

a

Ja division de la Grangc, n'était

pas de plus de 4 rnille hommes. Elle possédait,

il est \'rai , beam:oup de canons que le maréclrnl

l\farrnont avait adroitement disposés, et de ma–

niere

a

contenir les Bavarois qua11d ils atlaque–

r aient le ruisseau et le villagc de Morvilliers.

Enfin, avec deux divisions de jeune garde, tO'lítC

la cavalerie et une nombreuse arlillerie, Napo–

léon se tenait en réserve derriere Ja Rolhiere, et

u1) peu sur la gauche, de maniere

a

secourir ou

l\Iarmont ou Victor. Il est certain,· d'apres les

appels faits le matin, qu'il ne comptait pas plus

de 52 mille hommes.

Le feu ne cornmen¡;a pas avant deux heures de

l'apres-midi. Bluchcr, apres avoir franchi avec

peine l'espace qui le séporait de nos positions,

s'avan¡;a sur la Rothiere

~n

deux fortes colonnes,

l'unc composéc des troupes de Sacken, l'autre

de celle d'Olsouviefi' et de Scherbatow. Une vive

canonnade s'engagea de part et d'autre; mais,

comme nous avions beaucoup d'artillerie, ce ne

fut pasa l'avantage des Russes, que Blucher c·o1n–

manda.it

dans celte journée. Bientót celui-ci vou–

lut agir plus séri'eusement, et il poussa ses masscs

d'infanterie sur les premieres maisons de la Ro–

thiere. C'était la division Duhesme, du corps du

maréchal Víctor, qui occupait ce villagc. Nns

jenncs soldals, bien embusqués ·aans les maisons

et les jardins ' avec des barricades

a

toutes

les issucs, répondirent par un feu des plus

violents aux tentatives des soldats de Blucher, et

parvinrent ainsi

a

les arreter. Le maréchal Víc–

tor, abaltu en sórtant de Slrasbourg, avait rc–

trómré toute l'éncrgie de la jeunesse dans cette

grave ci1·constancc, et

il

était au plus fort du

dangcr, donnant l'exemple

a

ses soldals qui le

suivaient noblement .

Tandis qu'au centre Blucher Juttait coRtre cet

obstaclc, le général Giulay, ayant défilé derriei"c

!ui pour se porter s·ur rn·cnville, y

rencont.ra

notrc aile d!'Oilc clablie en avant de ce bourg, et

sur les Lords de l'Aube. Le général Gérard avait

disposé une partie de ses troupes <lans l'intérieur

du bourg, l'autrc dans la plaine, en liai:;on avec

Ja Rothicre, et so us la protcclion d'un grand

nombre de bouches

a

fcu. Le général Giulay,

<l'abord accueilli commc Blucher par une forte

cCJnon nade, ne fut pas plus heureux, et voul'ut

en vain aborder le Lourg lui-mfünc. I1 perdit

beaucoup de monde, sans

y

pénétrcr. Afin de se

donner plus de chance de succes, en attnquant

Dienvilie par les deux cótés de l'Aube,

il

porta

la brigade Fresucl sur la rive gauche de cettc

riviere, pai· le pont d'Unienville situé un 'peu en